Il y a 10 ans, le vendredi 13 novembre 2015, la France était frappée par les attaques jihadistes les plus meurtrières de son histoire. Coordonnées par le groupe Etat islamique (EI) un match de football, un concert de hard-rock au Bataclan, des bars et restaurants dans le Xe et XIème arrondissement de Paris avaient été ciblés faisant 132 morts et 350 blessés.
Sur BFMTV ce jeudi, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez a rappelé que menace reste « toujours très élevée » en France. Si le risque lié à la radicalisation de personnes présentes sur le territoire national persiste, « le type d’attaques comme celles qu’on a connues […] est moins probable ».
Lieux de commémoration sous surveillance
La semaine dernière, le ministre avait appelé les préfets et responsables de la sécurité à « renforcer les mesures de vigilance » à l’approche des commémorations des attentats du 13 novembre 2015. Elles débuteront à 11h30 avec un hommage à Manuel Dias, seule personne tuée près du Stade de France. Vers 12h30, seront lues des plaques commémoratives devant les bars Le Carillon et le Petit Cambodge, dans le 10e arrondissement de Paris, où 13 vies furent volées. A 13h00, en mémoire des cinq victimes de la Bonne Bière dans le 11e, une minute de silence sera respectée, puis vers 13h30, devant l’ancien Comptoir Voltaire. Des gerbes seront déposées devant la Belle Equipe, où 21 vies furent fauchées puis devant le Bataclan, où 90 personnes furent assassinées.
Le point d’orgue de la journée sera l’inauguration du Jardin du 13 novembre 2015, situé derrière l’Hôtel de Ville. Ces lieux font l’objet d’un « dispositif adapté et d’une attention particulière des forces de sécurité intérieure et des militaires » de l’opération Sentinelle du 10 au 16 novembre. Le ministre a également mis l’accent sur « toute tentative d’ingérence étrangère qui pourrait chercher à tirer profit de l’organisation de ces commémorations ».
En début de semaine, « une mineure de 17 ans » et « un homme de 20 ans », et Maëva B, l’ex-compagne de Salah Abdeslam, ont été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et incarcérés. L’ex-compagne de l’un des terroristes du 13 novembre a reconnu avoir remis une clé USB chargée de propagande djihadiste à son ex-compagnon, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015 et incarcéré à la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais). Selon me parquet antiterroriste, Maeva B présenterait une « radicalisation certaine et une fascination pour le jihad ».
Dans un entretien avec l’AFP le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, a indiqué que « la menace la plus importante », restait la menace jihadiste « puisqu’elle représente 86 % des 540 procédures actuellement suivies par le Pnat ». « Cela représente 146 enquêtes préliminaires, 394 informations judiciaires, dans lesquelles 364 personnes sont mises en examen, et parmi celles-ci, 150 personnes sont en détention provisoire », a -t-il détaillé.
D’une menace projetée à une menace endogène
Quatre attentats ont eu lieu sur le territoire en 2025, dont un lié à l’ultra droite, celui de Puget-sur-Argens. « En 2025, 6 attentats ont également été déjoués sur le territoire. La tendance générale est donc à une menace qui s’accroît. Nous observons depuis maintenant 3 ans une augmentation du nombre de procédures que nous ouvrons et d’autre part, dans les projets qui sont construits, un aboutissement, un stade de préparation des projets, beaucoup plus développé aujourd’hui qu’il y a quelques années », a déclaré le procureur.
Olivier Christen souligne également l’évolution de la menace en 10 ans. « Nous sommes passés d’une menace dite projetée, c’est-à-dire la capacité d’une organisation terroriste basée à l’étranger à envoyer des commandos sur le territoire européen ou le territoire national, à une menace qui a un temps été de nature téléguidée, c’est-à-dire d’organisations terroristes qui utilisent des personnes qui peuvent être en lien avec elles et sur le territoire pour passer à l’acte, à une menace aujourd’hui qui est typiquement endogène […] qui se « caractérise par des individus qui sont sur le territoire français, ne l’ont jamais quitté et n’ont pas nécessairement des rapports directs avec les organisations terroristes ».
Ce sont des individus qui vont s’auto-alimenter de propagande en général et qui, à partir de là, vont envisager un engagement jihadiste, notamment un passage à l’acte en France conformément aux préconisations des principales organisations terroristes, que ce soit Daech ou Al-Qaïda ». La part des mineurs impliqués dans la préparation de ces attentats est en hausse. 42 mineurs sont aujourd’hui mis en examen.
Cinq procédures relatives à l’ultra-droite ouverte en 2025
A côté de la menace jihadiste, le Pnat insiste sur le développement de celle liée à l’ultra-droite radicale violente. Cinq procédures relatives à ce contentieux dont l’assassinat commis à Puget-sur-Argens ont été ouvertes en 2025. « Cette menace d’ultra-droite radicale violente est polymorphe : on y intègre les mouvements très politiques mais également des mouvements type incel, des masculinistes radicaux violents dont certaines références sont identiques à celles de l’ultra-droite, les théories suprémacistes ou l’antisémitisme notamment », définit le procureur.
Ingérences étrangères
Le troisième objet de vigilance pour le Pnat porte sur la menace émanant d’États étrangers « qui commettent ou peuvent préparer en utilisant des proxys, des actions contre les personnes sur le territoire national afin, soit de lutter contre leurs opposants politiques, soit de faire pression parfois sur d’autres États étrangers ou sur notre politique étrangère, à travers l’attaque de communautés », détaille Olivier Christen.
Avec l’AFP