Colère des agriculteurs : le patron des chasseurs Willy Schraen dénonce « les pyromanes écologistes »

En campagne pour les élections européennes avec sa liste de l’Alliance rurale, le président de la fédération nationale des chasseurs formule plusieurs propositions pour sortir de la crise agricole. Willy Schraen pointe du doigt un « dogme punitif » écologiste, qui écrase les agriculteurs sous les normes.
Rédaction Public Sénat

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Début décembre, le président de la fédération nationale des chasseurs présentait les contours de sa liste, l’Alliance rurale, pour les élections européennes de juin prochain. Une liste « sans étiquette politique », revendique Willy Schraen, qui se défend de toute proximité avec Emmanuel Macron dont il a soutenu les candidatures en 2017 et en 2022.

Si la composition de sa liste n’est pas encore connue, le patron des chasseurs assure sur le plateau de Public Sénat qu’elle représentera « les passions françaises : l’agriculture, la chasse, la pêche, la tauromachie, les petits commerçants ». « Mon ambition, c’est de défendre une autre voie et d’emmener des gens de la vraie vie, comme moi », explique-t-il.

« Ce racolage politique à deux balles me fatigue »

Interrogé sur la colère des agriculteurs, le patron des chasseurs estime qu’il va falloir « s’habituer à une crise agricole visible pour un long moment ». Willy Schraen défend d’éventuelles actions des syndicats au Salon de l’agriculture, qui ouvrira ses portes ce samedi, et dit s’opposer à toute récupération politique de la cause agricole. « Je trouve indécent, pour des gens qui ne se sont jamais occupés de l’agriculture, de se pointer sur les barrages pour dire : Je vous aime. Ce racolage politique à deux balles me fatigue », dénonce-t-il.

Le chasseur salue tout de même une large partie des mesures annoncées par le gouvernement ces dernières semaines. Il juge par exemple la reconnaissance de la souveraineté alimentaire comme intérêt fondamental de la nation « essentielle » et est favorable à la limitation des plaintes pour trouble de voisinage.

Mais sur ces sujets, Willy Schraen propose d’aller plus loin. Dans son programme européen, le candidat de l’Alliance rurale défend la création d’un « délit d’agribashing ». « On pourrait renverser le principe de précaution, plutôt que d’accuser le monde rural des pires problèmes. Ce serait l’occasion de demander à tous ceux qui accusent les agriculteurs de prouver qu’ils ont raison, cela changerait », explique-t-il.

« Qu’on nous foute la paix et qu’on laisse les gens vivre ! »

S’il reconnaît qu’une telle mesure est difficilement applicable au niveau européen, le patron des chasseurs espère que sa liste permettra la création en Europe d’un « groupe de ruraux d’écologie de bon sens ». Interrogé sur sa vision politique européenne, le patron des chasseurs dit défendre une Europe « qui travaille sur les questions militaires, sur l’économie et le marché commun, peut être avec une fibre sociale. Pour le reste, qu’on nous foute la paix et qu’on laisse les gens vivre ! »

Pour restaurer cette Europe « des fondamentaux », Willy Schraen concentre surtout son opposition sur les écologistes. « Au moment de la crise agricole, cela m’a sidéré, ce sont les premiers à avoir justifié l’action environnementale européenne », dénonce-t-il, fustigeant « les pyromanes écologistes qui veulent devenir les pompiers de l’agriculture ». « Ce sont eux qui sont responsables de cette dérive, ce sont eux qui nous expliquent tous les jours qu’au nom de la planète on ne doit plus manger de viande, qu’on ne roulera plus en voiture, qu’on ne prendra plus l’avion… », poursuit le patron des chasseurs.

À la tête de sa puissante fédération d’environ un million d’adhérents, la liste de Willy Schraen est pour le moment créditée d’1 % des intentions de vote, selon un sondage Eurotrack OpinionWay réalisé pour Les Echos et Radio Classique le 15 février. Mais le chasseur espère bien rééditer la performance du parti Chasse, pêche, nature et traditions, qui avait recueilli 6,77 % des suffrages en 1999 et propulsé sa tête de liste Jean Saint-Josse au Parlement européen.

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