En déplacement au Salon de l’élevage à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme), Michel Barnier a annoncé une aide de 75 millions d’euros pour les éleveurs de brebis victimes de la fièvre catarrhale ovine et des prêts garantis par l’Etat pour les exploitations en difficulté. Des mesures bienvenues pour les agriculteurs qui ne calment pas pour autant leur colère.
Ce qu’a dit le PDG de Lubrizol devant la commission d’enquête du Sénat
Par Public Sénat
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Votée à l’unanimité en séance publique le 10 octobre dernier, la commission d’enquête du Sénat sur l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen démarre ses travaux cette semaine, avec l’audition, ce mardi à 15h30, d’Éric Schnur, PDG du groupe. À suivre sur les antennes de Public Sénat
Quelques 5.253 tonnes de produits chimiques ont brûlé dans l'usine Lubrizol, ainsi que 4.250 tonnes de produits dans des entrepôts de l'entreprise voisine Normandie Logistique, le 26 septembre. Dans un entretien au Figaro le 5 octobre, Eric Schnur a promis, d’« aider le plus vite possible les agriculteurs (...) affectés par les conséquences de l'incendie » ainsi que « les populations pénalisées et impactées par le sinistre ».
Ne pouvant empiéter sur le volet judiciaire de l’incendie, le champ d’action de la commission d’enquête vise à faire la lumière sur la gestion des conséquences de cet accident par les services de l’État, alors même que « l’usine Lubrizol avait déjà connu plusieurs incidents graves par le passé », à recueillir des éléments d’information sur les conditions dans lesquelles les services de l’État contrôlent l’application des règles applicables aux installations classées et prennent en charge les accidents qui y surviennent ainsi que leurs conséquences afin d’en tirer des enseignements pour l’avenir.
La commission d’enquête sénatoriale souhaite aussi de tirer des enseignements » de cet incident et apporter des éléments de réponse à la question suivante : une telle catastrophe pourrait-elle se produire sur un autre de ces sites classés Seveso ? On en compte plus de 1300 en France, répartis sur tout le territoire.
Alors que commence, ce mardi, l’évacuation de 160 fûts endommagés sur le site, la commission d’enquête du Sénat se rendra à Rouen, jeudi, pour prendre contact avec les acteurs concernés.
15h40. Éric Schnur : « Nous avons fourni une liste de 390 produits Lubrizol stockés »
Après son audition devant la mission d’information à l’Assemblée nationale, c’est devant la commission d’enquête du Sénat, qu’Éric Schnur, PDG du groupe américain, Lubrizol, était auditionné cet après-midi.
Comme devant les députés, Éric Schnur a commencé par présenter, au « nom des 8 700 employés de Lubrizol dans le monde », ses excuses à tous ceux qui ont été affectés par l’incendie. « Nous exploitons soixante sites dans le monde et notre objectif a toujours été de le faire en toute sécurité ainsi que d'éviter les accidents ».
Selon lui, l’incendie du 26 septembre « s’est déclenché à l'extérieur des installations » de Lubrizol. « Mais nous attendons d’en connaître exactement la source et la cause ».
Il y a deux semaines, auditionnée devant le Sénat, la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, avait jugé que l’entreprise n’avait « pas été à la hauteur dans la gestion de cette catastrophe ». « Nous avons essayé, du mieux que nous pouvons, de répondre à toutes les questions et ce, le plus rapidement possible » a souligné pour sa part Éric Schnor, avant de rappeler que, dès 5H du matin, le 26 septembre, son entreprise s’était mise en contact avec la préfecture.
« Nous avons fourni une liste de 390 produits Lubrizol stockés et des fiches détaillées pour les 10 produits qui étaient en plus grande quantité, ainsi qu’un grand nombre d’informations de contexte » a-t-il ajouté.
En ce qui concerne le site mitoyen de stockage, Normandie Logistique, lui aussi frappé par l’incendie mais non classé Seveso, Éric Schnur assure avoir fourni l’ensemble des informations nécessaires sur les « produits Lubrizol » aux autorités officielles, le 4 octobre.
Au sujet des risques sanitaires engendrés par la fumée, Éric Schnur a indiqué savoir « précisément quels produits Lubrizol ont brûlé dans les entrepôts et dans ceux de Normandie Logistique ». « Nous pouvons affirmer que ces substances ne posent aucune menace sur la santé, ni à court terme ni à long terme, en dehors de l'irritation passagère normalement provoquée par la fumée » a-t-il avancé.
Visiblement soucieux de mettre en avant le caractère responsable de son groupe, Éric Schnur a rappelé que « chez Lubrizol, rien n'est plus important que de préserver la santé, la sûreté, l’environnement et la sécurité de nos employés et des collectivités. Notre site rouennais satisfait entièrement à toutes les exigences réglementaires ».
Sur la fonction de son groupe, le PDG a expliqué que Lubrizol fabrique « des addictifs ». « Notre objectif constant est de réduire les émissions et de diminuer l’impact environnemental. Environ la moitié des consommateurs mondiaux compte chaque jour sur Lubrizol, en utilisant nos produits servants à la fabrication d’appareils médicaux, d'équipements de sport, de soins de la peau... et bien d’autres ».
