Rendre concret les engagements pris à Paris. Six ans après l’accord historique signé en France, la nouvelle conférence internationale sur le climat s’ouvre ce week-end à Glasgow en Écosse… avec un an de retard en raison de la crise du covid-19. Du 31 octobre au 12 novembre, au moins 20 000 personnes sont attendues au centre de conférences Scottish Event Campus : 197 pays représentés, dont au moins 121 dirigeants présents sur place. Dans la très sécurisée « Blue Zone », diplomates, ministres, chefs d’État et de gouvernement tenteront de donner une transcription technique aux orientations définies lors de la COP21. Sous l’égide de Joe Biden, le retour des États-Unis à la table des discussions marque déjà une avancée de taille pour cette COP. L’enjeu est de réduire drastiquement les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici 2030 pour maintenir le réchauffement climatique dans la limite des +1,5°C. Un objectif d’autant plus difficile à atteindre que le premier volet du 6e rapport du GIEC sur le réchauffement climatique, publié cet été, fait état de perspectives climatiques relativement pessimistes.
Un long travail préparatoire
La conférence devra également mettre en branle le mécanisme ascendant acté à Paris, c’est-à-dire un relèvement des objectifs initialement fixés de réduction des gaz à effet de serre. Pour ce faire, chaque pays devait présenter en amont les efforts sur lesquels il consent à s’engager, sous la forme de contributions nationales. Auditionné le 14 octobre dernier par le Sénat, Stéphane Crouzat, l’ambassadeur français chargé des négociations sur le changement climatique, avait pointé le manque d’ambition de certaines copies, notamment celles rendues par la Russie, le Brésil, l’Indonésie, l’Australie et le Mexique. D’autres ont fait durer le suspense jusqu’au dernier moment : la Chine, qui représente le quart des émissions planétaires de CO2, a attendu jeudi pour soumettre ses nouveaux engagements. La deuxième puissance mondiale vise la neutralité carbone avant 2060. Reste à savoir si la déclaration d’intention sera suivie des faits. Du 30 septembre au 2 octobre dernier, la pré-COP de Milan a été l’occasion d’un premier travail préparatoire avant Glasgow. Nul doute que les discussions climatiques occuperont encore une large part de la réunion du G20 qui se tient à Rome samedi et dimanche.
Neuf jours de négociations… et plus si affinités
La COP26 sera officiellement ouverte dimanche, mais ce n’est que le lendemain que débuteront les festivités. Les journées du 1er au 2 novembre seront consacrées à l’accueil des dirigeants mondiaux et représentants des États. À l’issue d’une cérémonie, prévue à midi le 1er novembre, les 121 chefs d’État et de gouvernement doivent s’exprimer à tour de rôle, exposant notamment les engagements pris par leurs nations respectives. Emmanuel Macron devrait être le cinquième à prendre la parole, juste après le président des Seychelles.
Puis s’ouvriront à proprement parler les négociations. Étalées du 3 au 12 novembre et coordonnées par la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), elles constituent le cœur de la COP, avec pour objectif de fixer les normes d’application de l’accord de Paris, mais aussi de rehausser les objectifs de réduction définis il y a six ans. Chefs d’État et de gouvernement, ministres de l’Environnement, ambassadeurs et chefs de délégation en sont les principaux participants. Ils s’exprimeront à nouveau les 9 et 10 novembre, l’occasion de faire le point sur les discussions, avant un travail de synthèse.
Toutefois, ce calendrier est susceptible d’être bousculé en cas de blocage dans les discussions, comme on a déjà pu le voir en décembre 2019 à Madrid, où les négociations s’étaient prolongées un jour et demi au-delà du délai fixé, sans parvenir à un accord sur la mise en place d’un marché mondial du carbone. Ce point sera également l’un des enjeux de la réunion de Glasgow. « On a battu le record de durée des COP avec celle Madrid en 2019, mais là, vu la feuille de route, je ne sais pas si vous avez prévu un billet de retour… », avait d’ailleurs ironisé le sénateur écolo Ronan Dantec le 14 octobre dernier, face à Stéphane Crouzat.
» Lire notre article : COP26 : l’ambassadeur français pour le climat décrit un chemin parsemé d’embûches
Une série de journées thématiques
En parallèle des discussions diplomatiques, une quarantaine de conférences et de tables rondes, organisées sous l’égide du pays hôte, seront réparties en 9 journées thématiques dans la « Green Zone », accessible au grand public :
> Le 3 novembre, une journée consacrée à la finance, avec une série de réunions autour de la nécessité de mobiliser financements publics et privés pour engager une croissance résiliente et soutenir le développement de pratiques économiques éco-compatibles.
> Le 4 novembre, journée de l’énergie ou comment les pays s’engagent dans la transition énergétique pour limiter le seuil du réchauffement climatique sous la barre des 1,5°c, avec un double défi : l’indépendance énergétique et la maîtrise des coûts.
> La jeunesse sera au cœur de la journée du 5 novembre, organisée en partenariat avec le « Youth Climat Mouvement ». « La présidence britannique de la COP26 s’engage à faire entendre les voix de la jeunesse et à mettre en place une plateforme à l’attention des jeunes experts du climat, afin qu’ils puissent faire valoir leurs priorités devant les décideurs politiques » , lit-on dans le programme officiel de la COP26. Une initiative qui fait directement écho à la multiplication des mouvements jeunes de protestation contre l’inaction climatique, dont la suédoise Greta Thunberg est devenue l’un des principaux visages.
> Les 5 et 6 novembre, la protection de la nature et la restauration de la biodiversité, sur terre mais aussi dans les océans, seront au centre des discussions. Une revue des initiatives lancées par les secteurs alimentaire, agricole, financier ou encore bancaire - baptisée « Get Nature Positive » -, est prévue en début d’après-midi le samedi.
> Le 7 novembre : journée de relâche
> Le 8 novembre sera consacré à l’impact du changement climatique sur les populations, et à la manière dont celles qui sont le plus durement frappées, mais aussi les gouvernements, s’adaptent aux intempéries, aux pollutions ou encore à la montée des eaux.
> Rebaptisée « Gender Day », la journée du 9 novembre, apportera un focus sur la manière dont les communautés marginalisées peuvent être plus fortement impactées que d’autres par le changement climatique. L’objectif est aussi de faire valoir la collaboration internationale contre le réchauffement comme l’occasion de nouvelles avancées en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes.
> Le 10 novembre : les transports. Des dirigeants du secteur seront réunis pour évoquer les efforts engagés en faveur de la mise en place d’un parc automobile mondial zéro carbone. Il sera également question des défis posés par les deux modes de transport les plus polluants : l’aviation et la navigation.
> La question du bâti sera abordée le 11 novembre, ou comment la ville représente un espace essentiel de lutte contre le réchauffement climatique, qui nécessite la pleine collaboration des élus locaux et des acteurs privés.