« Je me félicite de ne pas avoir d’opérations d’estimations à faire cette année », confie Jérôme Sainte-Marie, président de PollingVox. Usuellement, le soir du premier tour comme celui du second, les Français sont habitués à voir apparaitre les premières estimations à 20h pétantes. Mais cette année, les choses risquent d’être un peu différentes. En cause, le changement d’heure de fermeture des bureaux de vote, acté dans la loi de modernisation des règles de l’élection présidentielle adoptée le 25 avril 2016. Au lieu de 18h, les électeurs pourront mettre leur bulletin dans l’urne jusqu’à 19h, voire 20h dans certaines grandes villes, dont Paris. Pour que les premières estimations soient données à 20h, les sondeurs n’auront donc qu’une heure au lieu de deux avant de délivrer la première estimation.
« 50% d’effectifs en plus »
Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique & Opinion chez Harris Interactive, admet que « l’opération sera plus exigeante » mais se veut rassurant : « Ce changement d’horaire, on l’avait intégré dans notre dispositif, qu’on a nettement musclé par rapport à celui qu’on avait utilisé en 2012 ». Il précise avoir mobilisé 50% d’effectifs de plus qu’à la dernière élection présidentielle.
Si de prime abord cette nouvelle mesure laisse penser que les instituts de sondage auront une heure de moins pour faire remonter les résultats des bureaux-test, Jérôme Sainte-Marie tempère : « En 2012, les premières estimations tombaient à 19h quand les bureaux de vote fermaient à 18h ». Le sondeur conseille toutefois de « prévenir les gens qu’on peut avoir des estimations avec du retard, voire des changements en cours de soirée ». De son côté, Jean-Daniel Lévy assure une première estimation à 20h.
« Si c’est serré, il faudra beaucoup de résultats pour une tendance fiable »
La difficulté pour les premières estimations tient particulièrement à « une configuration politique tout à fait nouvelle », selon le président de Polling Vox. Certains candidats sont au coude-à-coude dans les sondages et les résultats seront probablement très serrés. « On a trois candidats dans la marge d’erreur, explique Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret. Si c’est serré dimanche, il faudra beaucoup de résultats pour donner une tendance fiable. » Il tient à rappeler l’objectif de ce changement d’horaire, à savoir éviter les fuites sur les réseaux sociaux ou dans les médias étrangers. Avec une fermeture des bureaux de vote à 19h et de certains à 20 heures « il ne peut y avoir aucune influence des résultats sur le vote », assure le sénateur.
« L’opération est foncièrement compliquée et donc il ne faudra pas tirer de conclusions hâtives », conclut Jérôme Sainte-Marie. Jean-Daniel Lévy, lui, se montre plus optimiste : « On est face à une situation où normalement les estimations doivent permettre de sortir des éléments. »