La commission des affaires sociales a auditionné, ce mercredi 30 juin, le professeur Didier Pittet, président de la mission sur l’évaluation de la gestion de la crise covid-19 par la France. Lancée par le Président de la République en juin 2020, elle a rendu son rapport final en mai 2021. Au cours de son audition par le Sénat, le professeur suisse a fait le point sur la situation sanitaire actuelle. Variant Delta, vaccination, quatrième vague, il a fait preuve d’une grande pédagogie pour expliquer les enjeux à venir dans les prochains mois.
« Le vaccin et l’immunité protègent contre le variant Delta »
Loin des discours alarmistes qui sont entendus depuis quelques jours sur les plateaux concernant le variant Delta, premièrement détecté en Inde et qui circule en France métropolitaine depuis avril, le professeur Pittet a livré une explication très claire de la mécanique à l’œuvre dans l’émergence des variants. « Les virus ont une évolution naturelle et ils font des variants […]. C’est darwinien. Le virus fait des variants pour survivre ». « Ça reste une course entre le virus et le vaccin », rappelle-t-il. « Les variants qu’on craint le plus, vont naître dans les pays où on a le plus de vaccinations ».
Pour remettre les choses en perspective, le professeur expose, sous les yeux passionnés des sénateurs : « Vous entendez que le variant Delta est plus contagieux que les autres variants, c’est tout à fait normal. Pour qu’un virus prenne le dessus sur les autres et occupe de plus en plus de place, il doit être plus contagieux ».
La bonne nouvelle, c’est que « le vaccin et l’immunité protègent contre le variant Delta », rassure-t-il. Le professeur qui a fait don de la formule du gel hydroalcoolique rappelle également, qu’ « aucun variant ne résiste à l’hygiène des mains, à la distanciation et aux masques ».
Seule ombre au tableau, la petite phrase prophétique de Didier Pittet à la fin de sa réponse à la sénatrice Brigitte Micouleau : « Ce virus ne va jamais disparaître, on va apprendre à vivre avec lui ».
Variant Delta : "Les virus ont une évolution naturelle et ils font des variants"
Les tests et les vaccins pour prévenir les futures vagues
Deuxième sujet brûlant d’actualité abordé par le professeur durant son audition : la potentielle quatrième vague qui arriverait à l’automne. « Il y a un risque de 4e, de 5e et de 6e vague », prévient-il. Mais une fois encore, Didier Pittet n’est pas alarmiste. L’important, pour lui, c’est de continuer à vacciner le plus possible, afin de casser les chaînes de contamination et de les réduire au maximum. « Même un cluster avec un variant extrêmement transmissible, vous le contrôlez quand vous le comprenez », explique-t-il. Cette compréhension permet de remonter les chaînes de contamination et ainsi d’éviter au maximum la propagation du virus. Il avertit : « Cet été, se faire tester et avoir une proportion de tests positifs faible, c’est la clé du succès ».
Lorsqu’on lui demande si le virus est saisonnier et si une recrudescence est à craindre à l’automne, Didier Pittet répond qu’on ne « peut pas parler de véritable saisonnalité » du virus. Bien qu’il soit plus facile de le transmettre en automne et en hiver, la présence du virus sur les deux hémisphères de manière continue rend difficile l’identification de toute saisonnalité.
Didier Pittet : "Il y a un risque de 4ème, de 5ème et de 6ème vague "
« Les Etats se préparent à une potentielle troisième dose »
A la fin de l’audition, Didier Pittet répond à la question des sénateurs concernant la troisième dose, que plusieurs pays se prépareraient à administrer, au moins aux personnes les plus vulnérables, afin de lutter contre les variants plus contagieux. « Je ne suis pas certain qu’il faille y avoir recours [pour toute la population] », explique-t-il. Si certains publics très fragiles en bénéficient déjà, le recul n’est pas suffisant pour savoir s’il serait efficace auprès du reste de la population. Pour autant, le professeur affirme que « les Etats se préparent à une potentielle troisième dose », à la fin de l’automne ou au début de l’année 2022 pour les plus vulnérables, confie-t-il.