"Fillon? je pensais voter pour lui. Mais là, il est grillé", souffle Christian Gregori, dirigeant d'une PME. Si leur coeur balançait il y a peu...
Chez les petits patrons, Fillon n’a plus la cote
"Fillon? je pensais voter pour lui. Mais là, il est grillé", souffle Christian Gregori, dirigeant d'une PME. Si leur coeur balançait il y a peu...
Par Eleonore DERMY
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"Fillon? je pensais voter pour lui. Mais là, il est grillé", souffle Christian Gregori, dirigeant d'une PME. Si leur coeur balançait il y a peu entre le candidat de la droite et Emmanuel Macron, de nombreux entrepreneurs ne croient plus à l'avenir de l'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
Presque tous les candidats, de François Fillon à Marine Le Pen en passant par Emmanuel Macron ou Benoît Hamon, ont arpenté mercredi et jeudi les travées du 24e Salon des entrepreneurs à Paris, suivis par une nuée de journalistes dans une ambiance de foire d'empoigne, devant le regard médusé de nombreux visiteurs.
"Il faut bien qu'ils montrent qu'ils s'intéressent aux entreprises et aux entrepreneurs. Cela semble un peu un passage obligé", sourit Christian Gregori, observant de loin la mêlée formée autour du candidat d'En Marche!
Pour ce chef d'entreprise, l'ex-ministre de l'Economie apparaît désormais comme la seule alternative crédible pour la présidentielle. "C'est le seul qui reste", confie-t-il à l'AFP.
Emmanuel Macron en visite au Salon des Entrepreneurs le 2 février 2017 à Paris
AFP
Charles Thenoz, patron d'une petite entreprise de conseil aux dirigeants d'entreprise, se dit séduit après avoir écouté la courte intervention de M. Macron au Salon, au cours de laquelle il a parlé allègements de charges, suppression du Régime social des indépendants (RSI) ou encore assurance chômage universelle.
"Je trouve qu'il a le sens du concret, ce qui manque à beaucoup d'hommes politiques", déclare-t-il à l'AFP. "Il sait parler de la vie du quotidien", poursuit-il. "Mais son programme n'est pas encore assez clair" sur d'autres aspects, nuance-t-il toutefois.
"Il a des mesures de bon sens", estime pour sa part Yacine, patron d'une entreprise de sécurité, saluant sa proposition de vouloir accorder aux entrepreneurs le droit à l'assurance-chômage.
Lui aussi dit avoir regardé avec intérêt les propositions de François Fillon. Mais maintenant que le "Penelopegate" a éclaté, "il ferait mieux de laisser sa place aux autres", pense le jeune dirigeant.
Le candidat de la droite pouvait compter il y a peu encore sur le soutien d'une majeure partie des patrons, avec son programme pro-entreprises, entre allègements de charges, suppression des 35 heures, simplification du droit du travail et dégraissage de la fonction publique.
- 'Coup de massue' -
Mais "il a perdu toute légitimité", dit Olivier de Lannurien, à la tête d'un petit fabricant de matériel informatique spécialisé dans le domaine de la défense.
"Le programme de Fillon me séduisait parce qu'il marquait une rupture, une conviction, une volonté de changement", reconnaît-il auprès de l'AFP. Mais cette affaire est "un vrai coup de massue", et même s'il restait en course, il risque avec son programme de "soulever une France qui aura toute légitimité à le faire".
Pour autant, ce patron n'est pas sous le charme d'Emmanuel Macron. "Je le trouve trop démagogique et opportuniste", déclare-t-il.
Benoît Hamon en visite au Salon des Entrepreneurs le 2 février 2017 à Paris
AFP
Quant à Benoît Hamon, vainqueur de la primaire élargie du PS, "c'est un petit peu n'importe quoi", juge M. de Lannurien. "Ca me fait peur. J'ai du mal à concevoir que les Français qui ont subi et vilipendé François Hollande puissent remettre le couvert avec Hamon", dit-il.
Sébastien Bonneau, avocat d'affaire qui a monté il y a quatre ans sa société de conseil pour les entreprises en croissance, juge lui que M. Macron "peut représenter le renouveau".
"Je ne suis pas convaincu que le fait qu'il paraisse un peu vert soit un problème", dit cet entrepreneur, qui attend surtout du prochain président qu'il réhabilite l'entreprise.
"Il faudrait inculquer cela dès l'école, valoriser la prise de risque", estime-t-il. "C'est un état d'esprit."
Marie-France Samba, à la tête d'une école d'anglais pour les enfants, est du même avis. "C'est aux politiques de susciter cette envie de créer, d'insuffler cet état d'esprit", insiste-t-elle. "J'ai envie d'un candidat qui fasse rêver."
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