Christophe Castaner, l’ascension à marche forcée d’un « type normal »
Ce n'était pas son rêve mais Christophe Castaner prendra samedi la tête de La République en marche, le parti présidentiel, animé d'une obsession...

Christophe Castaner, l’ascension à marche forcée d’un « type normal »

Ce n'était pas son rêve mais Christophe Castaner prendra samedi la tête de La République en marche, le parti présidentiel, animé d'une obsession...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Ce n'était pas son rêve mais Christophe Castaner prendra samedi la tête de La République en marche, le parti présidentiel, animé d'une obsession personnelle: "rester un type normal", malgré une ascension aussi fulgurante que tardive.

"Souvent, on fait des choses pas parce qu'on a rêvé de les faire, mais parce qu'on a une responsabilité de les faire", souffle M. Castaner.

Désigné volontaire par l'Elysée et seul en course, il sera donc élu samedi à Lyon "délégué général" du parti d'Emmanuel Macron, chargé de raviver la flamme d'une formation en jachère depuis les élections.

Christophe Castaner à Carpentras, le 14 juin 2017
Christophe Castaner à Carpentras, le 14 juin 2017
AFP/Archives

Drôle de destin pour celui qui se défend farouchement d'être "un homme d'appareil": "je n'ai jamais eu cette culture, ni même cette volonté-là, y compris pour La République en marche", insiste-t-il auprès de l'AFP.

Mais, à l'aube de son 52e anniversaire, Christophe Castaner s'est imposé comme une figure incontournable du "nouveau monde" qui a soudainement émergé avec Emmanuel Macron.

Lors des élections régionales de 2015, il avait concouru sous la bannière du Parti socialiste en Provence-Alpes-Côte d'Azur avant de devoir jeter l'éponge au soir du premier tour pour faire barrage au Front national.

Le président Emmanuel Macron, entouré par la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, s'apprête à signer les deux lois de moralisation de la vie politique, le 15 septembre 2017 à l'Elysée, à Paris
Le président Emmanuel Macron, entouré par la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, s'apprête à signer les deux lois de moralisation de la vie politique, le 15 septembre 2017 à l'Elysée, à Paris
AFP

Il s'estime alors lâché par la direction du PS, un épisode qui marquera une rupture fondatrice: "sans cela, je serais sans doute resté fidèle au parti".

Ce rocardien de toujours, qui s'est "construit dans l'enracinement local", rejoint quelques mois plus tard M. Macron, sans croire "une seconde qu'il puisse gagner la présidentielle".

"Je le fais parce que je pense qu'après cinq ans de frondeurs, de mollesse dans la majorité, les deux gauches irréconciliables sont au sein même du PS" et qu'"Emmanuel Macron va nous aider à casser cela". Avant d'ajouter: "la politique, c'est aussi être au bon endroit au bon moment".

De fait, il prendra la roue de M. Macron dès le début: membre de son premier cercle de parlementaires, porte-parole de sa campagne puis du gouvernement, tout en recevant le portefeuille de secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.

- "Vous me poussez, je pousse aussi" -

Verbe rond, "accent un peu ensoleillé qui met du sucre à ce qu'il dit", dixit le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert, l'ancien député des Alpes-de-Haute-Provence et ancien maire (pendant 16 ans) de Forcalquier joue de sa faculté à établir le contact.

"Quand je redescends chez moi, que je vais au comptoir, les mecs, ça les impressionne douze secondes que je sois secrétaire d'Etat. Ils me retrouvent et ils blaguent comme ils veulent", plaide-t-il.

"Il y a des coupures, ce que je vis, là, c'est une coupure", insiste-t-il en désignant le salon cossu de son ministère. "Mais je veux rester un type normal, chez moi, c'est obsessionnel".

Pour preuve, il décrit la traversée de sa circonscription à pied, 270 km à l'été 2016 en logeant chez qui voulait bien l'accueillir. Un mélange de "démarche politique", de coup de com' et de quête "plus personnelle, pour retrouver le temps long".

"Vous assumez votre faiblesse liée à la fatigue. Le troisième soir, je ne parlais plus aussi facilement que le premier. Je me suis aussi rendu compte que ça me rendait vachement plus abordable", se souvient-il.

Ce fils de militaire, adolescent rebelle, bachelier tardif, père de deux filles, "petit Manosquin" qui, "au lycée, rencontra une Forcalquiéraine" et l'épousa, admet "une part de mise en scène" dans son personnage vaguement pagnolesque.

"Moi, je suis un garçon simple. Vous me poussez, je pousse aussi", crâne-t-il, en citant son compte-rendu de Conseil des ministres effectué sur un Vélib', en réponse au défi d'un journaliste.

"Il a été perçu à Paris comme le kéké, le cacou, il ironise là-dessus", décrypte un de ses mentors, l'ex-ministre Jean-Louis Bianco.

L'ancienne porte-parole du gouvernement de Lionel Jospin, Catherine Trautmann, garde un autre souvenir de son chef de cabinet, quelqu'un de "très sérieux, loyal, attentif", armé de "self control".

Lui confesse qu'il "doute beaucoup", surtout à l'heure de prendre le parti. "Je sors de ma zone de confort. Ca m'angoisse un peu", confie-t-il.

Partager cet article

Dans la même thématique

5min

Politique

Louvre : la Cour des comptes étrille les choix stratégiques du musée, qui dispose pourtant de « beaucoup d’argent »

Dans un rapport sévère et très attendu après le « casse du siècle », la Cour des comptes estime que la rénovation des bâtiments du Louvre et leur remise aux normes ont été les parents pauvres des dépenses engagées ces dernières années. Le Louvre, qui dispose d’une « trésorerie extrêmement solide », a privilégié « les opérations visibles et attractives » aux détriments des urgences techniques.

Le

Paris : Francois Bayrou recoit Marine le Pen et Jordan Bardella
3min

Politique

Le sénateur PS Eric Kerrouche veut empêcher le RN de « violer la Constitution » pour en faire « un régime autoritaire »

Les sénateurs PS défendent une proposition de loi constitutionnelle qui limite strictement toute modification de la loi de 1958 au seul article 89 de la Constitution. Une réaction à un texte du RN sur l’immigration, qui reviendrait à transformer la France en « régime autoritaire, avec des mesures illibérales », selon le sénateur PS Eric Kerrouche.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
6min

Politique

Sébastien Lecornu aux sénateurs : « Je ne serai pas le premier ministre qui fera une passation de pouvoir avec Jordan Bardella »

Alors que les relations se sont dégradées entre la majorité sénatoriale et le premier ministre, Sébastien Lecornu s’est rendu à la conférence des présidents du Sénat. Si le geste « a été salué par le président Larcher », il reste insuffisant pour gommer les « frustrations » de sénateurs qui apprennent maintenant les concessions faites au PS « en regardant la télé ». Cherchant à « dramatiser », selon l’un des participants, « il a dit que "censure vaudra démission et que ça vaudra dissolution" ».

Le

France Macron
5min

Politique

« Demain soir, si tout va bien, Alfred Dreyfus sera général » : le Sénat s’apprête à voter un « texte très symbolique », malgré quelques difficultés…

Les sénateurs examinent ce jeudi la proposition de loi de Gabriel Attal élevant à titre posthume Alfred Dreyfus au grade de général de brigade. Les sénateurs PS, qui ont déposé un texte identique via Patrick Kanner, ont repris à leur compte le texte de l’ancien premier ministre pour lui permettre d’aller au bout, malgré les « réserves », voire l’opposition « d’Emmanuel Macron », selon le patron des sénateurs PS.

Le