Chez LR, on appelle déjà à une « remise à plat » et à un « devoir de réflexion » sur la ligne

Chez LR, on appelle déjà à une « remise à plat » et à un « devoir de réflexion » sur la ligne

« Superficialité », pas « assez travaillé »… Chez les LR, avant même la possible défaite de Valérie Pécresse, on s’interroge sur le problème d’identité du parti, pris en tenaille entre l’extrême droite et Emmanuel Macron. La faute à un manque « de travail » de fond « depuis 5 ans » et un déficit de « leadership ».
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La campagne de Valérie Pécresse n’est pas terminée, mais déjà, chez les LR, on commence à faire le bilan. Dans une tribune publiée dans Le Monde, titrée « Chez Les Républicains comme à gauche, la faiblesse a été d’abandonner le terrain au Rassemblement national », le sénateur LR Philippe Bas met en garde sa famille politique contre toute tentation de s’inspirer de l’extrême droite. « Ce n’est pas en reproduisant son discours qu’on retrouvera l’adhésion des classes moyennes, c’est au contraire en combattant ses chimères, sa brutalité », soutient le sénateur de la Manche. L’emploi du terme « grand remplacement » par Valérie Pécresse, même pour le critiquer, avait fait débat en février, lors de son meeting du Zénith. « Toute recherche d’une synthèse avec « l’autre droite », que nous combattons depuis toujours, serait contre nature et nécessairement vouée à l’échec », écrit encore l’ancien secrétaire général de l’Elysée de Jacques Chirac, alors que l’après présidentielle semble celui de tous les dangers pour les LR.

« Depuis 2017, il y a un déficit de réflexion sur ce que nous voulons, nous, Les Républicains »

Que Philippe Bas pose des questions et des jalons, c’est symptomatique d’un manque de clarté dans la ligne défendue, que les LR traînent finalement comme un boulet. « On a, à juste titre, et je remercie Philippe Bas de l’avoir ouvert, un devoir de réflexion et d’analyse. C’est un devoir auquel nous n’avons pas assez souscrit depuis 5 ans. On a perdu 2017, beaucoup pensent par les événements extérieurs à la campagne. Mais je pense que le plus grave, c’est que depuis 2017, il y a un déficit de réflexion sur ce que nous voulons, nous, Les Républicains », estime l’ancien ministre et sénateur LR Gérard Longuet.

« Je pense qu’on a malheureusement une attitude trop figée, intellectuellement. Il y a des débats sur l’Europe, les institutions, l’ouverture des frontières », continue Gérard Longuet, qui résume ainsi : « On a le cul entre deux chaises. On accepte la mondialisation, sans l’accepter. On accepte nos institutions, sans les accepter. On est dans une ambiguïté, qui procède d’une absence d’approfondissement. On a à la fois le Grenelle de l’environnement et une impréparation à la décarbonation de notre économie et des énergies ». Une ambiguïté qu’on subit généralement à ses dépens. Le sénateur de la Meuse conclut :

Il y a une superficialité dont on paie le prix aujourd’hui par l’absence de choix.

Lire aussi » Chez LR, derrière l’unité de façade, les inquiétudes sur la stratégie à adopter pour un second tour sans Pécresse

Interrogé ce mardi matin dans la matinale de Public Sénat sur la tribune de Philippe Bas, le président du groupe LR, Bruno Retailleau, estime qu’« il a raison ». Mais ce qui ne veut pas dire, selon le sénateur de Vendée, qu’il ne faut pas parler des sujets d’immigration. « Depuis 30 ans, je pense que la droite n’a pas suffisamment assumé les valeurs de droite. Dans cette campagne, et pendant la primaire, nos candidats ont convergé sur une ligne qui n’était pas la plus l’ancienne, mais une ligne de droite vraiment assumée, sans concession mais sans excès non plus », soutient Bruno Retailleau, fidèle à sa ligne. Regardez :

« Il y a un sujet majeur »

Dans cette volonté de clarifier, on observe des nuances. Le sénateur LR de l’Oise, Jérôme Basher, qui avait soutenu Xavier Bertrand, se dit aussi « totalement en accord avec Philippe Bas ». Il défend l’idée d’une « droite raisonnable, rationnelle, qui n’a pas besoin de propos brutaux et de désigner des boucs émissaires. Zemmour a largement désigné le monde musulman comme bouc émissaire, Le Pen l’immigration. Ce n’est pas la droite, telle qu’on l’envisage ».

