Cherif Chekatt : profil de « menace endogène » selon un rapport du Sénat
Principal suspect de l’attentat de Strasbourg, Cherif Chekatt a été abattu jeudi soir. Français, délinquant multirécidiviste, il représente une menace jugée de plus en plus « sournoise » depuis la chute de l’État islamique selon une commission d’enquête du Sénat. 

Cherif Chekatt : profil de « menace endogène » selon un rapport du Sénat

Principal suspect de l’attentat de Strasbourg, Cherif Chekatt a été abattu jeudi soir. Français, délinquant multirécidiviste, il représente une menace jugée de plus en plus « sournoise » depuis la chute de l’État islamique selon une commission d’enquête du Sénat. 
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« Nous avons sorti le rapport en juillet, depuis, aucun ministre ne nous a reçus » regrette, ce vendredi, la sénatrice centriste, Sylvie Goy-Chavent. Le 10 juillet dernier, Sylvie Goy-Chavent (rapporteure) et Bernard Cazeau (président) présentaient les conclusions de la commission d’enquête : « Menace terroriste : pour une République juste mais plus ferme ».

Après 6 mois de travaux et 32 auditions, les élus formulaient 63 propositions, pour faire face à une menace jugée de plus en plus « sournoise » depuis la chute de l’État islamique.

« La figure du loup solitaire n’existe pas »

À ce stade de l’enquête, le profil de Cherif Chekatt, principal suspect de l’attentat de Strasbourg, semble correspondre à la menace désormais essentiellement « endogène » (intérieure) pointée par les sénateurs. Délinquant multirécidiviste, Cherif Chekatt n’avait à ce jour aucun lien connu avec la Syrie ou Daesh. La revendication de la fusillade de Strasbourg par l’organisation terroriste a été qualifiée par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner de « totalement opportuniste ».

Rien n’indique non plus, pour le moment, que le terroriste de Strasbourg était un « loup solitaire ». Comme le souligne le rapport sénatorial, « la figure du loup solitaire, largement mise en avant par les médias lors des passages à l’acte par une personne seule, n’existe pas dans le champ des passages à l’acte djihadistes ». « La plupart des passages à l’acte sur le territoire français se [font] dans le cadre de réseaux organisés à plus ou moins grande échelle ».

En ce qui concerne Cherif Chekatt, Le Monde indique que parmi les personnes interpellées dans son entourage « l'une d'entre elles a fait l'objet d'une assignation à résidence ces derniers mois, dans le cadre de la loi de sécurité intérieure. Son frère, Samy, est également fiché S. « Cherif Chekatt évoluait au sein d'une petite bande violente, un pied dans la délinquance, un pied dans l'islam salafiste » révèle une source au Monde.

« Peu de terroristes ne sont pas passés par le salafisme »

« Si tous les salafistes ne sont pas des terroristes, en revanche, peu de terroristes ne sont pas passés par le salafisme » indiquaient les membres des services de renseignement à la commission d’enquête. « Parmi nos propositions, nous demandons que le salafisme soit inscrit sur la liste des dérives sectaires de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). Le salafisme gangrène l’islam de France » estime Sylvie Goy-Chavent.

Pour une sonorisation des cellules des détenus radicalisés

Autre interrogation concernant Cherif Cherkatt, sa possible radicalisation lors de ses très nombreux passages en prison. D’après l’AFP, lors de sa détention, il avait été repéré pour son prosélytisme « parfois agressif », il avait également une affiche de Ben Laden dans une de ses cellules. La commission d’enquête propose plusieurs pistes relevant du Bureau central du renseignement pénitentiaire (BCRP). Lors d’une visite au sein des quartiers d’évaluation de la radicalisation (QER) des maisons d’arrêt d’Osny et de Fleury-Mérogis, les sénateurs avaient constaté « qu’aucune technique de sonorisation des cellules n’avait été déployée ». La commission d’enquête a donc demandé qu’une sonorisation des cellules et des lieux de détention collectifs fréquentés par les individus signalés, soit mise en place.

Les sénateurs favorables à l’accès au fichier FSPRT pour les maires

Autre demande des élus de la chambre haute, la présence des maires, s’ils en font la requête, aux réunions des groupes d’évaluation départementaux (GED) afin qu’ils aient accès à la liste des individus inscrits au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) présents dans leur commune. « Nous avions auditionné Laurent Nuñez qui était à l’époque patron de la DGSI (actuellement secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur). C’est quelqu’un qui a la culture du secret. Il n’y était pas favorable par crainte des fuites » se souvient Bernard Cazeau. Les sénateurs souhaitaient aussi étendre à toutes les préfectures, « le pôle de lutte contre l’islam radical », mis en place par la préfecture de police de Paris, « afin de mieux lutter contre le communautarisme et la prégnance du fait religieux dans certains quartiers ».

À noter que cette commission d’enquête du Sénat succède à une autre, mise en place en avril 2015, intitulée : « Filières djihadistes : pour une réponse globale et sans faiblesse », co -présidée par la sénatrice UDI Nathalie Goulet et André Reichardt (LR), avec pour rapporteur le sénateur PS Jean-Pierre Sueur (voir notre article).

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