En amont du 102e congrès de l’AMF, les maires ultramarins se sont réunis au Sénat à l’invitation de la délégation sénatoriale aux outre-mer et en présence du président du Sénat, Gérard Larcher. Un temps de travail en partie consacré à un rapport sur les risques naturels majeurs qui frappent ces territoires. À Mayotte par exemple, la naissance d’un volcan sous-marin provoque depuis plus d’un an des séismes à répétition. Le plus puissant mesuré atteint 5,8 degrés sur l’échelle de Richter. « Nous vivons dans la peur et nous n’avons pas de réponse », témoigne une élue mahoraise dans l’Assemblée. La monte des eaux représente également une source d’inquiétude notamment pour les Atolls en Polynésie française, des îles basses particulièrement exposées.
« Les Outre-mer sont les premières victimes de l’urgence climatique »
Des problématiques majeures qui requièrent des adaptations importantes. « Les Outre-mer sont les premières victimes de l’urgence climatique sans en être les premiers responsables », constate Michel Magras, président de la délégation sénatoriale aux Outre—mer, qui espère que le gouvernement prendra en compte les conclusions du rapport d’information sur les risques naturels majeurs. Un rapport scindé en deux volets, le premier sur « la prévention et la gestion de l’urgence et le second portant sur « la reconstruction et la résilience » (consulter le rapport).
Rapporteure de ces travaux, la sénatrice de Guadeloupe, Victoire Jasmin insiste sur un point : « Maintenant, il s’agit de coconstruire c’est-à-dire de faire avec nous et non pas pour nous. C’est important de nous écouter, de nous entendre et de prioriser les différentes propositions que nous faisons pour nos territoires et pour notre population ». Un vœu qui semble aujourd’hui contrarié, en témoigne l’absence des Outre-mer dans les travaux de la Convention citoyenne pour le climat, selon un des élus présents dans l’Assemblée. Un projet de loi sur l’urgence climatique devrait être présenté au printemps 2020.
« Les Outre-mer c’est la France et à ce titre-là il y a des retards à rattraper »
Parmi les autres problématiques abordées ce matin, la situation économique des Outre-mer et les inégalités criantes que subissent ces territoires. « Toutes les communes ont eu des pertes de dotations importantes (…) le sujet financier reste posé avec la transformation et la disparition de la taxe d’habitation et avec le sujet de la réforme de l’octroi de mer », abonde le président du Sénat qui a longuement plaidé pour l’application du principe de différenciation qui permettrait à ces territoires « d’entrer dans une nouvelle logique de gouvernance pour innover ». Source d’inquiétude majeure, la réforme de l’octroi de mer est une taxe spécifique sur les importations qui représente une ressource financière essentielle pour les communes d'Outre-mer. La réforme évoquée par la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, ne figurera finalement pas dans le budget 2020. Le président de la République a assuré qu’aucune réforme ne serait imposée mais le sujet est sur la table et nécessite « un dialogue attentif avec les élus », insiste Gérard Larcher.
« Les Outre-mer c’est la France et à ce titre-là il y a des retards à rattraper, il y a des politiques à mettre en place, il y a des engagements à prendre », prévient le président de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, Michel Magras. Si le discours d’Emmanuel Macron devant le congrès des maires est très attendu, Michel Magras émet déjà des réserves. « Le problème c’est que les maires d’Outre-mer, comme tous les maires de France, ne voient pas le changement réel suite aux dernières dispositions qui ont été annoncées à grand renfort de communication. C’est sans doute une des caractéristiques propres à ce gouvernement qui sait très bien communiquer mais nous, notre rêve, c’est que ce qui a été annoncé soit fait. »