Alors que le gouvernement s’apprête à tomber, chacun réfléchit à la suite. A droite, « le nom de François Baroin recircule », glisse le sénateur LR Roger Karoutchi. Au PS, on tend la main. « Nous sommes à la disposition du président de la République », avance Patrick Kanner, à la tête du groupe PS du Sénat. Pour le centriste Hervé Marseille, il faut « trouver une plateforme d’action, comme disent les socialistes, de non censurabilité, pour essayer de trouver un accord ». Les grandes manœuvres ont commencé.
Colère des agriculteurs : « Méfions-nous des annonces en bras de chemise », met en garde Gérard Larcher
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C’est dans une ambiance plus calme, passés les heurts de l’ouverture du Salon de l’agriculture, que Gérard Larcher s’est rendu avec une délégation de sénateurs porte de Versailles. Sur le plateau de Public Sénat, le président de la chambre haute a désapprouvé la méthode du grand débat, que l’exécutif souhaitait organiser samedi 24 février pour tenter de sortir de la crise agricole.
« La République ne doit pas être dans une attitude de provocation. Je pense à cette idée saugrenue d’inviter les Soulèvements de la Terre [au grand débat] qui, il y a quelques mois, démolissaient les serres des producteurs en Loire-Atlantique », juge le président du Sénat.
« Je me méfie d’une économie administrée »
Face aux nouvelles mesures évoquées par Emmanuel Macron ce week-end, Gérard Larcher préfère rester prudent. « Méfions-nous de ces annonces en bras de chemise », déclare-t-il en référence à la proposition du président d’instaurer des prix planchers sur les matières premières agricoles. Si l’annonce est déjà défavorablement accueillie à droite et largement désapprouvée par la FNSEA et l’industrie agroalimentaire, le président du Sénat attend des précisions de la part de l’exécutif avant de se prononcer. « Je me méfie d’une économie administrée, dans laquelle le prix plancher deviendrait le prix plafond et où le revenu des agriculteurs et la compétitivité de la ferme France serait remise en cause », alerte Gérard Larcher.
Pour accéder aux demandes des agriculteurs, le sénateur des Yvelines recommande plutôt au gouvernement d’appliquer les mesures votées au Sénat en mai dernier dans la proposition de loi pour la compétitivité de la ferme France. « Le Premier ministre a dit qu’il en reprendrait les trois quarts, je lui demande d’en reprendre les quatre quarts et peut être d’y ajouter un certain nombre d’éléments qui ont été proposés il y a moins d’un mois », demande-t-il. En effet, une proposition de loi « tendant à répondre à la crise agricole » a été déposée au Sénat le 24 janvier dernier et attend d’être examinée.
Avant l’été, les sénateurs devront aussi examiner une nouvelle mouture de la loi Egalim, face à laquelle Gérard Larcher ne cache pas un certain agacement : « Quatre lois en six ans… Depuis longtemps le Sénat pointe du doigt les insuffisances d’Egalim, le fait que la loi ne conduisait pas à redistribuer du revenu aux agriculteurs ». Enfin, le président du Sénat s’est dit favorable à des mesures de simplification sur la construction de retenues d’eau pour les agriculteurs, annoncées par Agnès Pannier-Runacher hier dans la matinale de Public Sénat. « La question doit pouvoir se régler dans le dialogue et la simplification, quand on voit que nous sommes à moins de 5 % de retenues d’eau pluviale quand d’autres pays sont à 20 % », estime-t-il.
« Je ne veux pas d’une mainmise du RN sur l’agriculture »
Le président du Sénat débute sa journée au Salon de l’agriculture après deux jours marqués par la visite de Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national aux élections européennes. Alors que l’écart se creuse dans les sondages entre le RN et la majorité présidentielle, Gérard Larcher s’inquiète d’une « mainmise du RN sur l’agriculture, sujet sur lequel il a été totalement absent des discours au Parlement européen ».
« Ceux qui se sont battus pour que nous retrouvions des éléments de compétitivité, c’est le PPE [Parti populaire européen] », affirme le président du Sénat. Alors que la liste des Républicains – menée par François-Xavier Bellamy – ne parvient pas à franchir la barre des 10 % d’intention de vote, Gérard Larcher estime qu’elle est la seule à même de répondre aux attentes des agriculteurs : « François-Xavier Bellamy est un des rares qui défende l’agriculture concrètement, dans un travail engagé avec le PPE ».
Dans cette campagne, Gérard Larcher assure que la numéro deux de la liste des Républicains, Céline Imart, sera un atout majeur : « François-Xavier Bellamy est en binôme avec une agricultrice, une ancienne vice-présidente des Jeunes agriculteurs, c’est quelqu’un qui d’immenses qualités, qui est ancrée sur le terrain ».
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