Sur le sujet des indemnisations, Éric Schnur n’a pas donné plus de précisions que ce qu’il a annoncé la semaine dernière à la presse, à savoir un soutien aux agriculteurs, la population, les petits commerces et les entreprises notamment dans le secteur de l’hôtellerie et restauration, et à participer aux efforts de nettoyage qui sont en cours.
16h02 : « Dans les logements, les fumées peuvent être encore plus toxiques »
À la question de la rapporteure (LR) Christine Bonfanti-Dossat, si la société Lubrizol avait bien répertorié le nombre d’incidents et d’accidents dans ses usines du monde entier, Eric Schnur a répondu par l’affirmative. Il a égrainé tous ceux de ces dernières années. Et a ajouté : « Nous avons pris les mesures pour que ces incidents ne se reproduisent (pas) (…) Nous avons investi 20 millions d’euros pour améliorer la sécurité et prévenir une répétition du risque ».
Le PDG de Lubrizol a insisté sur le fait que sa société faisait des simulations « des situations potentiellement dangereuses » : « Et nous le faisons régulièrement dans tous nos sites de production où que ce soit dans le monde ».
À propos des importantes fumées qui ont tant inquiété et incommodé les habitants de Rouen et de ses environs, Eric Schnur a voulu rassurer tout le monde, après s’être excusé pour la gêne occasionnée. « Nous avons des détails au niveau moléculaire. Nous connaissons très bien toutes les matières qui ont été dans l’incendie. Nous pouvons simuler et calculer l’impact sur la santé.
90% des matières sont du carbone hydrogène (…)
Il n’y a aucune différence significative entre ce qui a été brûlé dans le feu et ce que l’on peut trouver brûlé dans un incendie, par exemple dans une maison. (…) Dans les logements, les fumées peuvent être encore plus toxiques ».
Pour le PDG, dans ces fumées, il n’y a « aucun autre impact sur la population que cette simple irritation ».
16h11. Eric Schnur se veut rassurant sur la nature des produits stockés sur le site
Interrogé sur la nature des produits entreposés chez Normandie Logistique, site voisin de Lubrizol, le PDG Schnur s’est voulu rassurant : « Lubrizol stocke uniquement les matières non toxiques ou non dangereuses. Les autorités étaient au courant du fait que nous stockions des matières chez Normandie Logistique mais ils n’étaient pas informés régulièrement sur ce que nous stockions chez eux, parce que nous ne mettions pas des matières dangereuses qui étaient sous la réglementation Seveso. »
16h16. Agriculture : « Je ne sais pas quel sera l’impact sur le long-terme », avoue Eric Schnur
Pascale Gruny, sénatrice (LR) de l’Aisne, s’est inquiétée des conséquences des retombées des fumées jusque dans les Hauts-de-France, et notamment de l’impact pour les agriculteurs. « Je ne sais pas quel sera l’impact sur le long-terme », a concédé le dirigeant, avant d’assurer de son soutien financier, pour les exploitants agricoles et les entreprises impactées. « Nous allons apporter notre soutien sur le long-terme », a-t-il promis.
16h21. Plusieurs sénateurs s’étonnent du discours optimisme du PDG sur l’absence de risques sanitaires
« Aucune menace sur la santé, ni à court terme ni à long terme » ou encore « aucune différence significative entre ce qui a brûlé et ce que l’on peut trouver brûlé dans un incendie de maison » : plusieurs déclarations d’Eric Schnur ont laissé les sénateurs très dubitatifs. Ils appelé le responsable à faire davantage preuve de « prudence ». « Permettez-moi juste un peu de vous dire que je suis un peu étonné devant votre optimisme », a ainsi déclaré le sénateur (PS) de la Loire Jean-Claude Tissot. Florilège de réactions :
« Je suis tout à fait conscient que les gens et le public aient beaucoup de doutes concernant ces risques sur la santé », a ensuite rebondi le dirigeant. Lubrizol continuera à réaliser d’autres relevés, a-t-il assuré. « Nous allons fournir les informations détaillées sur tous les produits qui ont été consumés ». Pour « rassurer » le public, il s’est dit prêt à faire appel à des experts « indépendants ».
17h20 : Lubrizol veut « agir en bon voisin », le Sénat « reste vigilant sur ces bonnes intentions »
En conclusion de son audition, Éric Schnur a, comme il a répété à plusieurs reprises pendant deux heures, indiqué que Lubrizol voulait « agir en bon voisin ». « Nous allons aider la population » a-t-il réaffirmé en présentant ses excuses. « Je suis très fier du groupe Lubrizol en France. Depuis l’accident, ils ont fait un très bon travail » s’est-il félicité.
Le président centriste de la commission d’enquête, Hervé Maurey a pris acte « de ses bonnes intentions ». Toutefois, le sénateur précise que la commission sera « très vigilante à ce que ces bonnes intentions se traduisent dans les faits ». « Il y a quand même beaucoup de questions auxquelles, à ce stade, nous n’avons pas eu de réponses, notamment sur l’aspect de l’indemnisation, sur laquelle vous n’avez pas été en mesure d’apporter tous les éléments de réponse ». Enfin, Hervé Maurey rappelle que le Sénat « a encore quelque doute » sur la « non-dangerosité des fumées » comme l’a assuré Éric Schnur.