Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

Ce qu’il faut retenir de l’interview d’Emmanuel Macron

Pendant une heure, le président de la République a fait la pédagogie de son action au 13H de Jean-Pierre Pernaut. Installé dans une classe de l'école de Berd’huis en Normandie, Emmanuel Macron a été interrogé sur les grands thèmes de l'actualité et sur les inquiétudes des Français : SNCF, retraités, pouvoir d'achat, hôpital, limitation à 80 km/h, ruralité, image de « président des riches » ou encore dossier syrien.
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Attaques à l’arme chimique en Syrie : « Nous avons la preuve »

L’interview a débuté par l’actualité dramatique en Syrie. « Nous avons la preuve que la semaine dernière des armes chimiques ont été utilisées – au moins du chlore – et qu’elles ont été utilisées par le régime de Bachar al-Assad », a assuré le président de la République.

Indiquant que des échanges réguliers se tenaient avec la Maison blanche, il a indiqué que Paris et Washington auraient « des décisions à prendre en temps voulu ». « Enlever les moyens d’intervention chimique au régime » est l’un des objectifs de l’Élysée. « En aucun cas, la France ne laissera une escalade se faire » en Syrie, a promis le chef de l’État.

Sur les réformes, Macron demande aux Français de lui « faire confiance »

Emmanuel Macron a répondu aux Français qui lui reprochent d’être le « président des riches » et de faire des choix fiscaux « injustes ». « Il y a des inquiétudes, elles sont légitimes et je les entends », a répondu Macron. « Je vous demande de me faire confiance ».

« Il n’y a pas de politique de justice possible si on ne produit pas d’abord », a-t-il expliqué. Il a notamment défendu la sortie des actifs productifs du champ de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). « C’est une politique d’investissement », a déclaré Emmanuel Macron, avant d’évoquer à nouveau les « premiers de cordée ». « Ce n’est pas vrai qu’on est juste quand on empêche les autres de réussir », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Ceux qui réunissent, il faut qu’ils aident le pays en investissant ici, en embauchant ici. »

Réforme ferroviaire : « On ira jusqu’au bout, dans le respect de chacun »

En plein examen du projet de loi sur un « nouveau pacte ferroviaire », le président de la République s’est exprimé pour la première fois sur la grève des cheminots. « On ira au bout » de la réforme, a-t-il insisté, « dans le respect de chacun ».

« Les syndicats défendent des intérêts légitimes, je leur dis : n’ayez pas de craintes illégitimes », a fait savoir le président de la République, appelant les organisations « au calme ». Il a assuré que la SNCF serait détenue « absolument à 100% de capitaux d’État » et que les cheminots en poste actuellement « resteront sus statut ».

La SNCF « restera un grand service public », s’est-il engagé, avant de promettre que la dette du groupe serait « pour partie et progressivement » reprise par l’État.

Santé : « On va mettre plus de moyens dans l’hôpital »

Un autre service public est en souffrance : l’hôpital. Rendant « hommage » aux personnels soignants, Emmanuel Macron a déclaré que nous leur devions « quelque chose dans la société ».

« On va mettre plus de moyens dans l’hôpital », a annoncé le président de la République, précisant que le système de soins en France devrait être réorganisé. Fin des paiements à l’acte, développement de maisons de santé pou dégorger les services d’urgence, le chef de l’État a expliqué qu’il ne servait « à rien de mettre plus d’argent dans un système qui n’est plus adapté ». Le Président a déclaré qu'il ferait des annonces dans ce sens cet été.

« On va faire plus pour les personnels », a-t-il aussi indiqué. Il s’est également engagé à améliorer la situation des Ehpad. « On sera au rendez-vous, vous pouvez compter sur moi. »

Emmanuel Macron « dit merci » aux retraités

Sur la hausse de la CSG qui frappe les retraités ayant un revenu fiscal de référence supérieur à 1200 euros par mois, le président de la République a répondu qu’il avait « besoin » de cet « effort ». « Je l’ai annoncé en campagne […] Il n’y a pas de souverain mépris. » « Je leur dis merci », s’est-il adressé aux retraités, assurant qu’il n’avait « jamais pris le retraité pour un portefeuille ».

Il a expliqué que sa réforme était nécessaire pour « faire mieux payer » le travail et « remettre la France au travail ». « Si on ne fait pas cet effort, dans 10 ans, on n’arrivera pas à financer le système de retraite et à remettre le pays en marche ».

Taxe d’habitation : « Les communes seront remboursées à l’euro l’euro »

Sur la suppression progressive de la taxe d’habitation, le président de la République a voulu rassurer à la fois les contribuables et les élus locaux. « C’est faux de dire qu’une commune perdra de l’argent », s’offusque-t-il. Selon lui, la compensation sera intégrale. « Ce que nous concitoyens ne paieront pas, c’est donc l’État qui le prend à sa charge qui remboursera totalement les communes ».

« Toutes les petites communes ont eu leurs dotations maintenues, il ne faut pas non plus raconter de carabistouilles »

Ciblant l’argumentaire des Républicains, en reprenant une expression du vice-président Guillaume Peltier, Emmanuel Macron a déclaré que « toutes les petites communes ont eu leurs dotations maintenues ». « Donc il ne faut pas non plus raconter des carabistouilles à nos concitoyens ».

