Cession des parts du Monde : « Je n’ai pas touché de plus-value », assure Matthieu Pigasse
Auditionné par la commission d’enquête sur la concentration des médias, Matthieu Pigasse est revenu sur les changements récents dans les prises de participation de la société qui contrôle le quotidien Le Monde. Il a proposé des pistes pour que les « petits investisseurs » comme lui, puissent acquérir des médias.

Cession des parts du Monde : « Je n’ai pas touché de plus-value », assure Matthieu Pigasse

Auditionné par la commission d’enquête sur la concentration des médias, Matthieu Pigasse est revenu sur les changements récents dans les prises de participation de la société qui contrôle le quotidien Le Monde. Il a proposé des pistes pour que les « petits investisseurs » comme lui, puissent acquérir des médias.
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C’est un banquier « rockeur », Matthieu Pigasse qui a clos ce vendredi la série d’auditions de la commission d’enquête sénatoriale sur la concentration des médias. Il le dit d’ailleurs lui-même au sénateur (LR) Jean-Raymond Hugonet (d’ailleurs rockeur lui aussi). « Les valeurs du punk rock sont fondamentales pour moi », rappelle-t-il citant des mantras tel que « do it yourself » et le titre d’une chanson de Bruce Springsteen : « No Surrender » (ne pas se rendre).

Et Matthieu Pigasse a-t-il capitulé en cédant la quasi-totalité de ses parts de la société Le Nouveau Monde (LNM), actionnaire de référence du groupe Le Monde, à Xavier Niel qui en détient désormais 49 %, comme l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky ? Avec 2 % des parts, Matthieu Pigasse reste néanmoins l’unique associé et le cogérant commandité aux côtés de Xavier Niel », a-t-il rappelé.

Mais ce changement récent dans la participation de cette société a bien sûr suscité des questions des élus. « Malgré tout l’intérêt que vous portez au Monde au bout d’un peu plus de dix ans, vous êtes obligés de vous retirer financièrement […] Est-ce qu’on peut encore être un actionnaire important dans un grand média national sans avoir une surface financière importante ? », lui demande le président de la commission d’enquête, Laurent Lafon.

La réponse est sans surprise négative. Car Matthieu Pigasse qui est président et propriétaire du groupe combat média (Les Inrocks, Radio Nova ou encore Rock en Seine) ou encore qui a contribué au lancement du site d’information le Huffington Post France, « n’a jamais touché un euro de rémunération ou de dividendes de ces médias ».

« Je ne suis jamais intervenu dans la ligne éditoriale des médias qui sont les miens »

« J’essaye de regrouper des médias qui font sens et qui donne du sens. Les valeurs communes à l’ensemble de ces médias sont l’indépendance, la tolérance et l’ouverture au monde ». Il tient à préciser également « n’être jamais intervenu dans la ligne éditoriale ou le contenu tout court des médias qui sont les miens ou dans lequel j’ai une participation ».

Un philanthropisme affiché qui interroge le rapporteur socialiste de la commission d’enquête, David Assouline. « Le montant de la récente vente de vos parts à Xavier Niel est estimé par les observateurs du marché à 35 millions, soit le montant des sommes que vous avez investies dans le groupe […] En cas de cession de vos dernières parts, le montant estimé semble indiquer que vous aurez réalisé une plus-value ».

Quelque peu agacé par la remarque, Matthieu Pigasse lui répond. « Ce qui est fascinant, c’est que vous avez vu défiler des milliardaires (Vincent Bolloré, Bernard Arnault) et vous ne leur avez pas posé la question des plus-values qu’ils réalisaient et vous posez la question à moi qui est le plus petit d’entre eux », note-t-il avant d’assurer qu’il n’a pas fait de plus-value » .

Pour attirer les investisseurs et ainsi selon lui, « préserver l’indépendance des groupes de presse », le banquier d’affaire formule plusieurs propositions, adapter la loi de 1986 (sur la régulation de l’audiovisuel), assurer le bon financement aux entreprises de médias (via la BPI par exemple) et assurer l’indépendance des rédactions. Sur ce dernier point, Le Monde dispose d’un « pôle d’indépendance » d’un « droit d’agrément ». Une mesure qui confère un droit de regard en cas de changement de contrôle résultant de l’arrivée d’un nouvel actionnaire majoritaire, et doit contribuer à garantir l’indépendance éditoriale du quotidien.

De même, Matthieu Pigasse propose de repenser les aides à la presse en fonction de l’indépendance des rédactions. « Plus de 50 % des aides à la presse bénéficient à des groupes dont la presse n’est pas l’activité principale. Pour moi, ce ne sont pas des groupes qui sont indépendants. Il y a plein de groupes qui n’en ont pas besoin ».

Position dominante de Radio France sur le marché

Propriétaire de Radio Nova, Matthieu Pigasse n’a pas non plus oublié de passer un message en dénonçant « la position dominante » de Radio France et ce même s’il a beaucoup de respect pour le secteur public. « Radio France a un chiffre d’affaires de 650 millions. Il y a 600 millions de redevance, 40 millions de revenus publicitaires et 10 millions de divers. Radio France, c’est un tiers des fréquences françaises. Radio France contrôle 54 % du marché français […] A un moment il faut qu’on réfléchisse à comment on rétablit un peu mieux l’équilibre sur ce marché ».

 

 

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