Les indicateurs en baisse de l'économie française en 2018 sonnent "la fin des illusions" autour de la politique d'Emmanuel Macron, estime Michel Sapin, ancien ministre de l’Économie et conseiller de François Hollande, dans une tribune parue vendredi sur le site de Libération.
"C'est la fin des illusions. Un nouveau président, un nouveau gouvernement, une nouvelle majorité devaient entraîner une nouvelle ère, un nouveau monde, un choc de confiance retrouvée. Ni la politique fiscale, outrageusement favorable aux fortunes financières, ni l’adoption des ordonnances réformant le code du travail, n’ont créé le moindre choc de confiance chez les entrepreneurs et les acteurs de l’économie française", écrit M. Sapin.
"En fait, le péché originel de la politique d’Emmanuel Macron se trouve dans cette décision de faire adopter à marche forcée une fiscalité en faveur des très riches qui va vite coûter en année pleine entre 7 et 10 milliards d’euros, et d’avoir financé cet allégement injuste et inefficace par un prélèvement sur l'ensemble des ménages français plombant ainsi consommation et croissance", juge-t-il.
"Allégée de plus de cinq milliards, la fiscalité des plus grandes fortunes françaises n’a eu aucun effet ni sur la consommation ni sur l’investissement: la théorie du +ruissellement+ est une fable pour milliardaires, la parabole du +premier de cordée+ est une illusion pour premier communiant", attaque M. Sapin.
"La comparaison entre les deux périodes, celle du quinquennat finissant et celle du quinquennat commençant est explicite: au premier semestre 2017, la croissance française affichait un rythme largement supérieur à 2% (+0.8% et +0.6% au 1e et 2e trimestre) Elle est aujourd’hui, en 2018, inférieure à 0.8% (+0.2% et +0.2% au 1e et 2e trimestre). Trois fois moindre !", argumente l'ancien ministre.
"Au premier semestre 2017, la création nette d’emplois dans le secteur privé, hors de tout emploi aidé, fut de 190 000. Au premier semestre 2018, le chiffre est de 70 000, soit plus de deux fois moins", développe M. Sapin.
"Et chaque grand indicateur de l’activité économique française fait apparaître une baisse brutale", ajoute-t-il.
"Évidemment le contexte international et surtout européen rentre en ligne de compte". Mais il y a "bien une explication française aux résultats économiques profondément décevants de la France (...) L’aide à l’embauche dans les petites entreprises a été brutalement stoppée. Le taux du CICE a été diminué et quelques coûts supplémentaires ont été imposés aux entreprises", poursuit-il.