Reste que les LR ne sont toujours pas au clair entre eux sur la ligne. « C’est vrai. Il y a un sujet majeur. C’est que le parti, faute sans doute de leader pour l’imposer, n’a pas réfléchi à ses idées et n’a pas incarné d’idées fortes et nouvelles », pointe du doigt Jérôme Bascher, qui ajoute : « Nous n’avons pas travaillé assez et réfléchi assez. Et le processus des primaires nuit à cela, car chacun a intérêt à se démarquer. On s’est plutôt dispersés dans les écuries ».

« Les gens préfèrent toujours l’original à la copie »

Dominique Estrosi Sassone parle elle « de remise à plat » pour savoir « comment incarner cette droite républicaine, qui ne soit pas être cette droite extrême ». La sénatrice LR des Alpes-Maritimes met en garde contre le risque de « grand écart. On l’a vu tout au long de la campagne. C’est difficile de parler aussi bien à des gens pour qui les discours très à droite résonnent, qu’à ceux qui se reconnaissent dans un discours de centre droit ».

S’il faut « tout faire pour mobiliser pour notre candidate pour dimanche », le sénateur François-Noël Buffet reconnaît qu’« à l’issue des élections, il sera temps de se poser les bonnes questions, effectivement. Et en toute hypothèse, je partage l’idée que nous devrons rester sur nos valeurs, nos convictions et les défendre ». Il ajoute :

Ce n’est pas que de la com’, une campagne électorale. S’il n’y a pas d’idée, de fond, à un moment, ça va se voir que c’est creux.

Pour le président de la commission des lois, « il faut réaffirmer nos principes très clairs, comme gaullistes, et ne pas être une copie de qui que ce soit. Les gens préfèrent toujours l’original à la copie », ajoute le sénateur LR du Rhône, qui met en garde contre « les calculs électoraux ».

« On doit parler à ceux qui nous ont abandonnés pour aller chez Le Pen ou Zemmour » pour Etienne Blanc

Mais cette vision n’est pas partagée par tous chez les LR, on le sait. Illustration avec un autre sénateur LR du Rhône, Etienne Blanc. « Aujourd’hui, le centre est incontestablement avec Macron dans sa majorité. Nous, où devons-nous aller chercher nos électeurs ? On doit parler à ceux qui nous ont abandonnés pour aller chez Le Pen ou Zemmour. A force de refuser de leur parler, ils sont allés chez Zemmour ou Le Pen. Et à force de les mépriser et de les traiter d’extrêmistes – je ne parle pas d’extrême droite moi, mais de droite plus affirmée – ça provoque ce qui nous arrive. On est aux alentours de 10 % », soutient le sénateur LR du Rhône, qui a parrainé Eric Zemmour. Il craint que les LR, à terme, « disparaissent de la carte ».

Faut-il toujours viser l’union des droites, comme Etienne Blanc nous l’avait affirmé ? « Bien sûr, qu’il faudra rassembler les droites, mais sans renier nos convictions », soutient l’ancien premier vice-président de Laurent Wauquiez, à la région Auvergne-Rhône-Alpes. Faut-il par exemple discuter avec Marion Maréchal ? Pour Etienne Blanc, « il faut créer au sein des LR une structure qui discute avec celles et ceux chez qui sont allés nos électeurs »…

Dans ces conditions, après la défaite probable de Valérie Pécresse, le risque d’une explosion des LR est-il possible ? Pour Jérôme Bascher, il faut minimiser cette hypothèse. Du moins du côté de l’extrême droite. « Il n’y a pas d’avenir chez Zemmour. Il n’y a pas de risque de ce côté-là », pense le sénateur de l’Oise. En revanche, « il y a un risque, non pas du côté d’Emmanuel Macron, mais du côté d’Edouard Philippe. Certains seront tentés par l’aventure Philippe, dans tous les groupes et partis », prédit Jérôme Bascher. Avec Horizons, Edouard Philippe ambitionne en effet d’incarner dans un premier temps le centre-droit macroniste, avant de voler pour ses propres couleurs en vue de 2027, sous une ligne de centre droit. Ce sera peut-être, finalement, le retour du clivage gauche/droite…

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