Congrès des maires : François Baroin demande à Emmanuel Macron de « corriger le tir »
Devant le 100e Congrès des maires de France, François Baroin a tenu un discours amical mais ferme à l’adresse du président de la République. Le président l’Association des maires de France (AMF) a salué les qualités d’écoute d’Emmanuel Macron tout en plaidant pour une vraie « décentralisation. »

Congrès des maires : François Baroin demande à Emmanuel Macron de « corriger le tir »

Devant le 100e Congrès des maires de France, François Baroin a tenu un discours amical mais ferme à l’adresse du président de la République. Le président l’Association des maires de France (AMF) a salué les qualités d’écoute d’Emmanuel Macron tout en plaidant pour une vraie « décentralisation. »
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Par Héléna Berkaoui

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Suppression de la taxe d’habitation, baisse des dotations, diminution des contrats aidés… Les sujets de préoccupation ne manquent pas. Devant le 100e Congrès des maires de France, François Baroin a exprimé les attentes des élus locaux. Dans un discours amical mais ferme, le président de l’Association des maires de France (AMF) a demandé à Emmanuel Macron de « corriger le tir » en matière de restriction budgétaire. Les annonces du président de la République, sur les 13 milliards d’euros d’économies notamment, n’ont pas facilité le dialogue avec les élus locaux. Quelques huées se sont d’ailleurs fait entendre, lorsqu’Emmanuel Macron est arrivé au congrès.

François Baroin a longuement salué le travail des maires de France, « leur sens des responsabilités » et de « l’intérêt général. » Dans une référence au « nouveau monde » qu’incarnerait Emmanuel Macron, le président de l’AMF a tenu à souligner que les maires ne sont « pas les porteurs du bon vieux temps » ni « les derniers survivants d’un monde qui aurait disparu. »

En sa qualité d’ancien ministre de l’Économie, François Baroin dit comprendre les économies budgétaires qui ont été demandées aux collectivités locales ces dernières années. « « Depuis 7 ans nous avons collectivement conduit une politique de réduction très forte des ressources des collectivités locales. » François Baroin appelle le chef de l’État « à prendre la mesure de la correction nécessaire par rapport à une politique qui à l’origine était une politique d’urgence. » Une politique de restriction budgétaire consécutive à la crise économique de 2009  qui n’a donc plus lieu d’être aujourd’hui.

Un contrat sans consentement

À plusieurs reprises, François Baroin a félicité l’initiative du président de la République d’organiser la Conférence nationale des territoires. « La méthode incontestablement est la bonne » affirme-t-il. Avant de lui faire part de son regret quant à l’annonce du président de porter à 13 milliards les économies demandées aux collectivités locales. »

François Baroin a mis en garde le chef de l’État sur la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des Français. « Il faut « conserver le lien entre l’habitant et l’usager du service public. » Le président de l’AMF réclame l’ouverture « d’un grand débat sur la fiscalité locale. » Et invite le chef de l’État à imaginer « ensemble cet impôt local. »

La limitation des mandats dans le temps n'est pas la bienvenue

François Baroin s’est montré plus dur sur la contractualisation entre les collectivités locales et l’État, annoncée par Emmanuel Macron. « La base du contrat c’est l’équilibre, le consentement des partis et la liberté » rappelle-t-il. « Le contrat qui nous est proposé aujourd’hui (…) est déséquilibré puisque l’État ne fait qu’apporter une contrainte » assène-t-il.

Par ailleurs, le président de l’AMF a réclamé « une loi de finances des collectivités locales » à l’image de la loi de financement de la sécurité sociale. « Nous aurions ainsi devant l’opinion publique les éléments du débat » justifie François Baroin.

Le président de l’AMF s’est aussi exprimé sur la limitation des mandats dans le temps promis par Emmanuel Macron. « Nous ne comprenons pas la limitation des mandats dans le temps » affirme-t-il. Selon François Baroin, « poser la question du nombre d’élus, c’est poser la question du nombre de bénévoles. » Il craint par ailleurs que cette mesure ait pour effet de « décourager l’engagement » des citoyens.

 

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