L’initiative a fait l’objet d’une annonce en grande pompe. Mi-décembre, le président de la République, suite au travail mené par la Convention citoyenne sur le climat, assure vouloir inscrire dans la Constitution, à travers un texte de loi, la protection de l’environnement. Emmanuel Macron précise même que ce texte fera l’objet d’un référendum. Mais l’annonce est presque immédiatement la cible des critiques de tous bords. Interrogé sur Europe 1, ce dimanche, le président du Sénat a posé ses conditions, soutenant qu’il refusait que le principe de la protection climatique ne supplante les « autres libertés fondamentales, comme la liberté entre les hommes et les femmes ou la liberté d’entreprendre ».
Du côté des écologistes, en revanche, on craint que cette initiative de l’exécutif ne soit qu’un « coup de communication ». « L’article 1 de ce projet de loi est prôné depuis des années par les écologistes », soutient l’eurodéputée écologiste Karima Delli, invitée, ce mercredi, de la matinale de Public Sénat. « Mais cette inscription dans la Constitution ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt des renoncements », met-elle en garde. Pour la parlementaire européenne, le gouvernement n’emploie pas la bonne méthode sur la question environnementale et climatique. « Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est prendre au sérieux cette question dans les actes. Il faut isoler les bâtiments, interdire les véhicules polluants, revenir sur le CETA, interdire la publicité. Qu’est-ce qu’on attend ? » interroge-t-elle. Pour Karima Delli, le manque d’actions concrètes engagées par le gouvernement pour influer sur le dérèglement climatique est synonyme d’un « manque de courage politique ». « Il y a 5 ans, au moment des accords de Paris, nous étions les teneurs du marteau avec M. Fabius, et aujourd’hui nous sommes les cancres de la classe européenne sur cette question climatique », accuse-t-elle.
Interrogée sur les compétences en la matière de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, l’eurodéputée regrette le manque de pouvoir du ministère, et la mainmise de l’exécutif sur le sujet. « Le problème de fond, c’est que la politique écologique de ce pays ne se décide pas au ministère de l’Ecologie, mais à l’Elysée », regrette-t-elle. En cause, selon Karima Delli, la politique gouvernementale du « en même temps ». « Cela ne marche pas », martèle-t-elle. « On ne peut pas défendre la planète, et en même temps réintroduire les néonicotinoïdes ou rester dans le glyphosate. Être écologiste c’est sortir de ses convictions et être cohérent, et on voit bien que ce n’est pas cohérent. » C’est pour cette raison que l’eurodéputée, candidate aux régionales, espère pouvoir agir à échelle locale, si elle est élue, sur la question. « Les régions sont des leviers d’action pour rentrer de plein fouet et vite dans la transition écologique », assure celle qui espère prendre la tête des Hauts-de-France.
La stratégie vaccinale en cause
Stratégie vaccinale : "C'est la politique du couac" pour Karima Delli
Revenant sur la campagne de vaccination en cours sur le territoire, Karima Delli fustige la méthode mise en place par le gouvernement, qu’elle taxe de « politique du couac ». « On l’a vu avec les masques, avec les tests : au lieu de tirer les leçons de ce qui s’est passé on continue, et dans la politique de vaccination il y a un manque terrible d’anticipation visible. On est le 25e pays sur 27 à enclencher la dynamique. Il n’y a pas de méthode et les changements de stratégie mettent en danger des professions, c’est la stratégie du stop-and-go qui crée des crispations. La situation ne va pas, on a des plateformes surchargées, des rendez-vous jusqu’en mai, des élus locaux en stress permanent. Il faut donc changer la méthode et travailler en commun avec les élus locaux » conclut l’eurodéputée.