Première urgence pour Les Républicains ce lundi matin, après leur défaite cuisante au premier tour de l’élection présidentielle : limiter les fractures qui se sont ouvertes sur la stratégie à adopter face au duel Emmanuel Macron – Marine Le Pen. Si Valérie Pécresse, qui a fini avec seulement 4,8 % des suffrages exprimés, a indiqué dimanche soir qu’elle voterait « en conscience » pour le président sortant au second tour, appelant ses électeurs à « peser dans les jours qui viennent avec gravité les conséquences potentiellement désastreuses […] de tout choix différent du sien », cette consigne, qui ne dit pas son nom, n’a pas vraiment fait l’unanimité. Dans la soirée, les députés Éric Ciotti et Julien Aubert se sont refusés à donner une consigne de vote, précisant néanmoins qu’ils ne soutiendraient pas le chef de l’Etat. À l’issue d’un bureau politique qui s’est tenu lundi, le parti s’est reporté sur un entre-deux, en évitant toutefois de renvoyer les deux finalistes dos à dos : pas de voix pour Marine Le Pen, mais pas de consigne de vote non plus. Une position qui rappelle d’ailleurs celle adoptée par Jean-Luc Mélenchon dimanche soir.
« Les Républicains ne sont fongibles ni dans le macronisme, ni dans le lepénisme »
« Notre famille politique a toujours été et reste un adversaire déterminé du Rassemblement national, aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen. Son projet politique et économique nous conduirait au chaos. Les Républicains ne sont fongibles ni dans le macronisme, ni dans le lepénisme », lit-on dans le texte adopté par les membres de bureau en début d’après-midi « À une très large unanimité, pour ne pas dire la majorité », a précisé Christian Jacob, le président des Républicains, lors d’un point presse. « Le choix d’Éric Zemmour, c’est le choix de Le Pen », a également tenu à préciser le député de Seine-et-Marne. « Les choses sont claires. Il a appelé à voter pour Marine Le Pen. »
Cette posture rappelle que LR, émanation historique de l’UDR de Charles de Gaulle et du RPR de Jacques Chirac, a toujours voulu faire digue contre l’extrême droite. Mais le silence de cette motion à propos de l’autre finaliste de l’élection, le président sortant, qui n’est jamais directement nommé, permet aussi à la droite de se maintenir comme force d’opposition. Et ce alors que certains responsables, comme le maire de Meaux Jean-François Copé, ont évoqué dimanche soir la possibilité de construire avec LREM « un pacte de gouvernement », « mais pas en allant à Canossa ou en renonçant à son identité ».
« Ce qui compte, c’est l’unité et l’unité est dans l’indépendance. L’indépendance de la droite et du centre, de la droite républicaine à l’Assemblée nationale ou nous devons constituer un groupe parlementaire qui sera amené à soutenir la majorité ou à s’y opposer », a balayé Christian Jacob. « Notre famille politique est diverse, elle l’était en 2017. Certains feront le choix du vote blanc, d’autres mettront un bulletin Macron, ce sera mon cas. Cela ne vaut ni caution à son bilan, ni adhésion à son projet », a-t-il ajouté.
La situation financière délicate de Valérie Pécresse
Valérie Pécresse, comme tous les candidats à la présidentielle, peut compter sur un remboursement de ses frais de campagne à hauteur de 800 000 euros. Mais, avec un score en deçà du seuil fatidique des 5 %, elle ne pourra pas bénéficier d’un remboursement intégral, après validation des comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. Le parti a accordé 5 millions d’euros à la candidate investie. Lundi matin, celle-ci a fait savoir durant un point presse informel qu’il manquait 7 millions pour boucler le budget de sa campagne, précisant qu’elle s’était « personnellement » endettée « à hauteur de 5 millions d’euros ». La présidente de la région Île-de-France a donc lancé un appel aux dons pour pouvoir honorer, d’ici le 25 mai, certaines échéances.
Le parti est-il prêt à lui venir en aide ? « Cela fait partie des discussions que nous allons avoir. Les comptes de campagne sont en cours de bouclage. Nous présenterons, le moment venu, un point financier précis », a indiqué Christian Jacob. « Bien évidemment, on ne s’était pas mis dans cette perspective d’être en dessous du seuil de remboursement. »