Congrès des maires : François Baroin demande à Emmanuel Macron de « corriger le tir »
Devant le 100e Congrès des maires de France, François Baroin a tenu un discours amical mais ferme à l’adresse du président de la République. Le président l’Association des maires de France (AMF) a salué les qualités d’écoute d’Emmanuel Macron tout en plaidant pour une vraie « décentralisation. »

Congrès des maires : François Baroin demande à Emmanuel Macron de « corriger le tir »

Devant le 100e Congrès des maires de France, François Baroin a tenu un discours amical mais ferme à l’adresse du président de la République. Le président l’Association des maires de France (AMF) a salué les qualités d’écoute d’Emmanuel Macron tout en plaidant pour une vraie « décentralisation. »
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Suppression de la taxe d’habitation, baisse des dotations, diminution des contrats aidés… Les sujets de préoccupation ne manquent pas. Devant le 100e Congrès des maires de France, François Baroin a exprimé les attentes des élus locaux. Dans un discours amical mais ferme, le président de l’Association des maires de France (AMF) a demandé à Emmanuel Macron de « corriger le tir » en matière de restriction budgétaire. Les annonces du président de la République, sur les 13 milliards d’euros d’économies notamment, n’ont pas facilité le dialogue avec les élus locaux. Quelques huées se sont d’ailleurs fait entendre, lorsqu’Emmanuel Macron est arrivé au congrès.

François Baroin a longuement salué le travail des maires de France, « leur sens des responsabilités » et de « l’intérêt général. » Dans une référence au « nouveau monde » qu’incarnerait Emmanuel Macron, le président de l’AMF a tenu à souligner que les maires ne sont « pas les porteurs du bon vieux temps » ni « les derniers survivants d’un monde qui aurait disparu. »

En sa qualité d’ancien ministre de l’Économie, François Baroin dit comprendre les économies budgétaires qui ont été demandées aux collectivités locales ces dernières années. « « Depuis 7 ans nous avons collectivement conduit une politique de réduction très forte des ressources des collectivités locales. » François Baroin appelle le chef de l’État « à prendre la mesure de la correction nécessaire par rapport à une politique qui à l’origine était une politique d’urgence. » Une politique de restriction budgétaire consécutive à la crise économique de 2009  qui n’a donc plus lieu d’être aujourd’hui.

Un contrat sans consentement

À plusieurs reprises, François Baroin a félicité l’initiative du président de la République d’organiser la Conférence nationale des territoires. « La méthode incontestablement est la bonne » affirme-t-il. Avant de lui faire part de son regret quant à l’annonce du président de porter à 13 milliards les économies demandées aux collectivités locales. »

François Baroin a mis en garde le chef de l’État sur la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des Français. « Il faut « conserver le lien entre l’habitant et l’usager du service public. » Le président de l’AMF réclame l’ouverture « d’un grand débat sur la fiscalité locale. » Et invite le chef de l’État à imaginer « ensemble cet impôt local. »

La limitation des mandats dans le temps n'est pas la bienvenue

François Baroin s’est montré plus dur sur la contractualisation entre les collectivités locales et l’État, annoncée par Emmanuel Macron. « La base du contrat c’est l’équilibre, le consentement des partis et la liberté » rappelle-t-il. « Le contrat qui nous est proposé aujourd’hui (…) est déséquilibré puisque l’État ne fait qu’apporter une contrainte » assène-t-il.

Par ailleurs, le président de l’AMF a réclamé « une loi de finances des collectivités locales » à l’image de la loi de financement de la sécurité sociale. « Nous aurions ainsi devant l’opinion publique les éléments du débat » justifie François Baroin.

Le président de l’AMF s’est aussi exprimé sur la limitation des mandats dans le temps promis par Emmanuel Macron. « Nous ne comprenons pas la limitation des mandats dans le temps » affirme-t-il. Selon François Baroin, « poser la question du nombre d’élus, c’est poser la question du nombre de bénévoles. » Il craint par ailleurs que cette mesure ait pour effet de « décourager l’engagement » des citoyens.

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Congrès des maires : François Baroin demande à Emmanuel Macron de « corriger le tir »
4min

Politique

711 jours otage au Mali : « C’est l’histoire la plus extraordinaire et terrible de ma vie » raconte Olivier Dubois

C’est un journaliste pas comme les autres. Parti interviewer un lieutenant djihadiste à Gao au Mali en mars 2021, il n’en revient que près de deux ans plus tard, après avoir été capturé par des terroristes. Une expérience marquante qui a chamboulé sa vie. Sa passion du journalisme est-elle toujours intacte ? Comment tenir dans de telles conditions, mais surtout comment se reconstruire ? Olivier Dubois répond à ces questions dans l’émission Un monde, un regard de Rebecca Fitoussi.

Le

Congrès des maires : François Baroin demande à Emmanuel Macron de « corriger le tir »
3min

Politique

Fin des moteurs thermiques en 2035 : « Si on n’a pas de période de transition, c’est du suicide économique » selon l’eurodéputé belge Benoît Cassart

D’ici à 2035, la vente des ventes de voitures thermiques neuves sera interdite. Un objectif remis en cause par la droite européenne et les défenseurs de l’automobile. Un enjeu majeur pour l’Union, où 8 véhicules neufs sur 10 roulent encore à moteur thermique. Voiture thermique stop ou encore on en débat dans l’émission Ici L’Europe présentée par Caroline de Camaret et Alexandre Poussart.

Le

MIGRANTS – CALAIS – CLASK DUNES
8min

Politique

Accord franco-britannique sur les migrants : « On va se renvoyer à la frontière les migrants dans un jeu de ping-pong », dénonce l’écologiste Guillaume Gontard

L’accord sur les migrants annoncés par Emmanuel Macron et le premier ministre britannique Keir Starmer est accueilli froidement au Sénat, à droite, comme à gauche. Du côté de Calais, « la situation est lourde à supporter », rappelle le sénateur LR du Pas-de-Calais, Jean-François Rapin.

Le