Chute du gouvernement : les socialistes « n’accepteront jamais le chantage » et maintiennent la menace d’une censure

A l’issue de leur entretien avec Michel Barnier, les parlementaires socialistes maintiennent leur menace de censurer le gouvernement en cas de recours au 49.3. Patrick Kanner et Boris Vallaud déplorent le refus du gouvernement de reprendre les propositions de la gauche sur les textes budgétaires.
Henri Clavier

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« Nous prenons parfaitement la mesure de la gravité de la situation », assure le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud après son entretien avec le Premier ministre. Alors que Michel Barnier prédisait hier une tempête en cas de chute du gouvernement, Boris Vallaud et Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat, déplorent la posture du Premier ministre, inflexible sur les compromis budgétaires. 

« Tout cela n’est pas acceptable » 

« Nous lui avons dit que nous avions joué le jeu du débat parlementaire », rappelle Boris Vallaud sur le perron de Matignon. Alors que les débats sur les différents textes budgétaires ont été douloureux, le gouvernement devrait recourir à l’article 49 alinéa 3 pour faire adopter le projet de loi de finances, le projet de loi de financement de la sécurité sociale et le projet de loi de fin de gestion. Une situation inadmissible pour les socialistes. Pour rappel, le projet de loi de finances a été largement remanié par les députés de gauche avant d’être rejeté à l’Assemblée nationale tandis que le budget de la sécurité sociale n’a pas pu être examiné dans les délais. Conséquence, c’est la version gouvernementale des deux textes qui a été transmise au Sénat, dominée par une majorité de droite et du centre. 

« Pour la loi de financement de la sécurité sociale, nous avions quatre objectifs : épargner les malades des efforts d’économies, venir en soutien net à l’hôpital et aux Ehpad, avoir une vraie politique de prévention et nous attaquer à la question du grand âge », énumère Boris Vallaud. Le socialiste rappelle aussi que les « propositions de recettes nouvelles mettant plus et mieux à contribution les très hauts revenus, les multinationales n’avaient pas été retenus par le gouvernement […] Tout cela n’est pas acceptable ». Face à l’absence de compromis possible les socialistes maintiennent leur position, ils voteront une motion de censure en cas d’utilisation du 49.3 par le gouvernement. « Si on utilise le 49.3, la seule arme qui existe pour nos collègues députés, c’est bien sur la motion de censure », constate Patrick Kanner. 

Les socialistes « n’accepteront jamais le chantage » 

Malgré l’approche consensuelle défendue par Michel Barnier lors de sa déclaration de politique générale, les parlementaires socialistes estiment que le socle commun cherche à poursuivre la politique d’Emmanuel Macron. « Le Premier ministre nous a dit qu’il connaissait bien nos propositions qu’il en trouvait certaines intéressantes mais que son socle commun ne l’autorisait pas à y satisfaire. La réalité c’est que nous sortons de là avec le sentiment que nous ne serons pas entendus », s’inquiète le chef de file des députés socialistes. En insistant sur les messages négatifs envoyés aux marchés financiers en cas de chute du gouvernement, les parlementaires du socle commun n’ont pas vraiment rassuré les socialistes. 

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon, dans une nouvelle tentative, ce 27 novembre, appelait les socialistes à la « responsabilité », les exhortant à se « défaire de leurs liens » avec la France insoumise. « Je crois à l’esprit de responsabilité du groupe socialiste « a également affirmé le ministre des comptes publics. Pas vraiment du goût de Patrick Kanner qui assure que les socialistes « n’accepteront jamais le chantage ». 

Par ailleurs, le sénateur du Nord rappelle qu’Emmanuel Macron souhaitait éviter la censure en nommant Michel Barnier. En réalité, « le RN a mis sous surveillance, sous influence le gouvernement », juge Patrick Kanner. Sur le fond, les parlementaires socialistes ont paru déçus de ne pas pouvoir trouver de véritables terrains d’entente avec le chef du gouvernement. « Il ne nous a pas dit grand-chose, si ce n’est qu’il a été prisonnier de l’aveuglement et de l’intransigeance de son socle commun », interprète Boris Vallaud. Même constat pour Patrick Kanner qui évoque des « grenades dégoupillées que l’on voit rouler sous les pieds du Premier ministre qui, aujourd’hui, semble très seul ». 

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