Conflits d’intérêts: l’enquête visant le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler classée sans suite

Conflits d’intérêts: l’enquête visant le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler classée sans suite

Le parquet national financier a classé sans suite l'enquête qui visait le bras droit d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, soupçonné...
Public Sénat

Par Eleonore DERMY

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Le parquet national financier a classé sans suite l'enquête qui visait le bras droit d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler, soupçonné de conflits d'intérêts en raison de ses liens familiaux et professionnels avec l'armateur italo-suisse MSC.

"Après un an d'enquête, l'analyse des éléments recueillis par la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) de la direction générale de la police judiciaire ne permet pas de caractériser les infractions initialement suspectées", a expliqué jeudi le PNF dans un communiqué.

L'enquête avait été ouverte le 4 juin 2018 après "la publication de plusieurs articles de presse" sur un éventuel conflit d'intérêts entre les anciens postes du secrétaire général de l'Elysée dans la haute fonction publique et ses liens familiaux avec MSC, très important client de l'entreprise STX France (aujourd'hui renommé Chantiers de l'Atlantique) qui gère les chantiers navals de Saint-Nazaire.

Ces articles, initiés par le site d'information Mediapart, avaient mis en avant les liens familiaux et professionnels étroits entre M. Kohler et l'armateur italo-suisse, fondé et dirigé par les cousins de sa mère, la famille Aponte.

Après avoir siégé au conseil d'administration de STX France entre 2010 et 2012 en tant que représentant de l'Etat alors qu'il travaillait à l'Agence des participations de l'Etat, M. Kohler avait voulu, à deux reprises, rejoindre MSC, à chaque fois après avoir exercé des fonctions au sein de cabinets ministériels à Bercy.

La première fois, en avril 2014, la commission de déontologie, l'instance chargée de contrôler le départ des agents publics dans le secteur privé, s'était opposée à sa demande.

Mais en août 2016, quand Emmanuel Macron a quitté le ministère de l'Economie, Alexis Kohler a finalement obtenu le feu vert de la commission et rejoint MSC Croisières au poste de directeur financier. Quelques mois plus tard, à l'élection de M. Macron en mai 2017, il avait été nommé à l'Elysée.

Lors de ces processus, les liens familiaux de M. Kohler avec l'armateur n'avaient jamais été mentionnés.

Interrogé en mai 2018 par Mediapart, le numéro deux de l’Élysée avait affirmé s'être "toujours déporté" (s'être écarté des débats, ndlr) quand il avait eu à connaître, comme haut fonctionnaire, des dossiers concernant MSC.

- Constitution de partie civile -

Une première plainte pour prise illégale d'intérêt et trafic d'influence avait été déposée le 4 juin 2018 par l'association Anticor. Cette dernière avait ensuite déposé deux autres plaintes, en août 2018 à la suite de nouvelles révélations de Mediapart, puis en mars 2019, notamment pour "faux et usage de faux" et "omission substantielle de ses intérêts".

Ce classement sans suite "est une décision à laquelle on s'attendait un peu, vu la lenteur de l'enquête et le contexte général de reprise en main de la justice", a commenté auprès de l'AFP Jean-Baptiste Soufron, avocat d'Anticor.

"Nous allons nous constituer partie civile afin que la lumière soit enfin faite sur cette affaire", a-t-il indiqué. Cette démarche doit permettre de relancer l'enquête avec la désignation d'un juge d'instruction pour mener les investigations. "Etant donné l'importance et la nature des personnes concernées, on voit mal comment on pourrait se passer d'une enquête indépendante", a estimé l'avocat.

Mis hors de cause par le PNF, M. Kohler a aussi vu récemment les nuages s'éloigner du côté de la retentissante affaire Benalla où son nom était cité.

Alors qu'il faisait partie des trois hauts responsables de la présidence dont les déclarations sous serment au Sénat avaient été transmises à la justice en vue d'éventuelles poursuites, le parquet de Paris a estimé qu'aucune infraction n'avait été mise en évidence.

Dans la même thématique

7min

Politique

Sénatoriales 2023 dans le Pas-de-Calais : la multiplication des candidatures

Dans le Pas-de-Calais, les listes se dessinent petit à petit. Face à une gauche qui part en ordre dispersé, la stratégie du camp présidentiel est encore floue et suspendue à la candidature de l’ex-ministre Brigitte Bourguignon. La droite mise sur la continuité et réinvestit ses sortants dans une liste mêlant LR et UDI. Le RN espère bien obtenir un siège dans ce fief de Marine Le Pen, dans la foulée de la vague frontiste des législatives.

Le

Paris: Senate pension debat
8min

Politique

Immigration : que contiennent les deux propositions de loi LR ?

Les deux propositions de loi constitutionnelle et ordinaire présentées par les Républicains ont été déposées au Sénat cette semaine. Le texte ordinaire composé de plus de 56 articles reprend les mesures du rapport adopté par la commission des lois en mars avec quelques nouveautés sur la restriction du droit du sol et les procédures d’éloignement.

Le

Rome Laurence Rossignol French Minister of Families
9min

Politique

Sénatoriales 2023 : Laurence Rossignol sera-t-elle candidate dans le Val-de-Marne… ou les Hauts-de-Seine ?

La sénatrice PS de l’Oise, qui n’a pas reçu le soutien des militants locaux pour les sénatoriales, se cherche une terre de réélection. Cette militante du droit des femmes pourrait se retrouver à la seconde place dans le Val-de-Marne, qui revient théoriquement au PS. Mais l’idée passe mal chez les socialistes locaux. Et EELV réclame aussi la seconde place… Dans ce jeu de chaises musicales, l’hypothèse des Hauts-de-Seine est maintenant évoquée.

Le

Conflits d’intérêts: l’enquête visant le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler classée sans suite
3min

Politique

Réforme des retraites : « La contestation va s’éteindre, ils ont perdu », assure Claude Malhuret

Invité de notre émission « Parlement Hebdo », Claude Malhuret a fustigé l’attitude de LFI pendant l’examen de la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites en commission ce mercredi à l’Assemblée nationale. Le président du groupe Les Indépendants au Sénat estime que les opposants à la réforme des retraites « ont perdu le combat. »

Le