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Alors que le projet de loi de finances sera voté aujourd'hui au Sénat, l’issue du scrutin fait peu de doutes. La majorité sénatoriale de droite et du centre devrait voter en faveur du budget.
Par Amélia Morghadi
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En 2016, 36 233 personnes ont été protégées en France par le statut de réfugié délivré par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). C’est presque un tiers des demandeurs d’asile qui ont reçu une réponse favorable, mais encore faut-il pouvoir en faire la démarche.
Des migrants entravés dans leurs tentatives d’accès à la préfecture, Cédric Herrou, agriculteur et militant de la Vallée de la Roya, près de la frontière franco-italienne, en voit tous les jours. Condamné par la cour d’appel d’Aix-en-Provence à quatre mois de prison avec sursis, l’agriculteur de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes) avait été jugé pour avoir aidé quelques deux cents migrants, principalement érythréens et soudanais, à traverser la frontière de Vintimile en Italie, jusqu’à Nice en France. Depuis, il continue d’héberger et d’aider des migrants sans possibilité d’accès aux instances adéquates, qu’il récupère bien souvent sur le bord de la route.
« Il y a un détournement de la procédure de l’état d’urgence et de la lutte antiterroriste », dénonce Cédric Herrou sur le plateau d’Un Monde en Docs. « À 30 km de la frontière franco-italienne nous avons des P.P.A., des points de passages autorisés, des systèmes de contrôles automatiques 24h/24h qui sont là pour lutter contre le terrorisme, mais qui, en réalité, luttent contre la migration ». Souvent contrôlées, les personnes tentant de demander l’asile en France sont interceptées avant même d’avoir pu commencer les démarches.
Le militant affirme qu’il y a eu plusieurs morts dans cette zone depuis septembre 2016, dans l’indifférence la plus totale : « Les 18 morts à la frontière franco-italienne sont des personnes qui voulaient accéder à des préfectures pour faire des demandes d’asile ».
Un constat d’échec que ne conteste pas Pascal Brice, directeur de l’OFPRA, l’administration chargée d’arbitrer les demandes d’asile. Pour lui, la possibilité d’accès aux préfectures et aux bureaux de l’Office de protection est « un élément de l’intégrité du système de l’asile ». L’ancien diplomate souligne cet état de fait : « Il faut que les personnes puissent accéder à la demande d’asile, or nous savons que sur le territoire national cela n’est pas encore le cas ».
Pour François Gemenne, spécialiste des questions migratoires et de géopolitique de l’environnement, « il y a vraiment un problème quand des individuels ou des associations doivent pallier les carences de l’État. ». Pour lui, en matière de migration en Europe, « on cherche à évacuer le problème, à ne pas le voir et à le rendre invisible. On essaye de restreindre l’accès à ce qui est un droit fondamental dans une démocratie ».
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