Collectivités locales : Macron « n’a rien tranché » juge Longuet
Les annonces du président de la République au Congrès des maires ont laissé certains sénateurs sur leur faim. « Au Sénat, nous serons particulièrement vigilants » promet de son côté le socialiste Vincent Eblé.

Collectivités locales : Macron « n’a rien tranché » juge Longuet

Les annonces du président de la République au Congrès des maires ont laissé certains sénateurs sur leur faim. « Au Sénat, nous serons particulièrement vigilants » promet de son côté le socialiste Vincent Eblé.
Public Sénat

Par Thomas Leroy (Images : Jérôme Rabier)

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C’est peu dire que le discours était attendu. Si Emmanuel Macron a réussi à retourner la salle, qui lui avait lancé quelques sifflets à son arrivée, il n’a pas pour autant convaincu l’opposition. « L’homme a du talent, une habilité de communication » reconnait Gérard Longuet (LR), membre de la commission des finances au Sénat. « C’est à la fois l’énergie et la jeunesse mais sur le fond il n’a rien tranché de ce qui préoccupe les élus locaux ». Pourtant, le chef d’Etat a multiplié les rendez-vous avec les élus pour tenter de trouver des réponses aux inquiétudes qui minent les maires : conférences des territoires, assises de l’eau, conférence de consensus sur le logement (proposée par le président du Sénat Gérard Larcher)… les réflexions vont se multiplier dans les mois à venir. « Certes il souhaite le dialogue mais cela veut dire qu’il pousse en avant les problèmes et qu’il n’a tranché en rien » remarque Gérard Longuet.

Même son de cloche pour l’ancien ministre et sénateur de la Haute-Saône (LR) Alain Joyandet, sur Twitter.

Le sénateur socialiste Vincent Eblé, président de la commission des finances du Sénat se montre plus mesuré. « Le président de la République a annoncé une grande réforme de la fiscalité territoriale à l’échéance de 2020 » rappelle le sénateur. « C’est un point sur lequel il y a, au sein des élus, un certain consensus ».

Cette grande réforme intervient après les critiques de l’opposition sur la suppression programmée de la taxe d’habitation pour 80% des ménages d’ici la fin du quinquennat. Et peut-être même pour 100% des ménages comme l’a affirmé, ce vendredi matin sur RTL, le ministre de l’Action et des comptes publics Gérald Darmanin.

De nombreux observateurs ont pointé du doigt la caducité des règles utilisées pour calculer la base de cette taxe.

« Le système que nous avons connu et qui a été maintes et maintes fois modifié, corrigé, amendé, ne peut plus fonctionner comme il fonctionnait jusqu’à aujourd’hui » souligne Vincent Eblé.

« A partir du moment où l’on constate cela, et que l’on traduit qu’il faut supprimer tout ou partie de la taxe d’habitation, très bien ! Sauf que cette base, qui est dépassée, permet aussi d’appliquer les taxes foncières, les taxes sur les ordures ménagères. Donc si elle n’est pas bonne dans un cas, elle n’est pas bonne dans un autre » rappelle-t-il. « Cette réforme fiscale, elle est donc indispensable. De ce point de vue, satisfecit pour l’annonce ».

« Côté Sénat, nous serons particulièrement vigilants.
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Mais les nouvelles réformes apportent toujours leur lot d’inquiétudes. « Cela ouvre une période d’incertitude sur la façon dont on va pouvoir faire progresser des idées nouvelles pour permettre aux collectivités territoriales, de trouver les moyens nécessaires à la conduite  des missions. Il y a une vraie interrogation » poursuit le président de la commission des finances. « Côté Sénat,  nous serons particulièrement vigilants. »

Les sénateurs, représentants des territoires, vont donc s’impliquer dans les différentes démarches qui s’annoncent. A condition d’avoir leur mot à dire. « En vérité, pour Emmanuel Macron, les collectivités locales restent des gens sympathiques et dépensiers qu’il faut encadrer. C’est Bercy qui décide » tranche Gérard Longuet.

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