C’est depuis le quartier de Bourtzwiller, à Mulhouse qu’Emmanuel Macron a posé les premiers jalons de son plan contre « le séparatisme islamiste ». Une sémantique savamment pesée selon la volonté du chef de l’État qui a confié ne « pas être à l’aise avec le terme communautarisme ». « On est dans la Nation française. On peut se sentir des identités multiples… Si on respecte les lois de la République on est tous dans la Nation » a-t-il justifié.
Dans ce quartier de Mulhouse, classé « quartier de reconquête républicaine » (QRR) il y a un peu plus d’un an, Emmanuel Macron n’a pas manqué de se féliciter « des résultats obtenus ». « Parce qu’on a remis 20 policiers mais aussi on a demandé aux enseignants de faire davantage… Pour casser, si je puis dire, ceux qui essayaient de manipuler depuis l’extérieur ». Bourtzwiller est aussi l'un des 17 territoires de lutte contre la radicalisation, définis depuis quelques mois, où sont mises en place des cellules contre l'islamisme et le repli communautaire (Clir) dont le chef de l'État souhaite renforcer l'action.
« Mettre la méritocratie partout ».
Dans les premières heures de sa visite de terrain qui s’est transformée en bain de foule, Emmanuel Macron est resté fidèle à son fameux « en même temps » en indiquant « vouloir lutter contre les discriminations », « mettre la méritocratie partout » et « lutter contre le séparatisme ».
« Macron voulait faire diversion en parlant communautarisme et séparatisme. Les questions des habitants le rappellent à la réalité : répondre à l’urgence sociale, aux problèmes d’emploi pour rassembler et faire République ! » a commenté sur twitter, la sénatrice communiste, Cécile Cukierman.
Le calendrier du plan de lutte contre le séparatisme va s’étendre au-delà des élections municipales des 15 et 22 mars. Le chef de l'État fera d’ailleurs un deuxième déplacement la semaine prochaine sur cette question.
L’exécutif compte s’appuyer sur les Maisons France Service et le réseau associatif pour y développer des « offres fiables » dans le domaine du sport et dans le domaine scolaire et périscolaire ou encore contrôler le développement des écoles privées hors contrats dont certaines peuvent prôner des idées contraires aux valeurs de la République.
Encadrement des écoles privées hors contrat
À ce sujet, la sénatrice centriste, Françoise Gatel s’est félicitée, ce mardi, des avancées de sa loi sur l’encadrement des écoles privées hors contrat, adoptée il y a deux ans jour pour jour. En 2019, 205 déclarations d’ouverture de ces établissements ont été transmises au ministère de l’Éducation nationale. Sur les 163 déclarations dont l’instruction a été achevée, 27 dossiers se sont vu opposer un refus d’ouverture (soit plus de 16%) et 24 établissements ont renoncé à ouvrir. « Dorénavant, la qualification insuffisante du directeur d’établissement, un financement douteux, une absence d’accessibilité du bâtiment ou un motif tenant à l’ordre public peuvent être valablement invoqués pour s’opposer à l’ouverture d’une école hors contrat. C’est une grande avancée. » a souligné la sénatrice dans un communiqué.
« Moi je n’attends pas un discours. En général il (Emmanuel Macron) fait de bons discours. Mais le problème, c’est que les discours restent au niveau des mots. Et déjà pour les mots, il a fallu attendre trois ans pour savoir qu’elle serait le bon qualificatif » a regretté, ce matin, le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, à l’initiative de deux propositions de loi sur le communautarisme et d’une commission d’enquête du Sénat sur la radicalisation islamiste.
« On ne peut pas faire l’islam de France » estime Bruno Retailleau
"On ne peut pas faire un islam de France" pour Bruno Retailleau
Le chef de l’État doit aussi s’exprimer sur la structuration de l’islam de France, la formation des imams, le financement des lieux de culte alors que la nouvelle mosquée de Mulhouse, le centre Annour, a été financée aux trois quarts par des dons en provenance du Qatar et du Koweit. « Il faut qu’Emmanuel Macron sorte de l’ambiguïté. On ne peut pas faire l’islam de France (…) Le bon outil ce n’est pas l’institutionnalisation de l’islam de France qui manquera toujours son but parce que les plus radicaux ne s’y inscriront pas ou prendront le contrôle. Ce sont nos valeurs, la laïcité qu’on doit mettre en avant » préconise le sénateur de Vendée.