Pour s’opposer à la réforme du code du travail, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue mardi 12 septembre, en France. Pour beaucoup d’entre eux, ils craignent pour les droits des salariés. Mais qu’en est-il vraiment ?
« En tant que sociologue et historien, j’essaie de regarder ce qu’il s’est passé depuis le début du 20ème siècle. Ce qu’on voit, c’est que des décennies, parfois presque d’années en années, les protections des salariés se sont améliorées dans ce pays. Ça c’est très important » déclare Marnix Dressen au micro de « Sénat 360 ». Mais selon ce sociologue spécialiste du travail, de l’emploi et des relations professionnelles, c’est aujourd’hui, en train de changer :
« On change de philosophie. A la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, quand se crée le code du travail à partir de 1910, l’idée c’est finalement, qu’on a le droit de salarier des personnes, on a le droit de faire travailler autrui, pour un employeur. Mais il faut mettre des barrières aux abus patronaux (…) Aujourd’hui on considère que ces barrières et ces protections, qui bénéficient aux salariés sont des obstacles à l’emploi. Et donc il y a un renversement de philosophie et de perspective. Et ça c’est assez ennuyeux ». Et d’enfoncer le clou :
« L’idée est : c’est nécessaire pour la protection de l’emploi, c’est nécessaire pour s’adapter au nouveaux contexte économique mondial. Or ce contexte économique mondial, il est précisément créé par cette flexibilisation de la main d’œuvre (…) ce n’est pas une adaptation a une situation, c’est la création, par des interactions sociales d’une situation, qui, il faut bien le reconnaître, est globalement défavorable aux salariés ».