Une commission d’enquête du Sénat sera lancée fin juin pour faire la lumière sur la gestion de l’épidémie par les autorités et sur l’état de l’anticipation de celle-ci au cours des dix dernières années. Un tempo qui relance la tension entre l’exécutif et la Haute assemblée (relire notre article). Selon le Canard Enchaîné, Emmanuel Macron aurait fait part de son mécontentement lors du Conseil des ministres du 7 mai. « Le Sénat s’est déshonoré. Le temps est encore à l’action, ce n’est le moment de jouer les procureurs » a-t-il affirmé. Et d’ajouter que « la politique, c’est comme la grammaire : on fait parfois des fautes de temps ».
Invité de Parlement Hebdo, sur les chaînes parlementaires, Philippe Dallier, vice-président LR du Sénat, estime que la réaction présidentielle, si elle était avérée, serait grave. « J’espère surtout que les propos rapportés n’ont pas été tenus. Parce que, que le président de la République, en Conseil des ministres, s’en prenne au Parlement de cette manière-là alors je pense que toutes les bornes seraient dépassées ! »
Le Sénat « est dans son droit le plus strict »
Il estime que le Sénat est « dans son droit le plus strict » en mettant en place cette commission d’enquête, au titre de son pouvoir de contrôle de l’action du gouvernement, conformément à la Constitution.
Pour Philippe Dallier, pas question de chercher des coupables, mais plutôt de comprendre pourquoi la France s’est retrouvée en partie submergée par la pandémie de coronavirus, matériellement et stratégiquement. « Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous n’y étions pas préparés donc il faut comprendre pourquoi. Il ne s’agit pas d’aller pointer du doigt untel ou untel, parce que le risque c’est qu’il y ait une partie de ping-pong pour essayer de se renvoyer les responsabilités. »
« Les Français ont le droit de savoir », a-t-il insisté, voyant dans les conclusions de la future commission d’enquête une façon de se préparer à ce type d’épisode. « Nous avons l’obligation de comprendre pour pouvoir adapter la manière dont nous gérerons une éventuelle crise à l’avenir. » Il espère que le gouvernement « pourra s’appuyer sur les résultats » de la commission d’enquête, après ses six mois de travaux, « pour corriger les choses ».