33 000 cas confirmés par Santé Publique France. Si La Réunion n’avait pas recensé de malades du chikungunya depuis 2010, l’arbovirus fait son retour sur l’île depuis le début de l’année. Les deux sénateurs sont d’abord passés par Mayotte, archipel encore dévasté par le cyclone Chido depuis décembre dernier. Ils ont pu constater les dégâts causés par la catastrophe naturelle. 4 cas de chikungunya y ont été détectés. Élisabeth Doineau déplore l’enchaînement des évènements sur les territoires ultramarins : « Après le cyclone Chido, cette épidémie est une autre catastrophe pour les Outre-mer ».
« Des services sont déstabilisés par le chikungunya, en raison du nombre de patients, mais aussi parce que des médecins sont également touchés »
Un plan blanc a été déclenché par le préfet de l’Ile début avril. « L’ensemble des équipes sont concernées et sont impliquées. Ils sont tous en soutien, dans le public comme dans le privé. Tous les soignants s’organisent pour accueillir les patients, il y a une complémentarité », assure Élisabeth Doineau. Depuis le début de l’épidémie, 224 hospitalisations de plus de 24 heures ont été dénombrées, concernant principalement des personnes de plus de 65 ans et des bébés de moins de 6 mois. Une tension commence à se faire ressentir dans les hôpitaux, à laquelle s’ajoute une contamination de plus en plus fréquente du personnel hospitalier. Philippe Mouiller a pu observer « des services déstabilisés par le chikungunya, en raison du nombre de patients, mais aussi parce que des médecins sont également touchés ». Néanmoins, pour le président de la commission des affaires sociales, cela n’atteint pas un niveau « où il faut envoyer des renforts », même si quelques lits supplémentaires vont être installés. Par ailleurs, le président de la commission des affaires sociales constate que l’Agence Régionale de Santé est investie avec une structure chargée de combattre les moustiques » : « Des centaines de personnes sont impliquées dans la décontamination ».
« La vaccination arrive un peu tardivement, l’enjeu était il y a un mois »
Par ailleurs, le dépistage et les vaccins visent les personnes les plus vulnérables. Une campagne de vaccination a été lancée le 7 avril. Près de 40 000 vaccins Ixchiq ont été déployés, initialement réservés aux personnes de plus de 65 ans atteints de maladies chroniques, puis étendus aux personnes de moins de 18 ans atteintes de comorbidités. Philippe Mouiller regrette une distribution retardée des vaccins : « La vaccination arrive un peu tardivement, l’enjeu était il y a un mois ».
« Il n’y a pas une personne qui ne connaît pas quelqu’un qui est atteint par la maladie »
Si 33 000 cas ont en effet été confirmés par Santé Publique France, ce nombre diffère de l’ampleur réelle du chikungunya sur l’archipel. L’Agence Régionale de Santé de la Réunion estime qu’il y a en réalité près de 100 000 Réunionnais touchés. Cet écart résiderait dans le fait que tous les malades ne se font pas dépister. Un constat que partage Élisabeth Doineau, rapporteure générale de la commission des affaires sociales : « Il y a des personnes qui sont atteintes, mais qui ne vont pas forcément se manifester ». Les deux sénateurs constatent qu’il « n’y a pas une personne qui ne connaît pas quelqu’un qui est atteint par la maladie ». Un manque de dépistage, qui, selon la sénatrice centriste de la Mayenne, s’explique par un épisode de moindre ampleur que celle qui avait eu lieu en 2005 : « Le virus semble moins fort que la dernière fois, certains se disent que cela va passer ». Entre 2005 et 2006, l’épidémie de chikungunya avait touché 260 000 personnes, soit un tiers de la population réunionnaise, et fait 225 morts ». A l’heure actuelle, « l’épidémie semble atteindre un plateau ». Sur la semaine du 31 mars au 6 avril, près de 4913 cas ont été établis, contre 6800 la semaine précédente.
A l’époque, un rapport d’information avait été rendu au nom de la commission des affaires sociales par deux sénatrices de l’archipel, Anne-Marie Payet et Gélita Hoarau. Philippe Mouiller estime que les deux épidémies ne sont pas comparables, et que ce fait, il n’est pas assuré qu’un tel travail parlementaire puisse être réalisé : « Rien n’est certain. J’ai le sentiment que l’impact est moins important, le système a mieux appréhendé la crise, et à première vue, l’épidémie a moins d’impact sanitaire, même si elle touche tout de même une population fragile ».