« Les gouvernements successifs ont laissé filer les déficits », se lamente le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, Jean-François Husson, insistant sur la responsabilité de l’ancien ministre de l’économie, Bruno Le Maire (2017-2024). L’ancien maître de Bercy est notamment accusé d’avoir dissimulé des informations et de ne pas avoir alerté sur l’aggravation du déficit public en 2023, d’abord annoncé à 4,9 % du PIB avant d’atteindre finalement 5,5 %. Pour l’année 2024, le déficit avait atteint 5,8 % du PIB alors que le ministre avait annoncé un objectif à 4,4 %.
Une situation qui a largement irrité la commission des finances du Sénat qui avait lancé une mission d’information en mars 2024. Le contrôle du Sénat avait permis de documenter certaines incohérences entre les déclarations publiques de Bruno Le Maire et les notes internes du ministère. « J’ai pris connaissance de notes, de courriers adressés au président de la République qui mettent en lumière des déclarations publiques contraires aux écrits qui circulaient », rapporte Jean-François Husson expliquant que l’ancien ministre avait fourni des « éléments nouveaux » à la commission des finances.
« Ce dossier n’est pas refermé »
Malgré ces alertes internes, Bruno Le Maire doit-il être tenu responsable du dérapage des finances publiques ? « Forcément pour une partie », juge le rapporteur général de la commission des finances, rappelant que Bruno Le Maire avait choisi de se maintenir au gouvernement et était donc responsable de la situation. « Ce dossier n’est pas refermé », assure Jean-François Husson qui attend la fin de l’examen des textes budgétaires pour déterminer les suites à donner à cette affaire. Néanmoins, au Sénat, Bruno Le Maire était auditionné par une mission d’information et non une commission d’enquête ce qui écarte la possibilité de réaliser un signalement au procureur pour faux témoignage.