"On peut être dévoué mais à un moment, on dit stop": en zone rurale comme périurbaine, des "petits" maires pourtant passionnés ne se...
Charge de travail, pression des administrés, normes: ces « petits » maires lessivés qui jettent l’éponge
"On peut être dévoué mais à un moment, on dit stop": en zone rurale comme périurbaine, des "petits" maires pourtant passionnés ne se...
Par Béatrice ROMAN-AMAT, avec Angela SCHNAEBELE à Saulx
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Mis à jour le
"On peut être dévoué mais à un moment, on dit stop": en zone rurale comme périurbaine, des "petits" maires pourtant passionnés ne se représenteront pas cette année, usés par la charge de travail et le manque de moyens mais aussi lassés de servir de souffre-douleur.
Conseiller municipal depuis 1989 et maire depuis 2001, Christian Bresson ne sera pas candidat en mars à Saulx, village de 1.000 habitants dans le nord de la Haute-Saône, malgré les regrets de certains de ses administrés.
"Les gens ne savent plus à qui réclamer quelque chose, ils viennent voir le maire pour tout et pour rien, surtout dans les communes de 1.000 habitants", constate cet ancien technicien qualité chez PSA à Vesoul. Les services publics ont déserté sa commune, laissant l'élu seul face aux récriminations.
Isolé, sans service technique, le maire de village fait "tout, tout seul" et devient "le souffre-douleur de la population" raconte M. Bresson, pour qui "la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" a été son agression par l'un de ses administrés.
"Maintenant, les gens viennent à la campagne et veulent les avantages de la ville, notamment au niveau des équipements, alors qu'on n'a pas les moyens", complète Philippe Bel, maire de Fouchécourt, commune bucolique de 117 habitants, à 30 kilomètres de Saulx, qui jette également l'éponge cette année.
- Insomnies -
Pourtant élue dans une commune plus peuplée et moins isolée, Anne-Catherine Weber, maire de Plobsheim (Bas-Rhin) -4.400 habitants dans la grande couronne de l'agglomération strasbourgeoise- se dit elle aussi submergée par les attentes de ses administrés, sans commune mesure avec ses moyens.
"Soit je recommence à dormir correctement, soit je continue mon rôle de maire", résume cette quinquagénaire venue à la politique par l'engagement associatif.
Christian Bresson, maire de Saulx, retire son écharpe de maire, le 7 janvier 2020
AFP
Dans son petit bureau aux murs jaunes, si mal isolé qu'elle y porte sa doudoune, Mme Weber raconte les nuits passées à se tracasser, lorsqu'elle cherchait des fonds pour bâtir une nouvelle école ou des solutions pour les parents dont les enfants n'avaient pas de place au périscolaire.
Elle pointe aussi les recours systématiques d'habitants qui allongent les délais de mise en oeuvre du moindre projet. "On a mis un préfabriqué dans la cour de l'école maternelle, ça a donné un recours", soupire-t-elle.
Les trois élus, tous sans étiquette, décrivent pourtant les immenses satisfactions tirées de leur fonction, de la célébration des mariages à la fête de Noël des aînés où "vous emmagasinez du bonheur pour trois mois", en passant par les journées citoyennes où chacun met la main à la pâte pour améliorer les espaces publics.
Mais avec des normes toujours plus nombreuses et des moyens qui ne suivent pas, l'enthousiasme s'étiole, entre deux réunions et une avalanche de courriels.
- 580 euros par mois -
Anne-Catherine Weber, maire de Plobsheim, dans la banlieue de Strasbourg, pose devant sa mairie, le 2 janvier 2020
AFP
"Avec la loi NOTRe (adoptée en 2015 et qui confie, entre autres, la gestion de l'eau et des déchets aux intercommunalités, NDLR), les compétences intéressantes vont partir aux communautés de communes et les maires des petits villages ne vont plus gérer que les problèmes de chiens, de voisinage, l'état civil, le cimetière... C'est gai !", prédit Philippe Bel.
"La com'com, j'y croyais, mais on n'y a rien gagné. On va vers la fin des petites communes et je ne veux pas en être le fossoyeur", assène l'édile qui indique toucher environ 580 euros par mois, pour plus de 20 heures par semaine.
Anne-Catherine Weber, maire de Plobsheim, près de Strasbourg, dans son bureau de la mairie le 2 janvier 2020
AFP
Petite lueur à l'horizon : la loi "Engagement et proximité" adoptée en décembre entend répondre au sentiment d'impuissance des maires et faciliter leur quotidien, via la revalorisation de leurs indemnités, la prise en charge de frais de garde des enfants ou un droit à la formation dès le début du mandat.
Selon une étude menée en novembre 2019 par le CEVIPOF et l'Association des maires de France auprès de quelque 6.000 maires, 48% d'entre eux étaient alors certains de se représenter, 23% restaient indécis et 28% souhaitaient abandonner.
L'étude montrait un net "effet taille", avec près de deux fois plus d'abandons chez les maires des communes de moins de 3.500 habitants que chez ceux de plus de 30.000.
Alors que plus de 60 % des Français placent le problème du logement en tête de leurs préoccupations, Dialogue citoyen donne la parole à une habitante des Côtes-d’Armor frappée de plein fouet par la crise du logement.
Après une nuit de bombardements sur Kiev, Volodymyr Zelensky doit rencontrer Donald Trump ce dimanche 28 décembre en Floride pour finaliser un plan de paix. Un rapprochement qui pourrait infléchir la position de la Russie et accélérer la conclusion d’un cessez-le-feu.
Edouard Balladur élu en 1995, DSK en 2012, Alain Juppé en 2017… Et Jordan Bardella en 2027 ? Voici les résultats des élections présidentielles, si l’on était dans un monde parallèle. Celui des sondages, à 18 mois environ du scrutin. Car si les sondages peuvent donner la tendance du moment, ils ne sont pas des prédictions, l’histoire nous l’a monté. Mais parfois, ils ont aussi vu juste, très en amont…
Après un faible regain en novembre, le président de la République atteint à nouveau son plus faible niveau de confiance depuis 2017. Si la défiance touche l’ensemble de l’exécutif, Emmanuel Macron cristallise le désaveu tandis que sur la scène nationale, seul le RN est en progression.