La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Concessions autoroutières : « Oui, l’opération financière a été réussie », selon Bruno Le Maire
Par Marion Vigreux
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« Des choix qui restent cohérents avec ma vision de la politique économique et du rôle de l’État ».
Voici ce que pense Bruno Le Maire, 15 ans après les faits, de la cession des parts publiques des sociétés concessionnaires autoroutières. Une cession dont il s’est d’ailleurs inspiré pour défendre le projet de privatisation de la société Française des Jeux ou aéroports de Paris. Et qui répondait à deux objectifs, désendetter l’État et investir dans l’avenir. Objectifs atteints selon lui.
Quant à savoir si l’opération financière réalisée à l’époque, a été réussie, Bruno Le Maire répond par l’affirmative. À ses yeux, la vente, dans son montant ou dans sa méthode, n’est pas attaquable. Elle a permis à l’État de récupérer 14,8 milliards d’euros. Une somme critiquée par la Cour des comptes en 2009. Celle-ci l’estimait sous-évaluée. Ce que Bruno Le Maire conteste fortement.
Comme Dominique de Villepin (lors de son audition), le ministre de l’Économie rappelle que le choix de la privatisation s’inscrit dans le processus engagé par l’ancien premier ministre socialiste, Lionel Jospin, à partir de 2002.
« La seule décision politique qui a été prise était de céder la gestion pleine et entière de tout le réseau autoroutier à des entreprises privées avec cette conviction que je continue de partager 15 ans plus tard. Ces sociétés sont mieux équipées pour gérer les autoroutes que l’État qui est lui, mieux à même de moderniser ce réseau ».
« La gestion des autoroutes ne peut pas relever de l’État »
Le ministre de l’Économie estime d’ailleurs qu’il faut clarifier le rôle de l’État.
« Je continue de penser que l’État n’a pas pour rôle de gérer des autoroutes ou des péages et je continue de le penser pour d’autres infrastructures. Le rôle de l’État est de bâtir ces autoroutes, de moderniser les infrastructures, de garantir la circulation des biens et des personnes. Il l’a fait et il doit continuer à le faire ».
« L’État est toujours propriétaire des autoroutes »
Le ministre de l’Économie tient également à rappeler que la propriété de terrains et d’infrastructures est intacte, qu’il ne s’agit que de concessions. Et qu’à la fin des contrats, entre 2027 et 2050, l’État pourra récupérer leur gestion.
Pour lui, il ne fait pas de doute que les infrastructures actuelles sont en meilleur état que celles qui ont été cédées en 2006. Quant aux tarifs, il confirme leur augmentation et la regrette. L’autoroute est chère pour de nombreux usagers mais à ces yeux, cette hausse n’est pas excessive. Elle suit l’inflation et est même conforme aux règles prévues dans les contrats.
« Si on poursuit les concessions, il faut renforcer la régulation »
Bruno Le Maire admet qu’il y a un vide sur les taux d’intérêt qui n’a pas été anticipé dans la cession des parts de l’État. Pour lui, il est nécessaire de réaliser des régulièrement des points d’étapes car on ne peut pas, sur trente ou cinquante ans, fixer les hypothèses de prix, de trafic ou d’investissements.
Interpellé par le rapporteur, Vincent Delahaye, Bruno Le Maire reconnaît que la seule erreur qui a été commise, est celle de ne pas avoir anticipé la baisse des taux d’intérêt. Les sociétés d’autoroutes ont ainsi pu refinancer leurs dettes à des taux d’intérêt beaucoup plus favorables en bénéficiant d’un retour sur investissement plus élevé. Le coût du financement varie dans le temps et pour le ministre de l’Économie, il est impératif de pouvoir le réévaluer, via des points d’étape, pour que le concessionnaire ne bénéficie pas de surrentabilité. Il plaide pour des durées de concession de 15 ans avec des rendez-vous tous les 5 ans.
Quant à l’opportunité de renationaliser ces autoroutes, Bruno Le Maire n’y croit pas. Le coût serait beaucoup trop élevé pour l’État, entre 45 et 55 milliards d’euros. Autant d’argent qui devrait être investi, selon lui, en priorité dans l’innovation et la recherche.
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