Cnews : « Vous qualifiez de trash une chaîne que vous n’avez jamais regardée ! », échange tendu entre Maxime Saada et David Assouline
Le président de directoire de Canal plus, Maxime Saada a dû s’expliquer longuement sur la ligne éditoriale de Cnews devant la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias. Et les échanges ont fini par se tendre avec le rapporteur PS, David Assouline.

Cnews : « Vous qualifiez de trash une chaîne que vous n’avez jamais regardée ! », échange tendu entre Maxime Saada et David Assouline

Le président de directoire de Canal plus, Maxime Saada a dû s’expliquer longuement sur la ligne éditoriale de Cnews devant la commission d’enquête du Sénat sur la concentration des médias. Et les échanges ont fini par se tendre avec le rapporteur PS, David Assouline.
Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

Cnews représente moins de 0,5 % du chiffre d’affaires et pourtant, la chaîne a occupé une bonne partie de l’audition de Maxime Saada, le président du directoire du groupe. En cause ? La ligne éditoriale questionnée par David Assouline. Le rapporteur socialiste de la commission d’enquête sur la concentration des médias considère que Cnews ne respecte pas les principes conventionnels imposés aux chaînes d’information sur la TNT à savoir : l’indépendance, le pluralisme et l’honnêteté de l’information.

« La réalité des choses, c’est qu’au 31 décembre (2021), nous avons respecté les temps de parole », s’est d’abord défendu Maxime Saada. Une référence à la récente mise en demeure du CSA (désormais Arcom) qui a relevé qu’entre 1er octobre et le 15 novembre 2021, « une proportion très significative des interventions de l’exécutif et de La France Insoumise avait été diffusée dans des émissions programmées entre 0h00 et 5h59 ».

« Ces mises en demeure sont inédites, préventives, avant que la période ne se soit écoulée », dénonce Maxime Saada qui ajoute que la diffusion de certaines interventions politiques la nuit « est une pratique courante chez toutes les chaînes d’information ».

« Chaîne d’opinion ou pas chaîne d’opinion ? »

Pas de quoi convaincre David Assouline qui se fait plus précis. « Je vous ai posé une question très claire : chaîne d’opinion ou pas chaîne d’opinion ? », demande-t-il en soulignant « le caractère des invités qui n’avaient pas leur place sur les plateaux de télévision parce que le négationnisme et le racisme n’avaient pas leur place sur les plateaux des chaînes d’information qui recevaient un agrément de la part du CSA ». « Vous ne pouvez pas me réduire ça en me disant que maintenant le temps de parole est respecté à la veille de la présidentielle […] M.Bolloré dit qu’il n’y est pour rien. Est-ce que c’est vous qui intervenez sur le contenu éditorial pour favoriser le fait que c’est une chaîne d’opinion et d’idées de plus en plus extrêmes pour la République ? »

Lire notre article: Devant les sénateurs, Vincent Bolloré esquive et assure qu’« il n’y a aucune idéologie politique » dans ses médias

« Je ne suis pas un idéologue. Je suis un gestionnaire »

« Pour moi, ce n’est pas une chaîne d’opinion », lui répond Maxime le président du directoire qui préfère parler comme Vincent Bolloré « de chaîne de débats ». Une nécessité économique, selon lui, dans un paysage audiovisuel qui compte quatre chaînes d’information gratuite et alors que Cnews enregistrait 33 millions de déficit en 2016. « Je ne suis pas un idéologue. Je suis un gestionnaire, c’est pour ça que Vincent Bolloré m'a recruté […] Le sujet pour nous, c’est de se différencier sur un marché de l’information qui est pléthorique […] On part sur une notion de débat où toutes les opinions ont vocation à s’exprimer. C’est bien pour ça que le succès de Cnews est arrivé […] Vous avez des téléspectateurs qui n’entendaient pas ces opinions et qui s’y retrouvent », développe-t-il.

David Assouline ne s’en laisse pas conter et rappelle que la chaîne n’a pas reçu l’agrément du CSA pour être une chaîne de débat, mais une chaîne d’information. « Vous parlez de votre statut de gestionnaire, donc en gros vous dites que vous avez choisi de faire du trash parce que ça génère de l’audimat. Vous n’avez pas organisé des débats de société pour éclairer les citoyens […] Votre chaîne d’information est très connotée sur le plan idéologique »

« Vous qualifiez de trash une chaîne que vous n’avez jamais regardée. C'est inquiétant », lui renvoie Maxime Saada en référence à des propos tenus par le sénateur lors d’une précédente audition.

« Ne venez pas faire de la polémique avec moi, je regarde ce que je veux »

La tension monte entre les deux hommes. David Assouline le coupe. « Ne venez pas faire de la polémique avec moi, je regarde ce que je veux. Par contre, je peux vous dire qu’en tant qu’homme politique et public, j’ai pris la décision après le grand nettoyage lors du passage de Itélé à Cnews, et depuis qu’il y a cette tendance, j’ai pris la décision de ne répondre à aucune invitation de Cnews. Et je n’ai plus mis les pieds sur votre plateau depuis ».

« Si vous changez d’avis nous serons ravis de vous recevoir », conclut Maxime Saada

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

« Déni démocratique », « inqualifiable » : la nomination de Michel Barnier fait l’unanimité contre elle dans la gauche du Sénat
5min

Politique

Budget 2026 : la gauche dénonce un budget qui fait payer « à tous les Français les avantages de quelques-uns »

Après les annonces de François Bayrou, la gauche sénatoriale dénonce un budget « profondément inégalitaire », qui fait payer à tous les « largesses fiscales » du gouvernement à l’égard des grandes fortunes ces dernières années. Alors que le spectre de la censure plane sur le gouvernement Bayrou, les socialistes semblent miser sur la contribution de solidarité mais préviennent : si le dispositif n’est pas à la hauteur, « ça ne sera pas possible. »

Le

France Budget
6min

Politique

Budget de François Bayrou : « Ce n’est pas d’une violence inouïe, par rapport à ce qu’on risque si on ne fait pas d’efforts », selon François Patriat

Après le plan d’économies de près de 44 milliards d’euros annoncé par le premier ministre, le socle commun est à peu près satisfait au Sénat, d’autant que les propositions de la Haute assemblée ont été en partie reprises. Mais sur la question des collectivités, ça grince chez les LR.

Le

Conclusion of the Summit for the Future of New Caledonia at the ÉlysÃ’e Palace
6min

Politique

Nouvelle-Calédonie : « Cet accord offre une solution pérenne »

C’est une signature « historique ». Un an après les violences insurrectionnelles en Nouvelle-Calédonie qui ont fait 14 morts, un accord a été trouvé entre les indépendantistes et les non-indépendantistes. Principale mesure : la création d’un Etat calédonien dans la Constitution française assortie d’une nationalité calédonienne. Le sénateur non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, Georges Naturel pointe un texte qui va « améliorer la qualité de vie des citoyens ».

Le

Budget 2026 : suivez en direct les annonces de François Bayrou
12min

Politique

Budget 2026 : suppression de 2 jours fériés, année blanche, contribution des hauts revenus... Ce qu'il faut retenir des annonces de François Bayrou sur le budget

C'était un moment attendu. Le Premier ministre a présenté à partir de 16 heures ses grandes orientations budgétaires. Pour tenir la trajectoire de réduction de déficit, le gouvernement prévoit finalement 43,8 milliards d’euros d’effort budgétaire. Pour ce faire, le premier ministre propose notamment une année blanche, la suppression de 2 jours fériés. Retrouvez ici l'ensemble des annonces de François Bayrou.

Le