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CMP retraites : « LFI veut casser les règles et remettre en cause le fonctionnement des institutions », dénonce Olivier Dussopt
Par Romain David
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La commission mixte paritaire (CMP) sur la réforme des retraites s’est ouverte ce mercredi matin dans l’enceinte du Palais Bourbon. Sept députés et sept sénateurs devront s’entendre sur une version commune du projet de loi, qui n’a pas pu être débattu jusqu’au bout à l’Assemblée nationale mais qui a été adoptée par le Sénat ce week-end. Si leurs travaux sont conclusifs, le texte issu des négociations sera à nouveau soumis au vote des deux chambres. « J’espère qu’ils pourront trouver un texte d’accord et de compromis », a commenté Olivier Dussopt, le ministre du travail, au micro de « Bonjour chez Vous », la matinale de Public Sénat. « Si la commission mixte paritaire n’est pas conclusive, la procédure est prévue. Il y aurait de nouvelles lectures et le débat parlementaire continuerait. Mais je suis vraiment convaincu, sans en préjuger, qu’elle peut aboutir, notamment parce qu’il y a des points communs entre ce qu’a défendu la majorité présidentielle à l’Assemblée et ce que la majorité sénatoriale a voulu porter », estime Olivier Dussopt.
Les travaux de la CMP se déroulent traditionnellement à huis clos, mais la Nupes a demandé qu’ils soient rendus publics. La députée LFI Mathilde Panot, membre de cette CMP, a même menacé sur notre antenne de laisser « fuiter » le contenu des discussions. « La tendance de LFI c’est de vouloir casser les règles et remettre en cause le fonctionnement des institutions », s’agace le ministre du travail. Veulent-ils « bordéliser » - expression utilisée par Gérald Darmanin - la CMP sur les retraites ? « Peut-être, je n’utilise pas l’expression mais l’idée est là ! », répond notre invité.
« Il y a des institutions et des règles, la CMP a toujours fait l’objet d’un compte rendu mais c’est un lieu de discussions et de réunion de travail, souvent très techniques, avec des aspects politiques aussi. Cela nécessite une organisation qui permette les échanges spontanés et très directs », poursuit Olivier Dussopt. « Vous entrez en CMP avec des positions de discussion, et le propre d’une position de discussion, c’est de demander 100 pour avoir 50 », explique-t-il. « Les membres de la CMP doivent concilier des positions différentes. Qu’il y ait un compte rendu, des traces de ce qu'il s’est passé en CMP, c’est normal, mais il faut que les sept députés et sept sénateurs puissent avoir ce lieu pour se retrouver. »
Une adoption de la réforme sans 49.3
De l’aveu même du locataire de l’hôtel du Châtelet, la discussion pourrait se cristalliser autour du dispositif carrières longues. Les Républicains, notamment, ont souhaité la mise en place d’une nouvelle borne pour ceux qui ont commencé à travailler à parti de l’âge de 20 ans. Mais l’effort consenti par l’exécutif sur ce point a été jugé largement insuffisant pour un petit groupe de députés de droite, rassemblé autour d’Aurélien Pradié. « Il y a un débat sur les durées de cotisation requises, c’est l’un des points majeurs de discussion de la CMP, reconnaît le ministre qui souhaite « garder cette volonté d’améliorer le système mais aussi avec un objectif d’équilibre en 2030 ».
Il garde toutefois bon espoir que la commission mixte paritaire accouche d’un texte susceptible de rassembler une majorité de LR, dont les voix seront indispensables aux soutiens d’Emmanuel Macron pour faire adopter la réforme. « Il ne faut pas que les considérations de politique partisane prennent le pas sur la capacité à soutenir une réforme qu’ils ont tous défendue », avertit Olivier Dussopt. À ce stade, assure-t-il, l’exécutif ne table pas sur un recours au 49.3 pour faire passer sa réforme : « Nous souhaitons pouvoir aller au vote, avec une majorité qui, à nos yeux, existe sur ce texte. […] Nous voulons qu’elle se formalise dans l’hémicycle. »