Congrès du Parti socialiste : « Evidemment, il y a un risque de fracture », déplore Nicolas Mayer-Rossignol
Invité de notre matinale, Nicolas Mayer-Rossignol est revenu sur les tensions autour de l’élection du Premier secrétaire qui s’est tenu la semaine dernière. Le concurrent d’Olivier Faure ne reconnaît pas l’élection de ce dernier à la tête du parti sans pour autant revendiquer la victoire. Il appelle à la constitution d’une véritable direction collégiale, sur la base des votes récoltés par chaque texte d’orientation dans une élection, elle, incontestée.

Congrès du Parti socialiste : « Evidemment, il y a un risque de fracture », déplore Nicolas Mayer-Rossignol

Invité de notre matinale, Nicolas Mayer-Rossignol est revenu sur les tensions autour de l’élection du Premier secrétaire qui s’est tenu la semaine dernière. Le concurrent d’Olivier Faure ne reconnaît pas l’élection de ce dernier à la tête du parti sans pour autant revendiquer la victoire. Il appelle à la constitution d’une véritable direction collégiale, sur la base des votes récoltés par chaque texte d’orientation dans une élection, elle, incontestée.
Louis Mollier-Sabet

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Alors que le Congrès de Marseille approche, le Parti socialiste n’est toujours pas en ordre de marche. Olivier Faure dénonçait hier sur notre antenne les actions des « professionnels de la déstabilisation » de l’entourage de Nicolas Mayer-Rossignol qui dénoncent un manque de transparence dans le choix du Premier secrétaire du parti. La commission de récolement, chargée de réexaminer le vote des militants, n’a en effet pas pu finir son travail de validation du scrutin, d’après Nicolas Mayer-Rossignol, le concurrent d’Olivier Faure au poste de Premier secrétaire : « J’aimerais beaucoup reconnaître le résultat du 19 janvier, le problème, c’est que nous sommes incapables d’organiser une élection qui donne un résultat incontestable quelques heures après. Je ne peux pas dire qu’Olivier Faure est Premier secrétaire, de la même façon que je ne peux moi-même pas revendiquer quoi que ce soit, puisque la commission de récolement a été empêchée de faire son travail. »

« Le moment politique exige que chacun prenne ses responsabilités »

Le maire socialiste de Rouen rappelle ainsi « qu’un certain nombre d’éléments n’ont pas été vérifiés par la commission de récolement, qui en était à 45 fédérations validées, une quinzaine réservée [en cours de validation], et les autres qui ne l’étaient pas. Il y a eu un vote pour arrêter les travaux alors que les représentants de mon texte d’orientation étaient partis et avaient demandé une suspension de séance. » Ainsi Nicolas Mayer-Rossignol « ne revendique pas de victoire », mais déplore que le Parti socialiste ait été incapable de valider clairement des résultats, « trois ou quatre jours après le scrutin. »

Ceci étant dit, le maire de Rouen estime qu’à l’approche du Congrès de Marseille qui se tiendra ce week-end et en pleine « crise sociale » avec le pouvoir d’achat et la réforme des retraites, le « moment politique » exige que chacun « prenne ses responsabilités. »

« J’ai sollicité Hélène Geoffroy et Olivier Faure pour que l’on se voie aujourd’hui »

Nicolas Mayer-Rossignol annonce donc avoir formulé une proposition à la direction sortante : « Faisons une direction collégiale qui s’appuie sur le score du premier scrutin [sur les textes d’orientation, où Olivier Faure avait récolté 49,15 % des suffrages, Nicolas Mayer-Rossignol 30,51 % et Hélène Geoffroy 20,34 %, ndlr], qui est incontesté. Avec une place particulière d’Olivier Faure dans l’animation de ce collège, parce que 49 % ce n’est pas la même chose que 30 %, c’est incontestable. Entendons-nous sur les responsabilités des uns et des autres. Je ne revendique pas d’être Premier secrétaire adjoint. Les fonctions de Premier secrétariat ont déjà pu être exercées par des collèges de direction. J’ai sollicité Hélène Geoffroy et Olivier Faure pour que l’on se voie aujourd’hui, parce qu’il faut terminer cette affaire maintenant. »

Une direction collégiale, mais quelle direction collégiale ?

Nicolas Mayer-Rossignol affirme ainsi être pris entre la nécessité politique du moment et sa « conscience » de militant socialiste, comme de citoyen : « C’est toujours le dilemme, j’essaie d’agir en conscience, donc quand il y a des fraudes, je ne vais pas me taire. Après, on est dans un moment politique, il faut être à la hauteur et sortir par le haut. Je dis à Olivier Faure et ses amis, qu’il faut que chacun prenne ses responsabilités. Le score incontestable c’est celui du 12 janvier, appuyons-nous dessus et on va trouver une solution, à condition qu’il y ait un vrai collège, et pas une école maternelle. »

Alors qu’Olivier Faure proposait une « direction collégiale », avec un poste de Premier secrétaire adjoint pour Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, la discussion semble maintenant porter sur la nature de cette collégialité. Une direction tripartite et hiérarchisée avec Olivier Faure à sa tête, ou bien une direction plus élargie, avec une moitié de représentants de la motion Faure, un petit tiers de représentants de la motion Mayer-Rossignol, et un cinquième de représentants de la motion Geoffroy.

« Je suis socialiste et je resterai socialiste »

Le maire de Rouen estime que si les différents acteurs de cet imbroglio n’arrivent pas à se mettre d’accord avant le Congrès de Marseille, le « risque de fracture » existe : « Evidemment qu’il y a un risque. Ce parti s’est déjà fracturé à plusieurs reprises, maintenant je ne le souhaite pas et je fais tout pour qu’on trouve un accord avant Marseille. »

Nicolas Mayer-Rossignol ne se voit pas quitter le Parti socialiste pour autant : « Je ne souhaite absolument pas de scission. Je suis socialiste et je resterai socialiste. Mais la vérité c’est que ce parti est allé de divisions en divisions depuis des années. Il y a eu M. Mélenchon en 2008, M. Cazeneuve, M. Maurel… Ce serait vécu par la moitié des militants comme un coup de force. Quels que soient les enjeux juridiques, politiquement ce serait catastrophique. Si l’on est à moitié-moitié, il faut rassembler, pas diviser. »

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