Jacqueline Gourault aurait-elle parlé un peu trop vite ? Hier, le gouvernement a entendu « le désir d’Alsace » des élus locaux et Edouard Philippe a annoncé la création d une nouvelle collectivité d’Alsace : collectivité européenne d’Alsace. À la question de savoir si Strasbourg sera la capitale de cette nouvelle collectivité? Réponse sans hésitation de la ministre : « Non elle ne se pose pas. » Façon pour la ministre de souligner que Strasbourg en serait évidemment la capitale…
Pourtant, hier en conférence de presse, le Premier ministre précisait que la question n’était pas encore réglée : « Toutes les questions ne sont pas réglées. Concernant la question du siège, c’est une question qui devra être évoquée par les élus et on écoutera ce qu’ils nous diront. C’est la position dans laquelle nous nous sommes placés depuis le début. » Edouard Phillippe ne tranche pas et renvoie la balle aux collectivités.
Strasbourg, capitale de l'Alsace: "Concernant la question du siège, c’est une question qui devra être évoquée par les élus et on écoutera ce qu’ils nous diront" déclare Edouard Philippe
La ministre aurait-elle contredit le Premier ministre ? Suite à cette déclaration, Matignon a répondu à Public Sénat : « Comme a pu l’indiquer le Premier ministre en conférence de presse, c’est une question à laquelle les élus sont invités à répondre eux-mêmes » et précise « qu’il n’appartient pas au Gouvernement de déterminer le futur siège de la nouvelle collectivité européenne d’Alsace. » Jugeant la phrase de Jacqueline Gourault mal interprétée, Matignon ne désavoue pas la ministre : « C’est exactement en ce sens qu’il faut entendre la réponse de la ministre : « la question ne se pose pas ». Elle ne se pose pas pour le Gouvernement. »
Durant les questions au gouvernement cet après-midi, Jacqueline Gourault a finalement laissé entendre que les choses n’étaient pas arrêtées : « Je tiens à remercier les élus locaux qui ont beaucoup œuvré et qui doivent encore le faire pour terminer ce schéma de coopération transfrontalière, pour établir la nouvelle organisation de cette collectivité et en choisissant son siège. »
Si les collectivités devront décider de la question de la capitale de la collectivité d’Alsace, Fabienne Keller sénatrice du Bas-Rhin et ancienne maire de Strasbourg ne précise pas pour l’instant les modalités de cette décision : « Comment sera décidé cette capitale ? Par loi, par décret, par la collectivité...je ne sais pas. »
Le sénateur du Haut-Rhin, Jean-Marie Bockel fait de ce débat autour de la capitale alsacienne « un point secondaire » : « Le point important est qu’il y a eu un accord important hier à Matignon. » Cela a été dit clairement : « Il y aura deux préfectures avec les compétences Etat : une à Strasbourg et une à Colmar. La question est de savoir où cette collectivité aura son siège. Cela n’est pas essentiel mais il y a une logique que cela soit à Strasbourg. »
Strasbourg, capitale de l'Alsace "Cela n’est pas essentiel mais il y a une logique que cela soit à Strasbourg" déclare Jean-Marie Bockel
Comme Gilbert Meyer, le maire de Colmar, Catherine Troendlé, sénatrice (LR) du Haut-Rhin, plaide pour que Colmar devienne la capitale de la nouvelle collectivité : « A titre tout à fait personnel, mon choix se porte sur Colmar (…) puisqu’ aujourd’hui la métropole de Strasbourg a déjà le siège de la région Grand-Est, elle dispose du Parlement européen (…) Pour une vraie visibilité des deux conseils départementaux, il me semble que ce serait une bonne idée de porter le siège à Colmar. »
Catherine Troendlé : : « A titre tout à fait personnel, mon choix se porte sur Colmar. »