Christian Jacob, « bon sens » et rouerie pour prendre les rênes de LR
Premier candidat à la tête de LR, Christian Jacob est un chiraquien historique qui, après des années de syndicalisme agricole et trois...
Par Anne Pascale REBOUL, Charlotte HILL
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Premier candidat à la tête de LR, Christian Jacob est un chiraquien historique qui, après des années de syndicalisme agricole et trois portefeuilles ministériels, dirige depuis près de neuf ans les députés de droite, en "trait d'union" des sensibilités.
Le nom de l'ancien agriculteur-éleveur de 59 ans, qui revendique un "bon sens paysan", a rapidement circulé pour succéder à Laurent Wauquiez, qui a démissionné après l'échec historique de LR aux européennes. "Nous avons besoin de nous retrouver autour d'une personnalité qui apaise, rassemble, concilie", l'a adoubé dans le JDD Brice Hortefeux, proche de Nicolas Sarkozy.
Poussé par les caciques du parti et seul candidat déclaré pour l'instant, il apparaît comme le grand favori pour prendre les rênes en octobre d'un parti en crise, d'autant qu'il ne cultive lui-même pas d'ambition présidentielle.
Légitimiste et régulièrement confirmé comme patron du groupe LR, l'élu "a l'immense avantage de pouvoir parler à tout le monde, grands élus locaux, anciens présidents, anciens ministres, députés, et d'être le trait d'union un peu de toutes les droites", souligne auprès de l'AFP Damien Abad, le vice-président de LR.
Gaulliste dans l'âme, et plutôt conservateur, Christian Jacob, ex-maire de Provins (Seine-et-Marne), est "issu de la France profonde" et "sait s'adresser aux militants", abonde Marc Le Fur, autre collègue du Palais Bourbon.
Dans le conflit pour la tête du parti qui avait opposé en 2012 François Fillon et Jean-François Copé, dont Christian Jacob est l'ami, "il avait su garder le contact avec ceux qui nous avaient quittés", rappelle-t-il. "Garder la maison, et tendre la main à ceux qui se sont éloignés, c'est ce qu'on lui demande aujourd'hui aussi".
Mais "Jacob, ça fait Wauquiez", prévient une source parlementaire, craignant que cela ne conduise à la mort du parti.
- "Pas le nirvana" -
Christian Jacob, patron du groupe LR à l'Assemblée nationale, s'exprime à la sortie d'une réunion au siège de LR à Paris le 27 mai 2019
AFP/Archives
Sa candidature pour le parti "n'est pas forcément le nirvana, mais ça permet d'éviter l'hémorragie", tempère un responsable, à l'heure du départ de Valérie Pécresse et du soutien de dizaines d'élus locaux à Emmanuel Macron en vue des municipales de 2020.
Pour de la nouveauté en tête d'affiche, il faudra attendre. Possible concurrent, Guillaume Peltier appuie sur ce point faible: Christian Jacob "n'incarne pas le renouvellement". Mais "il a conscience que ce défi devra être relevé en parallèle", assure Thibault Bazin, membre de la jeune garde. "Il pourrait s'entourer d'éléments nouveaux" et "faire une belle équipe" avec "du sang neuf", suggèrent des caciques.
Né dans une famille installée depuis des générations dans la Brie, Christian Jacob, qui a arrêté l'école à 17 ans, brevet agricole en poche, a plus d'un tour dans son sac. "As de la tactique et compagnon solide", salue Guillaume Larrivé. Adepte des formules à l'emporte-pièce, il peut être "un vrai tueur", affirme un détracteur.
A la tête du Centre national des jeunes agriculteurs de 1992 à 1994, député depuis 1995, Christian Jacob a été plusieurs fois ministre: en 2002 à la Famille, puis aux PME et à la Fonction publique. C'est Nicolas Sarkozy qui a mis fin, en 2007, au parcours ministériel de ce fidèle de Jacques Chirac.
"Je suis chiraco-chiraquien !", aime dire cet homme affable, bon vivant et chasseur à ses heures, père de deux enfants et heureux grand-père de quatre petits-enfants.
Christian Jacob est apprécié de ses pairs de gauche comme de droite. "Il est d'un +commerce agréable+ avec un bon sens paysan qui sait mêler franchise des relations et opiniâtreté dans la défense de ses points de vue", lui reconnaît même André Chassaigne, chef de file des députés PCF.
Christian Jacob étrille, lui, les "marcheurs", perçus comme "hors sol" et sans colonne vertébrale, et s'émeut d'un manque de "considération pour l'opposition parlementaire" de la part d'Emmanuel Macron.
Celui qui a connu dans le temps "mépris social" et "mépris de classe" lançait dernièrement dans l'hémicycle: "On nous a survendu un +nouveau monde+ qui est en fait pire que l'ancien car il est blessant, hautain et condescendant".
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