Charles Pasqua, un gaulliste dans l’arène du Sénat

Charles Pasqua, un gaulliste dans l’arène du Sénat

Membre du Sénat pendant 23 ans, député européen, ministre de l’Intérieur à deux reprises, le gaulliste Charles Pasqua est une figure incontournable de la droite française. Auteur de nombreuses phrases devenues cultes, il était connu et craint pour ses talents oratoires.
Mathilde Nutarelli

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« Sans de Gaulle et Paul Ricard, je ne serais pas ce que je suis ». Résistant, deux fois ministre, parlementaire, élu local, Charles Pasqua a un parcours politique fourni. Célèbre pour son bagou, ce gaulliste convaincu a commencé comme représentant chez Ricard.

Il siège au Palais du Luxembourg pendant 23 ans, par intermittences, de 1977 à 2011. Le sénateur des Hauts-de-Seine a présidé le groupe du Rassemblement pour la République (RPR) de 1981 à 1986 et de 1988 à 1993.

Habitué des joutes oratoires et des phrases chocs

L’homme qui « faisait rire et pleurer tout à la fois » était connu et craint pour ses talents oratoires. Sa tendance à ne pas se laisser marcher sur les pieds et à trouver les bons mots en faisait un parlementaire redoutable, auteur de nombreuses phrases devenues cultes.

Le 20 août 1985, lors de la discussion du projet de loi sur le statut de Nouvelle-Calédonie, alors que le Premier ministre, Laurent Fabius, est absent de l’hémicycle, Charles Pasqua l’invective : « Il y a longtemps que Monsieur Fabius a atteint son niveau d’incompétence. Qu’il démissionne, c’est le seul service qu’il puisse encore rendre à la République. »

Charles Pasqua - Mes Années Sénat
13:06

C’était un habitué des joutes oratoires et des phrases chocs. En 2004, en plein Angolagate (une affaire de vente d’armes en Angola), une journaliste lui demande s’il est rassuré de retrouver son immunité parlementaire suite à sa réélection au Sénat. Il lui répond : « Vous avez une vision médiocre de la vie. […] J’ai risqué ma vie et j’ai servi la France, le reste je m’en fous ».

Charles Pasqua s’est souvent défendu avec force et à grands bruits de toutes les affaires auxquelles il a pu être associé. Dans une émission en 2011, il explique : « Immunité ou pas, ce qui compte, c’est que quand on se regarde dans sa glace le matin, on sache qu’on n’est pas un salaud. Pour le reste, la justice y pourvoira. »

En ce qui concerne les affaires, on lui attribue d’ailleurs la phrase « Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire, et si nécessaire une autre affaire dans l’affaire de l’affaire, jusqu’à ce que personne n’y comprenne plus rien. » 

La bataille de Maastricht : « Liberté je chéris ton non »

Au-delà de ses phrases célèbres et de ses invectives, Charles Pasqua s’engage au Sénat pour une France souveraine dans une Europe des Etats, dans la lignée idéologique de Charles de Gaulle.

En 1992, lors des débats autour du traité de Maastricht et du référendum organisé pour sa ratification, Charles Pasqua s’implique particulièrement pour le « Non », aux côtés de Philippe Séguin. Ils sillonnent la France, avec le slogan « Liberté, j’écris ton non ». Bien que leur camp perde la bataille, la campagne qu’ils ont menée marque les esprits.

La bataille pour la présidence du Sénat

En 1992, Charles Pasqua entame sa neuvième année en tant que président du groupe RPR. Il a été ministre de l’Intérieur, entretient de bonnes relations avec Alain Poher, alors président du Sénat, maîtrise tous les rouages du Parlement. Il se présente donc face au centriste René Monory pour la présidence de la Haute assemblée. La bataille est loin d’être gagnée. Le groupe centriste est en effet majoritaire au Sénat depuis plus de vingt ans.

Charles Pasqua s’engage devant les médias : « S’il y a seulement une voix d’écart entre Monsieur Monory et moi, je me retire immédiatement et nous voterons pour lui. » La sentence tombe, ce dernier obtient plus de voix que lui, Pasqua se retire à son profit. « Je savais très bien qu’à partir du moment où j’avais pris les positions que j’avais prises sur Maastricht, un certain nombre de gens n’auraient pas voté pour moi et c’est ce qui s’est passé », explique-t-il dix-neuf ans plus tard à Public Sénat.

Le sénateur demeure à la tête du groupe du RPR jusqu’en 1993 et ne brigue pas de nouveau mandat en 2011.

 

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