Pour la sénatrice Corinne Imbert, rapporteuse d’un texte sénatorial sur les déserts médicaux, il y a urgence : « Si vous n’avez pas de médecins traitants, s’il n’y a pas une prise en charge suffisamment précoce, ce sont des retards de diagnostics, […] et puis des coûts plus importants pour la sécurité sociale et l’assurance maladie ».
Une situation que ne connait que trop bien Martial Jardel. Ce généraliste installé en Haute-Vienne constate chaque jour les conséquences de l’absence de médecins, « ce sont des centaines de milliers de patients aujourd’hui qui n’iront jamais manifester dans les rues, qu’on ne verra jamais dans les chaînes d’infos en continu parce qu’ils n’ont pas forcément ce ressort social d’être mobilisé, mais qui sont aujourd’hui en train de mourir au sens le plus stricte du terme ».
Contraindre le médecin, une fausse bonne idée
Alors pour résoudre ce problème, certains veulent contraindre une partie des nouveaux médecins de s’installer là où l’offre ne répond plus à la demande. Une solution qui ne semble pas convaincre Martin Jardel. « C’est une question qui moi me fâche, parce qu’on embolise le débat public avec ce sujet-là. La vérité c’est que si on le fait, est-ce que la situation est résolue ? Non, parce qu’il n’y a pas assez de médecins, 87% du territoire est en désert médical. Sortons de ces espèces de dogmes et allons vers l’innovation organisationnelle ».
Quelles solutions ?
Aujourd’hui pour Martial Jardel, « le facteur majeur d’installation d’un jeune professionnel reste son lien avec le territoire notamment quand il en est issu du territoire ». Alors comment convaincre les autres jeunes médecins de s’installer dans des régions inconnues ?
Pour ce médecin, il faut créée les conditions de leur accueil. Avec son association Médecins solidaires, il propose à des médecins de faire des remplacements pour une semaine ou plus dans un centre de santé installé dans une zone où l’accès au soin est pauvre. A ce jour, l’organisme a ouvert neuf centres et recruté 870 professionnels.
Une idée reprise dans le texte déposé par la sénatrice. La parlementaire verrait bien que les médecins qui s’installent dans des zones bien dotées aient pour obligation de faire un temps partiel dans l’une des 151 zones correspondant à l’offre de soins insuffisante.
Autre idée, susciter des vocations ; pour Corinne Imbert il faut « élargir l’option santé en lycée à l’échelle nationale […] pour dire à des jeunes lycéens, si vous avez envie, osez les études en santé ».
L’émission est à retrouver en intégralité ici.