Il a par ailleurs précisé qu’il n’y aurait « pas d’impôt nouveau » en échange de la disparition de la taxe d’habitation, alors qu’une réflexion est engagée sur la refonte de la fiscalité locale.

La « cagnotte » pas redistribuée : « Mon objectif n’est pas simplement le pouvoir d’achat de la semaine »

Plutôt continuer à baisser les déficits que redistribuer. Alors que la France est repassée sous les 3% de déficit en 2017, il n’est pas question pour Emmanuel Macron d’arrêter le rythme des réformes ou de redistribuer ce qui serait une sorte de « cagnotte ».

« Si on a de l’argent en plus, je préfère l’investir. Dans l’agriculture par exemple, (…) en aidant l’industrie et les plus modestes » explique-t-il, mais « je ne vais pas dilapider les recettes ». « Mon objectif, ce n’est pas simplement le pouvoir d’achat de la semaine. (…) Je demande de la patience aux Français », « l’objectif, c’est le travail ».

« L’islam radical, ce n’est pas l’islam, mais c’est un problème »

Depuis son arrivée, Emmanuel Macron souligne que l’Etat a fait fermer trois mosquées « où on ne respecte pas la loi de la République et où on appelle à la violence ». L’islamisme radical, « c’est un problème dans notre pays. Il ne faut pas confondre ce problème avec tous nos concitoyens qui croient en l’islam, ce serait une erreur profonde ». Il ajoute : « Cet islam radical, ce n’est pas l’islam, ce n’est pas tous les musulmans mais c’est un problème ».

Emmanuel Macron veut aussi « que le financement étranger (des mosquées) soit organisé avec le contrôle de l’Etat et soit transparent ». Et de rappeler qu’« avec une sénatrice de la majorité, nous venons de voter une proposition de loi qui permet de mieux contrôler les écoles privées hors contrat ». Il s’agit de la proposition de loi de la sénatrice UDI Françoise Gatel (voir notre article sur le sujet).

« Les riches n’ont pas besoin d’un Président »

Alors que l’opposition le qualifie de « Président des riches » et « Président des villes », il s’inscrit en faux contre ces accusations : « Je suis le Président de tous les Français. Les riches n’ont pas besoin d’un Président. Ils se débrouillent très bien tous seuls ». « Je veux qu’on redevienne un pays de progrès pour tous » ajoute le chef de l'Etat.

Pour le chef de l’Etat, on ne peut pas opposer forcément monde urbain et rural. « C’est plus compliqué que la caricature entre les villes et les champs ». Alors que des petites classes ferment dans les zones rurales, Emmanuel Macron assure qu’« on va ouvrir 1000 classes dans le rural », « on crée plus de postes qu’on ne devrait ». Mais il reconnaît qu’il y a « des endroits où il y a des écoles qu’on doit fermer » en raison de la faiblesse du nombre d’élèves. Mais « on n’abandonne pas du tout la ruralité. Ce n’est pas vrai » assure-t-il. Il ajoute que pour « toutes les communes rurales, pour la première fois depuis 8 ans, leurs dotations ne baissent pas d’un centime ».

La limitation à 80 km/h maintenue mais expérimentée pendant 2 ans

Sur la baisse de la limitation de la vitesse de 90 à 80 km/h sur les routes secondaires, Emmanuel Macron veut être « pragmatique ». Il maintient celle-ci, à partir du 1er juillet, mais elle sera expérimentée pendant deux années.

« Pour deux ans, on va limiter sur ces routes à 80 km/h. Ce sont les routes les plus dangereuses. Les deux fois deux voies ne seront pas concernées ». « Si cette mesure permet de réduire les morts, on peut dire tout ce qu’on veut, que c’est technocratique, elle aura montré son utilité ». L’argent perçu en cas de contravention ira « pour les hôpitaux pour soigner les blessés de la route ». Mais « si ça n’est pas efficace, si ça ne marche pas, on ne continuera pas. Si c’est inégal, contrasté, on dira aux départements vous décidez, vous reprenez la main ».

Notre-Dame-des-Landes : « Tout ce qui était évacuable a été évacué »

Sur l’évacuation à Notre-Dame-des-Landes, « tout ce qui était évacuable a été évacué ». Sur place, les « projets agricoles légaux » pourront « se faire », mais « les gens qui sont présents aujourd’hui occupent illégalement des terrains publics ou privés. Ils n’ont aucune raison de le faire. Il n’y aura plus d’aéroport. On rétablit l’ordre République ».

« Dans beaucoup d’universités, ce n’est pas du débat, ce sont des agitateurs professionnels »

Sur le mouvement dans les universités, où étudiants et enseignants s’opposent au nouveau système de sélection, Emmanuel Macron souligne qu’« il y a très peu d’universités bloquées. Ensuite, il y a des débats, c’est une très bonne chose. Mais dans beaucoup d’universités, ce n’est pas du débat, ce sont des agitateurs professionnels ».

« Si les étudiants veulent leurs examens, ils feraient mieux de les réviser. Il n’y aura pas d’examen en chocolat dans la République » ajoute le chef de l’Etat, sans évoquer le fond du débat sur la sélection à l’université.

Analyses et réactions en direct dans Sénat 360 à 15h00 sur Public Sénat.

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