Chasse à la glu : tirs croisés entre sénateurs en pleine campagne pour les sénatoriales
En pleine campagne pour les sénatoriales, une sénatrice des Alpes-Maritimes a pris la défense de la chasse à la glu, une méthode contestée et condamnée par l’Union Européenne. Une position qui la place sous le feu nourri des protecteurs des animaux.

Chasse à la glu : tirs croisés entre sénateurs en pleine campagne pour les sénatoriales

En pleine campagne pour les sénatoriales, une sénatrice des Alpes-Maritimes a pris la défense de la chasse à la glu, une méthode contestée et condamnée par l’Union Européenne. Une position qui la place sous le feu nourri des protecteurs des animaux.
Public Sénat

Par Hugo Lemonier

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Faut-il y voir une coïncidence ? En campagne pour sa réélection, la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, élue dans les Alpes-Maritimes, a publié un post sur les réseaux sociaux pour prendre la défense de la chasse à la glu. Cette pratique contestée, consistant à piéger des oiseaux avec de la colle, serait en passe d’être interdite par la nouvelle ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

Ce soutien appuyé à cette chasse décriée a aussitôt provoqué une levée de boucliers sur twitter, y compris chez ses collègues de la Haute assemblée, comme la sénatrice Sylvie Goy-Chavent (Les Démocrates) : « Quelle tristesse et quelle déception d'apprendre que Dominique Estrosi a si peu de cœur ! », a-t-elle lancé.

D’après Franceinfo, la ministre en a informé la Fédération des chasseurs fin juillet : la chasse à la glu serait interdite dès la saison 2020-2021. Proscrite dans l'ensemble de l'Union européenne, cette pratique bénéficiait d'un régime dérogatoire dans cinq départements français. Willy Schraen, le président de l’organisation, a aussitôt annoncé une « action forte d'ampleur nationale » en réponse à la décision de Barbara Pompili.

Quand Emmanuel Macron chantait les louanges des « chasses traditionnelles »

La ministre tente pourtant de se conformer à la directive européenne 2009/147, dite « directive oiseaux », qui vise à protéger les espèces naturellement présentes à l’état sauvage dans l’UE. La France avait été mise en demeure en juillet 2019 par la Commission européenne et risquerait, si elle ne s’y soumet pas, des poursuites en justice.

Mais cet argument ne convainc pas Dominique Estrosi Sassone, qui renvoie l’exécutif à ses promesses passées : « Le président de la République s’était engagé à maintenir les traditionnelles », rappelle-t-elle. « À lui de prendre ses responsabilités. Ce mode de chasse est consacré par des usages traditionnels, séculaires. Ils appartiennent à notre patrimoine cynégétique national. » Le Sénat avait même voté en faveur d'une modification du code l'environnement, reconnaissant officiellement la chasse à la glu.

« Une pratique totalement barbare »

Cette méthode dite « traditionnelle » n’est autorisée que dans cinq départements en France : Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse. Elle ne peut être employée que pour capturer des grives (draines, litornes, mauvis et musiciennes) et des merles noirs, pendant la période de chasse fixée par le préfet.

« Heureusement que certaines traditions se sont perdues… », rétorque Guillaume Gontard, sénateur écologiste de l’Isère, qui se présente comme un élu « pas farouchement opposé à la chasse ». « En l’occurrence, cela concerne très peu de personnes et cela ne me paraît pas indispensable sachant que c’est une pratique totalement barbare. »

Le volatile, englué à la branche d’un arbre, est récupéré par les chasseurs, nettoyé et conservé dans une volière. Il est ensuite utilisé comme appât, enfermé dans une cage : son chant attire ses congénères qui sont abattus.

Un impact « minime » sur la biodiversité

« L’impact sur la biodiversité reste minime », reconnaît toutefois le sénateur écologiste. Selon ses défenseurs, la chasse à la glu concernerait 42 000 prises de grives et merles autorisées par saison. Et même beaucoup moins à en croire Dominique Estrosi Sassone : « Il y a une baisse continue des prélèvements, qui représentent en moyenne sur l’ensemble des cinq départements, la moitié des quotas qui sont prévus par an. »

À ce rythme-là, la chasse à la glu risque bien de « disparaître d’elle-même », remarque la parlementaire Les Républicains. Mais en ces temps de sénatoriales, elle aurait eu tort de ne pas voler au secours des chasseurs.

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