Le garde des Sceaux précise que certaines des annonces qui seront faites vendredi à Marseille contre le trafic de drogue seront applicables rapidement. « Il faut que nous puissions armer l’État de façon plus forte, sans tarder », a-t-il déclaré au micro de Public Sénat.
Confinement : les sénateurs veulent une vision sur le long terme
Par Marylou Magal
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« Notre stratégie de confinement semble produire les premiers effets attendus même si nous devons rester prudents », résume, ce jeudi, le premier ministre lors de son intervention sur l’évolution de la situation sanitaire deux semaines après l’annonce d’un reconfinement. Dressant un bilan de la situation épidémique sur le territoire, Jean Castex a affirmé que plus de 42 500 personnes étaient mortes de la Covid-19 depuis le début de la pandémie. « Aujourd’hui, un décès sur quatre en France est dû au virus », a-t-il affirmé. Les mesures de confinement prises le 29 octobre sont donc reconduites jusqu’au 1er décembre « au moins », avec un renforcement des mesures de sécurité sanitaires, dans les écoles notamment a indiqué le premier ministre.
Selon les chiffres présentés par le gouvernement, une hospitalisation a lieu toutes les trente secondes et 95% des capacités « hors crise » des lits de réanimation ont été atteintes. « Nous avons cependant armé 1360 lits supplémentaires, et nous pourrions aller jusqu’à 10 400 lits, car nous nous sommes préparés », soutient Jean Castex, insistant sur l’anticipation du gouvernement, alors que le Parlement lui reproche son manque de vision sur le long terme depuis le début de la crise sanitaire. « Je suis satisfaite de ce temps et de cette transparence que le gouvernement nous a accordés », soutient la sénatrice LREM Patricia Schillinger. Comme l’a dit Jean Castex, il ne faut pas se précipiter, on n’est qu’au début d’une petite amélioration. Mais la baisse des contaminations indique bien que le confinement porte ses fruits. Il faut que les malades qui arrivent en réanimation baissent, c’est le plus important. Il faut décharger le personnel soignant. »
Les commerces de proximité fermés jusqu’au 1er décembre
Revenant sur les premiers effets des mesures de confinement, le chef du gouvernement a indiqué qu’il y avait bien une « inflexion ». « Les nouvelles contaminations ont ralenti, et on note une baisse de 16% sur les sept derniers jours. Il faut l’interpréter de manière positive mais avec prudence. La tendance est récente, et donc fragile, elle doit encore se confirmer dans la durée », avertit Jean Castex. « Il faut attendre la confirmation de cette baisse », renchérit le président de la commission d’enquête chargée de l’évaluation des politiques publiques face aux pandémies, Alain Milon. « Tant que nous n’aurons pas complètement éliminé le virus, nous devrons respecter des règles dures et sévères. » « Le fait de faire croire aux gens que les règles pourraient évoluer après seulement deux semaines de confinement est une erreur qui porte la population à confusion », estime pour sa part le sénateur et médecin Bernard Jomier.
S’agissant des commerces de proximité, dont certains attendaient avec cette allocution la possibilité de rouvrir leurs portes, l’hypothèse est donc écartée par Jean Castex. « Je sais ce qu’est l’angoisse des commerçants », a-t-il assuré. « Notre objectif est de pouvoir ouvrir ces commerces avant les fêtes, mais le moment n’est pas venu. Mon rôle n’est pas de céder à la pression au risque de compromettre tout le dispositif. » Les mesures de soutien économiques apportées aux entreprises seront donc pérennisées, et le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a renforcé son incitation pour alléger les loyers des commerçants. Une décision critiquée par les membres de la Haute assemblée. « Je trouve cette mesure sévère », estime Alain Milon. « Je considère que les commerces de proximité sont moins vecteurs de contamination que les hypermarchés, qui ont l’autorisation de rester ouverts. » « C’est, une nouvelle fois, un manque de vision sur le long terme », déplore le sénateur Les Républicains René-Paul Savary. « On commence à parler d’une épidémie qui durerait au-delà de 2022. Il faut voir des mesures à moyen terme, pas à court terme. On ne va pas fermer les commerces jusqu’en 2022. »
Les fêtes de fin d’année en question
Pour le sénateur, l’enjeu est désormais de préparer les citoyens à vivre, sur le long terme, avec le virus, en cas de 3e vague par exemple, sans mettre à mort l’économie. « On doit prendre des mesures que l’on pourrait être sûrs de pouvoir prendre à nouveau le moment venu. Il faut donc donner aux Français les moyens de se protéger, être draconien sur l’isolement et le port du masque, et rendre obligatoire, lorsqu’il sera disponible, le vaccin pour les personnes à risque et le personnel soignant », plaide René-Paul Savary. Le sénateur fustige, une nouvelle fois, le « manque d’anticipation » du gouvernement, notamment sur la période des fêtes de fin d’année, pour lesquelles les réunions de famille pourraient être autorisées, selon le premier ministre. « Il faut donner de l’espoir aux gens, mais pas pour les fêtes de Noël qui seront, si elles se tiennent, un cluster organisé… », regrette l’élu.
Moins tranché, Bernard Jomier plaide pour un possible maintien des fêtes de fin d’année, mais strictement encadré par une stratégie gouvernementale. « On attend la stratégie du gouvernement à ce sujet. On reste aujourd’hui sur notre faim et c’est ennuyeux, car nous sommes le 12 novembre et c’est dès maintenant que cela se prépare. On ne peut pas se permettre de reprendre du retard face au virus. Il faut discuter largement avec les forces économiques et les structures de santé de la façon dont les fêtes de fin d’année vont pouvoir se dérouler. Il n’y a pas de temps à perdre. »