« Sur un sujet aussi grave que l’épidémie de Covid-19 où l’on se doit de dire la vérité aux Français, on voit bien cette fois encore que les commissions d’enquête du Sénat ont un temps d’avance sur celles de l’Assemblée nationale », lâche d’entrée Patrick Kanner, le président du groupe socialiste au Sénat.
Pour le sénateur PS du Nord, qui se refuse malgré tout d’établir « toute hiérarchie qualificative entre les deux chambres » et de se présenter comme « un anti Assemblée nationale », le Sénat possède « une vraie culture de l’investigation et travaille peut-être davantage dans une forme de discussion et de sagesse. Cela fait du bien d’avoir une institution solide comme le Sénat dans le monde de fake news que nous connaissons aujourd’hui ».
Pour Muriel Jourda, sénatrice LR du Morbihan, c’est plutôt l’indépendance politique du Sénat vis-à-vis de l’exécutif élyséen qui joue beaucoup. « La force du Sénat, c’est son non alignement vis-à-vis du gouvernement. En réalité, on ne craint pas vis-à-vis d’un quelconque gouvernement d’aller rechercher la vérité ».
Un sentiment partagé par le sénateur PS Jean-Pierre Sueur qui compare « l’indépendance politique du Sénat à l’égard de n’importe quel gouvernement » à « un acquis précieux ».
Muriel Jourda : "La force du Sénat c'est son non-alignement vis-à-vis du gouvernement"
Du côté de Philippe Bas l’ancien président de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, on exclut toute « approche comparative entre les deux chambres ». Mais l’explication d’un Sénat plus performant que le Palais Bourbon résulterait plutôt, selon lui, du fait que les actualités permettant de médiatiser les commissions d’enquête sénatoriales se sont juxtaposées ces dernières années. « Les dernières actualités ont beaucoup joué car je ne crois pas que le Sénat ait changé quoique ce soit dans son fonctionnement. Nous avons toujours eu le même cahier des charges, à savoir celui de la rigueur, de la réflexion et de la sagesse. Le Sénat a toujours fait son travail avec objectivité et sans préjugés », assure le sénateur LR de la Manche.
« C’est bien que le parlement joue son rôle de contrôle mais c’est un raté sur le résultat », rétorque François Patriat. Selon le président du groupe RDPI, la conférence de presse du jour n’est qu’une « manœuvre politique ». « Lors du vote mardi soir, le ton était serein. Aujourd’hui, il est agressif et violent. Et puis Jérôme Salomon n’a pas été auditionné sur les mails » dévoilés par les sénateurs, dénonce-t-il. Le résultat du rapport de la commission sera le même que celui de l’Assemblée nationale, veut croire le vieux compagnon de route d’Emmanuel Macron : « ça a fait le buzz un soir, après on en entendait plus parler ».
Cette commission d’enquête qui accuse notamment Jérôme Salomon, le directeur général de la santé d’être responsable du manque de masques à l’arrivée du virus, devrait en tout cas continuer à faire réagir très largement la classe politique. Surtout à quelques heures de la conférence de presse très attendue du Premier ministre Jean Castex sur la levée ou non du confinement.