Cédric O : la « faisabilité technique » de l’application StopCovid pose question

Cédric O : la « faisabilité technique » de l’application StopCovid pose question

Le Secrétaire d’Etat chargé du numérique Cédric O a été auditionné par la commission des affaires économiques du sénat. Une audition largement consacrée au projet d’application sur lequel planche le gouvernement pour détecter les chaînes de contagion. « Tracking », données personnelles, souveraineté numérique, le ministre a tenté de rassurer les sénateurs même s’il doute de la mise en oeuvre de l’outil.
Public Sénat

Par Jonathan Dupriez

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L’application développée par le gouvernement ne sera pas « magique. » Auditionné par la Commission des affaires économiques du Sénat, Cédric O a martelé ce message pendant deux heures, à la quarantaine de parlementaires réunis en visioconférence. Le ministre s’est, en outre, efforcé de clarifier les intentions du dispositif actuellement développé par un collège de chercheurs et développeurs français, suisses et allemands. Un dispositif toujours entouré de nombreuses « interrogations » a-t-il reconnu.

 

 Interrogations » sur la faisabilité

 

Cédric O est clair, à ce stade,  « la faisabilité technique » d’une telle application pose encore question. Idem pour ce qui est de l’« insertion » de StopCovid dans le cadre d’une stratégie de déconfinement. Plutôt destiné à épauler les épidémiologistes sur le terrain, cet outil semble être davantage développé par « anticipation » selon le secrétaire d’Etat au numérique. En d’autres termes, il serait davantage un auxiliaire éventuel au déconfinement capable d’aider à « casser les chaînes de transmission » du virus que l’alpha et l’oméga de la stratégie sanitaire après le 11 mai. D’autant que l’outil présente certaines lacunes techniques qui semblent difficiles à surmonter.

 

« Je suis optimiste mais pas totalement certain »

 

L’application « StopCovid » doit permettre, si elle est déployée, à un utilisateur d'être prévenu s'il a croisé une personne contaminée par le coronavirus. Ainsi, l’application stocke localement, pour une durée à définir de « deux voire trois semaines » l’identifiant de tous les autres smartphones qu’il a croisés grâce à la technologie sans fil bluetooth. Mais, comme l’a expliqué Cédric O aux sénateurs, le bluetooth ne permet pas en soi de mesurer précisément la distance entre deux smartphones. Une limite majeure pour savoir s’il y a un risque réel ou non de contamination. "Est-ce que nous allons réussir à avoir quelque chose qui soit suffisamment précis pour que cela serve son objectif épidémiologique » s’est interrogé le secrétaire d’Etat au numérique. « Je suis optimiste mais pas totalement certain » a-t-il admis devant les parlementaires.

 

« Pas de tracking » mais une « historisation » des données

 

Les sénateurs ont également interrogé le secrétaire d’Etat sur la brûlante question des données personnelles. Cédric O a réaffirmé certains principes, notamment l’installation de l’application sur « la base du volontariat » ainsi que « le complet anonymat des données ». « La seule chose que fera cette application, c’est qu’elle vous préviendra si vous avez été en contact les jours précédents avec quelqu’un qui a été testé covid + » rappelle Cédric O. « Mais personne n’aura accès à la liste des personnes dans l’application, et personne n’aura accès à qui a rencontré qui » a-t-il complété. Par ailleurs, le secrétaire d’Etat au numérique juge « inapproprié » le terme « tracking » puisque l’application n’utilise pas de données GPS ni de données téléphoniques.

Cédric O : "Ces outils seront complètement alignés avec la législation en vigueur"
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Pour le ministre, la condition sine qua non au développement de ces nouveaux outils doit être le respect strict « de nos valeurs et nos lois concernant l’informatique et les libertés publiques. » « Ces outils seront complètement alignés avec la législation en vigueur et ne nécessiteront pas de nouvelles dispositions, et j’ose dire qu’ils seront mieux disant » a-t-il fait valoir.

 

Souveraineté numérique

 

Sophie Primas, présidente LR de la commission des Affaires économiques, a mis en garde le secrétaire d’Etat contre le risque de voir la crise « conforter l’hégémonie des géants » du web. « Ne craignez-vous pas que ces géants se substituent aux Etats souverains ? » a renchéri son collègue, le sénateur PS du Gers Franck Montaugé.

Les deux géants du web californiens, Google et Apple, ont annoncé vendredi dernier qu’ils allaient travailler ensemble pour faciliter la mise en oeuvre des applications gouvernementales via leurs systèmes d’exploitation Android et iOs. « Ils n’ont pas expliqué exactement ce qu’ils prévoyaient » a reconnu Cédric O, faisant toutefois preuve de fermeté. « Toute aide peut-être bienvenue (…) mais elle doit se faire aux conditions des gouvernements » a-t-il poursuivi.

Dans ce contexte, Cédric O a plaidé pour une « valorisation des outils français » en référence au développement européen de l’application StopCovid.

 

« Il n’y a pas d’intérêts cachés »

 

Interrogé sur le coût de développement de l’application par la sénatrice (rattachée-CRCE) Marie-Noëlle Lienemann, Cédric O a précisé que le développement coûtait « zéro euro en plus des salaires des chercheurs » estimant au total la facture «  à quelques milliers, voire quelques centaines de milliers d’euros, rien de plus. » Aussi, le secrétaire d’Etat a insisté sur la mise au point de l’application, à titre gracieux, par des développeurs issus du « public et du privé. » Le fait que le développement « soit pro-bono, que la propriété intellectuelle ne soit que celle de l’Etat qui s’est engagé à mettre à disposition en open source, et le fait que le code soit transparent est susceptible de donner toutes les réassurances qu’il n’y a pas d’intérêts cachés dans cette opération. »

Cédric O : "Il n'y a pas d'intérêts cachés dans cette opération"
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Du fait des délais très contraints, le ministère de la Santé et secrétariat d’Etat au numérique en tête continuent de plancher sur l’application avant le début de la phase de déconfinement. Le débat « sur l’outil de traçage en parallèle de son développement » devra se poursuivre a conclu Sophie Primas, admettant que travail parlementaire et projet d’application doivent se résoudre à avancer en même temps. Dans son allocution télévisée de lundi, Emmanuel Macron avait affirmé souhaiter un débat au Parlement d'ici le 11 mai sur les techniques de traçage des données des téléphones pour lutter contre le Covid-19.

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