Collomb, le baron lyonnais, grognard puis grognon de la Macronie

Collomb, le baron lyonnais, grognard puis grognon de la Macronie

Emmanuel Macron avait catapulté à l'Intérieur celui qui fut longtemps considéré comme son plus fidèle grognard mais le...
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Par Gregory DANEL

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Emmanuel Macron avait catapulté à l'Intérieur celui qui fut longtemps considéré comme son plus fidèle grognard mais le compagnonnage avec Gérard Collomb, inoxydable baron lyonnais, a fini par tourner brutalement à la rupture.

Étonnant mariage que celui du jeune loup qui s'est propulsé en quelques mois à la tête de l'Etat avec le vieux briscard aux quarante années de vie politique, incarnation du "Vieux Monde" tant vilipendé. Quand Emmanuel Macron a grillé toutes les étapes, Gérard Collomb, amateur de randonnée dans le Vercors, a gravi marche après marche les étapes d'une carrière politique où rien ne lui fut acquis.

Entré au conseil municipal de la capitale des Gaules en 1977, année de naissance du président de la République, cet ex-professeur de lettres classiques a cumulé toutes les charges électives. Il attendra 2001, et trois échecs, pour faire basculer Lyon, bastion réputé inexpugnable du centre et de la droite. Il y mènera une politique urbanistique ambitieuse et tournée vers le développement économique.

Longtemps en marge avant d'être en Marche, cet éternel outsider du PS a attendu que sa famille politique le récompense d'un poste au gouvernement. En vain.

"Il y a quelques années, j'avais l'ambition d'être ministre mais cela m'avait passé", confiait au printemps Gérard Collomb à l'AFP. Son "coup de foudre" avec Emmanuel Macron, en qui il a vu l'incarnation nationale de son social-réformisme local, a tout changé.

Avec l'ex-ministre de l'Economie, l'aventure commence dès l'été 2015 à Léognan (Gironde), où l'aile droite du PS avait convié celui que le reste du parti boudait à La Rochelle.

Puis en juin 2016, alors que le futur président était encore à Bercy mais avait déjà lancé son mouvement, le maire de Lyon lui déroule le tapis rouge à l'Hôtel de Ville pour une rencontre avec les forces vives de la métropole. Une réception qui depuis fin juin 2018 est au coeur d'une enquête préliminaire confiée à la police judiciaire pour détournements de fonds publics, après une plainte d'élus de droite.

- Affaire Benalla -

Longtemps M. Collomb confessera une "relation quasiment fusionnelle, filiale" avec Emmanuel Macron. Lors de l'investiture du président, "Gégé" ne peut retenir ses larmes.

A son poste de l'Intérieur, Collomb fait voter une loi antiterroriste qui sort la France de l'état d'urgence mais hérisse les défenseurs des libertés publiques. Lance une police de sécurité du quotidien qui ne convainc guère en interne. S'attire les foudres de la gauche et de la droite pour sa réforme de l'asile et de l'immigration, un test réussi pour la jeune majorité qu'il a su piloter d'une main de fer.

Place Beauvau, il n'a que quelques mètres à parcourir pour rejoindre l'Elysée, où chaque semaine, il rencontre Emmanuel Macron.

Mais dans un ministère marqué par les Sarkozy, Valls et consorts, la greffe peine à prendre. Il est moqué pour son verbe parfois brouillon, ses gaffes ou ses nombreux voyages lyonnais. Un syndicaliste policier cingle: "qu'il soit là ou pas, c'est la même chose". En interne, l'annonce de son départ est régulièrement pronostiquée.

Celle-ci finit par tomber comme un cheveu sur la soupe. Au détour d'une interview, le ministre annonce mi-septembre sa candidature à Lyon pour les échéances électorales de 2020 et son futur départ du gouvernement. Si le principe d'un retour entre Rhône et Saône n'étonne personne, le timing de l'annonce sidère jusqu'à son proche entourage.

N'est-elle dictée "que par des considérations locales", comme l'affirme un ex-proche qui se dit "consterné"? Collomb n'a jamais su couper le cordon avec sa ville de coeur mais difficile de ne pas y voir les effets de l'affaire Benalla qui a écorné sa relation avec le président.

Le ministre finit par présenter sa démission lundi soir. Une première fois refusée par le chef de l'Etat. Il remonte à la charge mardi dans une entretien surprise au Figaro.

Et Emmanuel Macron d'attendre "désormais les propositions du Premier ministre".

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