Conférence de presse d’Emmanuel Macron : « C’est le retour de l’ORTF », juge Patrick Kanner

Invité de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat ce mardi 16 janvier, le chef des sénateurs socialistes a jugé que l’organisation par le président de la République d’une conférence de presse ce mardi soir à 20h15 est une « forme d’autoritarisme », car il « s’impose dans les foyers ».
Stephane Duguet

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« Le rendez-vous avec la Nation d’Emmanuel Macron a été fixé à ce soir 20h15. Le président de la République donnera une conférence de presse retransmise en direct à la radio et à la télévision. « C’est le retour de l’ORTF », raille Patrick Kanner, le président des sénateurs socialistes qui juge qu’il « s’impose dans tous les foyers ». Pour le sénateur du Nord, c’est « une forme d’autoritarisme ».

Ancien ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports de François Hollande, Patrick Kanner note qu’Emmanuel Macron qui ne s’était pas prêté à l’exercice de la conférence de presse depuis avril 2019, reprend le format utilisé par le président socialiste. A la différence que François Hollande les organisait « l’après-midi avec des reprises le soir » dans les médias, se souvient celui qui y assistait.

Réforme des institutions

Emmanuel Macron pourrait se prononcer ce soir sur la hausse des tarifs de l’électricité de 10 %, conséquence de l’augmentation d’une taxe que doit décider le gouvernement en février. « Arrêtons de faire payer aux Français, ce qui pourrait être payé par d’autres », plaide Patrick Kanner. L’élu du Nord propose de piocher dans les « 93 milliards d’euros de dividendes de 2023 ». Il se veut néanmoins pessimiste sur les chances de cette solution : « S’il ne prononçait pas ce soir [l’abandon de l’augmentation de cette taxe], il confirmerait son engagement à droite ! »

Une réforme des institutions mise en avant régulièrement par le chef de l’Etat depuis son élection en 2017 pourrait également être abordée ce soir. « Je suis perplexe, confie Patrick Kanner. Il en parle depuis 7 ans, mais il n’a pas réussi à convaincre des parlementaires pour mettre en œuvre la réforme de la Constitution ». Xavier Iacovelli, sénateur Renaissance des Hauts-de-Seine, affirme tout de même sur Public Sénat que le « millefeuille administratif » avait été évoqué par Emmanuel Macron hier soir lors d’une réunion avec les parlementaires de la majorité. Au lieu de supprimer des strates administratives, Patrick Kanner souhaiterait plutôt la création de « blocs de cohérence » et entendre « de la bouche du président non pas des grands principes, mais des choses concrètes qui changent la vie des Français ».

Emmanuel Macron « de droite et de droite »

L’organisation de cette conférence de presse par Emmanuel Macron intervient avant le discours de politique générale que doit prononcer le nouveau Premier ministre Gabriel Attal la semaine prochaine. Pour le chef des sénateurs socialistes, c’est le signe d’un « resserrement du pouvoir », estimant que Gabriel Attal « n’est même plus son collaborateur, mais son supplétif ». Le sénateur dénonce les rapports entretenus par le président de la République et le Parlement. « Il ne pratique plus le Parlement depuis bien longtemps », déplore le socialiste, pointant la volonté du chef de l’Etat de recourir aux règlements et aux décrets plutôt qu’à la loi et l’usage de l’article 49-3 par Elisabeth Borne à une vingtaine de reprises.

Patrick Kanner n’épargne pas non plus la composition du nouveau gouvernement qu’il voit comme « un gouvernement Sarko » avec l’entrée de deux anciennes ministres du président Nicolas Sarkozy : Catherine Vautrin et Rachida Dati. « Cela montre qu’Emmanuel Macron est de droite et de droite », considère-t-il. Celui qui a été à la tête d’un ministère comprenant les Sports regrette aussi qu’avec le remaniement ce domaine soit « noyé dans l’Education nationale ». La nouvelle ministre Amélie Oudéa-Castéra est également sous le feu des critiques à cause de ses propos pour justifier la scolarisation de ses enfants dans le privé : « C’était absurde d’y répondre, maladroit de s’attaquer à son ministère et irresponsable de mentir », tance le sénateur.

 

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