Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Clément Beaune : « Nous reverrons cette politique de prêts de l’Union européenne et de la France à la Turquie »
Par Public Sénat
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Entre la France et la Turquie, le torchon brûle. Après les insultes du président Erdogan à l'égard de son homologue français ce week-end, le vice-ministre turc de la culture et du tourisme, Serdar Çam, s'en est pris mercredi directement à Charlie Hebdo, traitant ses journalistes de « bâtards » et de « fils de chiennes ». Une nouvelle saillie qui a agacé le président de la commission des affaires étrangères du Sénat. « La Turquie ne cesse de multiplier les agressions contre ses propres alliés de l’OTAN et la liste commence à être longue », juge Christian Cambon mercredi 28 octobre avant la séance de questions au gouvernement au Sénat.
Et d’exhorter : « la France doit être plus ferme ». « Il faut cesser de se réfugier dans les déclarations, alors que M. Erdogan s’appuie sur la faiblesse de l’Europe pour avancer systématiquement. Je vais demander au gouvernement plus de solidarité de la part de nos amis européens que je trouve assez discrets sur ces sujets. J’en attends plus de nos partenaires et voisins », ajoute le sénateur Les Républicains (LR), du Val-de-Marne.
Lors de la séance, il interroge donc le gouvernement : « Si la Turquie nous trouve si infréquentables, va-t-on continuer chaque année à prêter 300 millions, soit 3 milliards depuis 10 ans à ce pays ? (…) Quelles mesures allez-vous prendre ici en France et au Conseil européen de décembre, où nos amis sont un petit peu mous sur leur soutien, pour sanctionner ce dirigeant nationaliste qui veut jouer à l’empereur ottoman alors qu’il fait offense à son peuple et à l’histoire de la Turquie ? »
C’est le secrétaire d’État aux affaires européennes, Clément Beaune, qui se charge de lui répondre. « Le dernier épisode repousse chaque jour les frontières de l’inacceptable », estime d’abord l’ancien conseiller Europe d’Emmanuel Macron. Selon lui, les attaques du président turc relèvent d’une « stratégie d’ensemble de multiplier les provocations tous azimuts pour exercer une pression maximale sur ses voisins et singulièrement sur l’Union européenne. » S’il estime « que l’on a trop longtemps été naïfs » à l’égard de la Turquie, il affirme que la France et Emmanuel Macron ont toujours été en première ligne depuis deux ans pour faire « dessiller » les autres pays de l’UE au sujet du président Erdogan.
« Nous allons aller plus loin », promet-il, ajoutant que cela peut passer par de « nouvelles sanctions ». « Le président de la République n’a pas hésité non plus à avoir des mesures de réaction par une présence militaire renforcée en Méditerranée orientale cet été », souligne-t-il avant d’annoncer, en réponse précise à Christian Cambon : « Nous reverrons aussi cette politique de prêts de l’Union européenne et de la France à la Turquie parmi d’autres instruments de réponse dans les prochains mois. »