A peine arrivés, les voilà cueillis par une salve de questions. « Mr Juppé vous venez ici en tant qu’opposant de François Fillon ? ». « Monsieur Fillon vous avez besoin d’Alain Juppé pour adoucir votre image ? ». Mauvais timing pour cette sortie en couple. En effet, dans le Canard Enchaîné de ce mercredi, une phrase concernant le mouvement politique Sens Commun, est attribuée au maire de Bordeaux : « Je ne soutiendrai pas un gouvernement dont la ligne serait dictée par Sens commun. C’est simple, je serai dans l’opposition ». Il n’en fallait pas plus pour détourner l’attention du programme numérique du candidat LR. « Est-ce que vous pouvez me poser des questions intelligentes ? » s’agace François Fillon. Quant à Alain Juppé, il dément ces propos que lui prête l’hebdomadaire satirique : « si je répondais à tous les ragots, on ne serait pas couché » a-t-il répété à plusieurs reprises.
Entre Alain Juppé et François Fillon, la poignée de main est froide. « Moi qui suis à Bordeaux à ses côtés, je peux vous dire qu’il (Alain Juppé) a renouvelé son soutien à François Fillon à maintes reprises » (…) Le soutien d’Alain Juppé à François Fillon a toujours été présent et vous ne pouvez pas démontrer le contraire » met au défi les journalistes, Virginie Calmels, première adjointe au maire de Bordeaux (voir la vidéo)
Virginie Calmels : "Le soutien d’Alain Juppé à François Fillon a toujours été présent"
C’est oublier un peu vite les mots d’Alain Juppé, le mois dernier, alors pressé par certains élus LR de prendre la relève de François Fillon. « Gâchis » (…) « son système de défense fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot et d’une volonté d’assassinat politique l’ont conduit dans une impasse »(…) « Comme l’a montré la manifestation d’hier au Trocadéro, le noyau des militants et sympathisants LR s’est radicalisé » déplorait le maire de Bordeaux, lors d’une conférence de presse, le 6 mars.
Dans la dernière ligne droite de la campagne, Alain Juppé semble avoir mis en sourdine ses doutes sur la stratégie du candidat LR. Pendant plus d’une heure, les deux finalistes de la primaire de droite ont déambulé dans les couloirs du géant du streaming. Une visite préparée à la dernière minute, initialement François Fillon et Alain Juppé devaient officialiser leurs retrouvailles à l’école 42, fleuron français de l’apprentissage du code. Mais voilà, les étudiants sont parfois facétieux et certains avaient prévu de rappeler au candidat les affaires qui l’entourent. Annulée officiellement pour des raisons de sécurité, la visite a donc été déplacée chez Deezer. Xavier Niel, co-fondateur de l’école 42, était du cortège qui accompagnait François Fillon et Alain Juppé et dégomme à lui tout seul la raison officielle de ce changement d’agenda. « Il y a trop de caméras mais je crois que c’est un véritable problème de sécurité. J’adorerais que nos élèves soient aussi révolutionnaires que les gens le disent, donc continuer de propager cette info » ironise-t-il. ( voir la vidéo)
Xavier Niel ironise sur la non venue de François Fillon à l'école 42
Hors caméra, le patron de Free estime « qu’il est bien possible » que certains élèves aient prévu d’accueillir l’ancien Premier ministre avec des « rends l'argent, François » écrits sur les portiques d’entrée et sur les fonds d’écran d’ordinateurs. En annulant sa venue à l’école 42, François Fillon n’a fait que limiter les effets néfastes de ces potentielles images. En effet, chez Deezer aussi, plusieurs salariés ont manifesté, à leur manière, leur désapprobation à cette visite.