Congrès des maires: «Dans nos zones rurales, on n’est pas assez reconnu»
En attendant le discours très attendu d'Emmanuel Macron au 100e congrès de l’Association des maires de France, les maires de petites communes témoignent de leurs difficultés et de leurs espoirs en ces temps de coupes budgétaires. Reportage.

Congrès des maires: «Dans nos zones rurales, on n’est pas assez reconnu»

En attendant le discours très attendu d'Emmanuel Macron au 100e congrès de l’Association des maires de France, les maires de petites communes témoignent de leurs difficultés et de leurs espoirs en ces temps de coupes budgétaires. Reportage.
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Mardi, en début d’après-midi, le silence règne porte de Versailles au 100e congrès des maires de France (AMF). Le discours d’Édouard Philippe est long et comporte peu d’annonces (voir notre article). Dans l’engourdissement général, le rugbyman, Sébastien Chabal enchaîne les médias et les selfies. « Dans le cadre de ma reconversion, j’ai lancé une activité de promotion d’activités sportives, autour d’équipements sportifs de proximité qu’on trouve généralement sur les lieux publics. Les gens prennent de plus en plus conscience que leur corps est leur outil de vie » explique-t-il (voir la vidéo). Et sinon, des ambitions électorales ? Ose-t-on. « Alors aujourd’hui non, mais peut-être plus tard » confesse l’ancien troisième ligne.

Sébastien Chabal à l'AMF
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Paul Rannard maire (LR) de Chêne-en-Semine (Haute-Savoie) : « On a eu la décentralisation. Maintenant,  on a la recentralisation »

Paul Rannard maire (LR) de Chene-en-Semine (Haute-Savoie) : « On a eu la décentralisation. Maintenant, on a la recentralisation »
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100e Congrès de l’AMF, Paul Rannard maire (LR) de Chêne-en-Semine (Haute-Savoie) n’est pas impressionné par l’anniversaire. « Je suis élu depuis 1977. Je suis au bout du rouleau. Je trouve que c’est de plus en plus difficile. Surtout dans nos zones rurales où on n’est pas assez reconnu. On veut supprimer les petites communes alors qu’on fait du bon boulot et que certains d’entre nous sont bénévoles et ont fait avancer nos territoires. Explique l’élu qui se présente comme un homme de terrain « mais pas comme progressiste ni rien ». Sa principale inquiétude ? La perte des recettes de sa commune. « Aujourd’hui le gouvernement est centralisateur. On a eu la décentralisation. Maintenant on a la recentralisation ».

Juliette Soulabaille, maire  honoraire socialiste de Corps-Nuds (Ile-et-Vilaine) : « la politique d’Emmanuel Macron est trop brutale »

Juliette Soulabaille, maire honoraire socialiste de Corps-Nuds (Ile-et-Vilaine) : « la politique d’Emmanuel Macron est trop brutale »
00:37

Devant les photos qui retracent les 100 ans de l’AMF, une petite dame, à l’écharpe tricolore, est admirative. « Cette photo, elle vient de chez moi de Corps-Nuds près de Rennes. Corps-Nuds comme à poil, précise-t-elle lorsqu’on la fait répéter. Elle craint les conséquences de la baisse des contrats aidés. Et refuse d’assister au discours d’Emmanuel Macron jeudi. « C’est un choix délibéré. Sa politique est trop brutale ».  « Les restrictions budgétaires vont impacter les communes. Une commune comme la mienne de 3000 habitants, ça se ressent immédiatement sur les emplois, et par contre coup sur les investissements et la vie au quotidien des gens. Moi, j’ai toujours pris des emplois aidés, des gens qui sortaient de prison, je les ai toujours aidés et aujourd’hui, ça devient de plus en plus difficile ». Au sujet, d’Édouard Philippe, Juliette Soulabaille lui accorde un peu plus sa confiance « puisqu’il a été maire ». Mais elle a noté que dans son discours, « les coupes budgétaires, il les assume donc il y a de quoi s’inquiéter. Ça veut dire qu’il n’y a pas de négociations possibles ».

Ferdy Louisy, Maire socialiste de Goyave (Guadeloupe) : « Ce combat nous devons le réussir ensemble »

Ferdy Louisy, Maire socialiste de Goyave (Guadeloupe) : « Ce combat nous devons le réussir ensemble »
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Hier, les élus ultramarins étaient  invités dans les locaux de l’AMF ? « C’est notre deuxième journée de congrès » résume Ferdy Louisy, déjà deux mandats de maires à son actif. Pas question pour lui de se laisser aller à la morosité et ce, malgré la situation difficile de son territoire, touché durement par le chômage. « Ce que je retiens, c’est que nous affichons une ambition dans toutes nos politiques publiques. Maintenant, il faut des moyens et il nous appartient de les chercher puis le gouvernement nous a clairement fait comprendre que la France a besoin de se désendetter. Ne voyons pas ça comme une fatalité et prenons les choses en main » enjoint-il. « Ce combat nous devons le réussir ensemble ».

Olivier Beatrix, maire centriste de Germiny-l’Exempt (Cher) : « Qu’on nous fasse confiance »

Olivier Beatrix, maire centriste de Germiny-L’Exempt (Cher) : « qu’on nous fasse confiance »
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Lunettes rondes, costume cintré, phrasé d’énarque, à première vue pas vraiment le profil d’un maire rural et pourtant Olivier Beatrix est maire centriste d’une commune de 321 habitants dans le Cher. Et il demande à ce « qu’on ne les oublie pas ces territoires ruraux ». « Pour ça, il faut encourager les investissements, encourager les innovations parce que dans les territoires ruraux, il y a de l’innovation ». Avant de se quitter il insiste : « Ah oui,  et surtout qu’on nous fasse confiance. Les maires sont les premiers à défendre les territoires ».

 

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