Le GIEC (les experts climat de l’ONU) publie ce lundi ses propositions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. C’est la dernière étape de son travail débuté en février 2015 : le premier rapport, publié à l’été 2021, faisait état des connaissances scientifiques sur le changement climatique et pointait une accélération sans précèdent du réchauffement climatique. Le second volet, publié le 28 février, était quant à lui consacré aux conséquences dramatiques du réchauffement sur les populations et les écosystèmes. Largement enrayées par la guerre en Ukraine, les conclusions du GIEC sont pourtant alarmantes. Lors de l’ouverture des discussions entre les 195 États membres au mois de février, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, tirait la sonnette d’alarme : « Nous marchons les yeux fermés vers la catastrophe climatique […] si nous continuons comme ça, nous pouvons dire adieu à l’objectif de 1.5 °C. Celui de 2°C pourrait aussi être hors d’atteinte ».
Initialement prévue le vendredi 1er avril, la date de publication des propositions du GIEC a été reportée à plusieurs reprises. En cause : des désaccords majeurs sur certaines préconisations, notamment sur la question de la sortie des énergies fossiles. Par ailleurs, le résumé devrait décliner l’ensemble des solutions par secteurs et prend en compte l’acceptabilité sociale.
Au regard de l’urgence climatique et de l’importance de cette question auprès des 18-30 ans, qui représentent 4.3 millions d’électeurs, les propositions du GIEC peuvent-elles peser dans le débat politique, à seulement 6 jours du scrutin ?
Une défiance des jeunes envers l’action politique dans la lutte contre le réchauffement climatique
Stewart Chau, politologue et responsable des études politiques et sociétales à l’institut de sondage ViaVoice et coauteur de « La Fracture » dans lequel il consacre un chapitre à la question de l’environnement chez les jeunes, rappelle que « seuls 10 % des jeunes font confiance aux partis politiques pour apporter des solutions efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique ». Par conséquent, il estime que ce n’est pas l’absence de la question écologique dans le débat qui encourage l’abstention « mais plus une logique de défiance envers les politiques et surtout envers l’action politique ».
La question écologique recouverte par le pouvoir d’achat
Le politologue estime que la question écologique n’aurait qu’un impact modéré, voire aucun impact dans l’orientation du vote, la campagne étant « saturée par un seul déterminant du vote : le pouvoir d’achat ». En effet, « 57 % des électeurs français disent que le sujet qui va déterminer leur vote est le pouvoir d’achat, loin devant tous les autres sujets – 33 % pour l’Ukraine ». Selon lui « dans cette campagne, on n’a pas su parler d’écologie à travers les autres enjeux. La guerre en Ukraine, la souveraineté, l’éducation : tout cela est lié aux enjeux écologiques, et pourtant il y a une réelle difficulté à placer l’écologie au centre de la matrice et à la hauteur des autres sujets ».
Le rapport du GIEC aura-t-il l’écho qu’il mérite, sinon dans la dernière ligne droite de la campagne, du moins après les élections ?
» Lire aussi ; Le sénateur Olivier Henno plaide pour une transmission obligatoire du rapport du Giec aux élus locaux