C’est désormais au Sénat que le projet de loi de réforme ferroviaire doit être examiné. Trois jours de débat sont prévus avant le vote solennel du 5 juin. Pour marquer l’arrivée du texte, le groupe communiste tenait une conférence de presse « sur la réalité de la concurrence du rail dans le monde ». Ce rendez-vous était marqué par la présence d’une délégation de syndicalistes cheminots (CGT, SUD RAIL, UNSA, CFDT) et de représentants de « International Transport Workers Fédération ».
« Nous serons à l’offensive contre ce texte, pour réaffirmer notre refus de la privatisation de la SNCF et porter des propositions alternatives » a affirmé Éliane Assassi, la Présidente du groupe communiste au Sénat. La sénatrice souligne l’importance du retour d’expérience des syndicalistes d’autres pays : « Leurs propos ont été assez éloquents car l’ouverture à la concurrence a conduit pour de nombreux pays à la privatisation. Il y a même des pays qui sont revenus la nationalisation tellement la privatisation cassait le système ferroviaire. Nous avions besoin d’écouter les syndicalistes français et européens ».
"Nous avions besoin d’écouter les syndicalistes français et européens » selon Eliane Assassi
« Le vote est une formalité mais nous n’arrêterons pas »
« Le vote est une formalité mais nous n’arrêterons pas » affirme Laurent Brun
Laurent Brun, le secrétaire national de la CGT Cheminots, souhaite aussi s’appuyer sur les expériences d’ouverture à la concurrence dans d’autres pays : « Le but de la réunion est d’interpeller les sénateurs mais aussi faire intervenir une délégation internationale de syndicalistes du transport pour démonter l’argumentaire du gouvernement sur les bienfaits de la concurrence en Europe et dans le monde. Nous avons des éléments pratiques à apporter mais nous n’avons aucune réponse en face ».
Le rapporteur LR au Sénat de la réforme ferroviaire, Gérard Cornu, a lancé mardi un "appel solennel" aux syndicats de cheminots pour qu'ils cessent leur grève, assurant que le texte soumis aux sénateurs comporte des "avancées sociales très importantes". Pourtant, Laurent Brun réaffirme sa volonté de poursuivre le mouvement : « Le gouvernement voudrait faire du vote au Sénat le 5 juin une fin du débat. Le vote est une formalité mais nous n’arrêterons pas. Le Sénat s’est entendu avec la droite parlementaire donc cela va passer comme dans du beurre. Nous continuons la lutte car cette réforme est mauvaise ».
« Le Président Macron a tort de dire que l’exemple allemand est un bon exemple »
« Le Président Macron a tort de dire que l’exemple allemand est un bon exemple » selon Winfried Wolf, membre du syndicat allemand Verdi
Parmi les représentants syndicaux étrangers présents, Winfried Wolf, membre du syndicat allemand Verdi souligne que l’Allemagne être pris pour exemple pour sa réforme ferroviaire : « Nous sommes solidaires de la grève de nos amis français. Nous pensons que M. le Président Macron a tort de dire que l’exemple allemand est un bon exemple. C’est un mauvais exemple ».
Le syndicaliste dresse un bilan de cette réforme : « Le bilan, 24 ans après est le suivant : baisse des infrastructures ainsi que leur dégradation, qui conduit à une augmentation de certains temps de trajets sur les LVG, une réduction de moitié des personnels (de 350 000 à 180 000 personnes).
La Deutsche Bahn Aktiengesellschaft (Société anonyme des chemins de fer allemands) est à nouveau endettée à hauteur de 18,6 Mds d’euros. Elle ne peut plus emprunter sur les marchés sans la caution de l’État qui pourrait en définitive rembourser à nouveau cette dette ».
Les sénateurs et sénatrices communistes se sont ensuite rendus à la manifestation des cheminots devant le Sénat.