Le collaborateur de l’Élysée Alexandre Benalla, que des images montrent frapper un jeune homme le 1er mai, n'est ni policier ni gendarme.
Formé au service d'ordre du PS, réserviste de la gendarmerie, il a été renvoyé par l'ex ministre Arnaud Montebourg pour "faute professionnelle" avant de travailler à la campagne d'Emmanuel Macron.
Des images de BFMTV le montrent dans le bus des Bleus sur les Champs-Élysées lundi.
DE QUOI EST-IL ACCUSÉ ?
Capture de la vidéo filmée par un militant LFI montrant Alexandre Benalla maîtrisant violemment un manifestant le 1er-Mai à Paris
Tahar Bouhafs/AFP
Dans une vidéo mise en ligne par Le Monde mercredi soir et filmée le 1er mai par un manifestant place de la Contrescarpe à Paris, un homme identifié comme Alexandre Benalla, coiffé d'un casque à visière des forces de l'ordre, s'en prend à un jeune homme à terre.
D'après Taha Bouhafs, un militant LFI qui a filmé la scène, le faux policier s'en prend à un homme qui "se fait étrangler" et reçoit "plusieurs coups de poing dans le dos, dans la tête par derrière (...) l'homme était inoffensif, par terre et suppliait d'arrêter".
Selon le porte-parole de l’Élysée, Bruno Roger-Petit, M. Benalla avait été "autorisé", à sa demande, à "observer les opérations de maintien de l'ordre pour le 1er-Mai", sur "un jour de repos". Mais en participant "physiquement", "il a largement outrepassé cette autorisation", et a été "immédiatement convoqué" par sa hiérarchie.
QUELLES SANCTIONS ?
Le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, qui part à la retraite en octobre, l'a "mis à pied pendant 15 jours, avec suspension de salaire. Il a été démis de ses fonctions en matière d’organisation de la sécurité des déplacements du président", selon Bruno Roger-Petit.
Jeudi, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "violences par personne chargée d'une mission de service public", ce qui serait passible de trois ans de prison et 45.000 euros d'amende, voire plus s'il y a eu incapacité de travail.
Les chefs d'"usurpation de fonctions" et "usurpation de signes réservés à l'autorité publique" (article 433-14 du Code pénal), pour lesquels l'enquête est également ouverte, sont passibles respectivement de 3 ans et 1 an de prison, et 45.000 et 15.000 euros d'amende.
MEMBRE DU SERVICE D'ORDRE DU PS
L'ancien responsable national du service d'ordre du PS, Éric Plumer, a affirmé jeudi avoir "formé" M. Benalla à compter de 2010 et n'avoir "rien à lui reprocher".
Alexandre Benalla était affecté à la sécurité de Martine Aubry durant les primaires du PS en 2011, ici avec la candidate le 09 octobre 2011 à Paris
AFP/Archives
"C'était quelqu'un de bien, qui avait plein de capacités", a dit à l'AFP M. Plumer, qui l'a affecté à la sécurité de Martine Aubry lors des primaires du PS en 2011.
L'ancienne Première secrétaire du PS (2008-2012) "n'a pas de souvenir particulier" de M. Benalla, mais évoque un homme "très jeune, plutôt discret", selon son entourage.
Alexandre Benalla a aussi été membre du service d'ordre de François Hollande durant la campagne de 2012.
RENVOYÉ PAR ARNAUD MONTEBOURG
MM. Plumer et Benalla se sont "perdus de vue" quand M. Benalla est allé travailler "quelques mois" pour Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif.
"Le cabinet de Montebourg ne m'a pas écouté, je trouvais qu'il était trop jeune pour aller dans un ministère", affirme M. Plumer.
Le Service de protection des hautes personnalités (SPHP), devenu SDLP (Service de la protection), un service de la police nationale, "me l'avait proposé comme chauffeur en 2012", a raconté Arnaud Montebourg au Monde, des propos qu'il a confirmés à l'AFP. "Je m'en suis séparé au bout d'une semaine après une faute professionnelle d'une première gravité: il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite".
RÉSERVISTE DE LA GENDARMERIE
Réserviste de la gendarmerie depuis 2009, Alexandre Benalla n'a été appelé sur aucune mission depuis 2015.
En mars 2015, il participe à une session régionale "jeunes" Ile-de-France de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice.
AU SERVICE D'EMMANUEL MACRON
Alexandre Benalla (d) au côté d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture à Paris, le 1er mars 2017
AFP
Alexandre Benalla est chargé de la sécurité de M. Macron lors de la campagne présidentielle, puis "chargé de mission" à l’Élisée, en tant qu'adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch.
Il a été souvent vu avec le président lors de divers déplacements, officiels ou privés.
Plusieurs journalistes -de l'AFP ou de Public Sénat, par exemple- se sont plaints de son comportement "musclé" lors de la campagne. Les Jeunes Communistes de Bobigny et Drancy ont également dénoncé des violences en marge d'un rassemblement à Bobigny en 2016. "Un de nos camarades a été frappé après avoir été trainé à l'écart", ont-ils affirmé dans un communiqué.
Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…
Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.
Après avoir reçu les différents partis politiques du socle commun la semaine dernière, Sébastien Lecornu s’est entretenu ce lundi avec Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT lui a présenté ses exigences.
Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.
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Alex Vizorek, des punchlines de droite et de gauche
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