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Congrès du PS : le soutien de Boris Vallaud convoité par Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol

Alors que les résultats définitifs du premier tour du Congrès du PS ne sont pas encore connus, Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol sont au coude-à-coude. Avec environ 20 % des voix, Boris Vallaud est en position de faiseur de rois, mais ne s’est pas encore exprimé. Les deux motions arrivées en tête revendiquent leur proximité avec le président du groupe à l’Assemblée nationale.
Louis Mollier-Sabet

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Au Parti socialiste, la clarification attendra encore. Arrivé en tête du vote des militants sur la ligne politique qui sera celle du parti en vue de 2027, Olivier Faure, le Premier secrétaire sortant, ne distance son principal concurrent, Nicolas Mayer-Rossignol, le maire de Rouen, que d’une très courte tête avec 42 % des voix, selon les chiffres communiqués ce mardi matin par ses équipes de campagne. Les proches de Nicolas Mayer-Rossignol évoquent un score encore plus serré, autour de 41 % dans chaque camp. Avec seulement 23 000 votants sur un peu moins de 40 000 adhérents comptabilisés, l’écart entre les deux candidats ne tiendrait qu’à plusieurs centaines de voix.

Boris Vallaud « sur une ligne proche d’Olivier Faure »

Il faudra sans doute attendre le milieu de journée et les conclusions d’une commission de récolement, chargée de passer en revue les résultats fédération par fédération, pour avoir les scores définitifs. Une chose est sûre, Boris Vallaud, le chef de file des députés socialistes, qui a tenté l’aventure après avoir soutenu Olivier Faure en 2023, se classe troisième avec environ 18 % des suffrages. Une situation qui le place dans le rôle de faiseur de roi pour le vote du 5 juin, qui devra départager les deux finalistes.

Et d’ailleurs, les mains tendues ne se sont pas fait attendre, chacun se revendiquant d’une certaine proximité avec le député des Landes. « J’appelle Boris et celles et ceux qui l’ont accompagné à nous rejoindre pour former cette nouvelle direction, faire en sorte que nous puissions améliorer tout ce qui doit l’être », a déclaré Olivier Faure lors d’un entretien à l’AFP. « Arriver en tête envoie un excellent signal pour la suite, en revanche c’est un désaveu pour Nicolas Mayer-Rossignol qui nous annonçait déjà sa victoire », pointe le député fauriste Arthur Delaporte. Cet élu insiste sur « les très bons résultats de Boris Vallaud », qui a fait campagne « sur une ligne proche de celle d’Olivier Faure ».

« On sait très bien que quelqu’un comme Boris Vallaud, qui a eu comme logique d’unir le parti, devrait naturellement se porter vers le candidat majoritaire », prédit un autre soutien du Premier secrétaire. « Boris Vallaud avait un camp avant de tenter sa chance. Et je ne vois pas certains de ses lieutenants, comme Alexandre Ouizille [sénateur de l’Oise, ndlr], partir chez Mayer-Rossignol », raille un sénateur des Hauts-de France.

« Boris Vallaud s’est présenté pour défendre une idée de changement » pour le camp Mayer-Rossignol

De son côté aussi, Nicolas Mayer-Rossignol a tendu la main à Boris Vallaud, l’appelant à rejoindre son « collectif de direction » pour « forger une dream team » ce mercredi matin sur RTL. Un appel renouvelé par le maire de Rouen lors d’une conférence de presse, où il était flanqué de la maire de Vaulx-en-Velin, Hélène Geoffroy, et de Philippe Brun, député de l’Eure. « Boris souhaite que le PS s’affirme et travaille enfin à un vrai programme. Nous aussi. Il veut un candidat socialiste qui aille discuter avec le reste de la gauche pour construire une candidature commune en 2027. Nous aussi ! » a réagi Philippe Brun sur Twitter.

Les soutiens du « TO » Mayer-Rossignol ont en effet déployé toute la matinée une rhétorique additionnant leur score et celui de Boris Vallaud, expliquant qu’avec un peu plus de 40 % des voix, Olivier Faure était désormais minoritaire. « Olivier Faure n’est plus majoritaire, il l’était à Villeurbanne, il l’était presque à Marseille, mais désormais une majorité de militants socialistes veulent du changement. Boris Vallaud s’est présenté pour défendre une idée de changement, ce n’est pas le statu quo », analyse notamment Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat et soutien de Nicolas Mayer-Rossignol. La sénatrice des Bouches-du-Rhône, Marie-Arlette Carlotti, abonde : « Six militants socialistes sur dix ne veulent plus de la situation actuelle. Il faut rassembler tous ceux qui veulent du changement. Boris Vallaud a aussi fait sa campagne sur l’idée que le parti ne travaillait pas, nous sommes sur les mêmes bases. Rien n’est prêt pour les municipales par exemple. »

Mode de scrutin « archaïque » et débat d’entre-deux-tours

Sur le scrutin en lui-même, la commission de récolement de ce mercredi doit permettre à chacun de contester des anomalies ou des irrégularités consignées sur des procès-verbaux et aux représentants de chaque courant de se mettre d’accord. Un mode de fonctionnement « totalement archaïque », estime Patrick Kanner, alors que l’organisation d’un scrutin électronique était prévue dans l’accord du Congrès de Marseille. Le président du groupe socialiste du Sénat remarque par ailleurs qu’avec la « faiblesse » actuelle du PS, beaucoup de sections n’ont que quelques dizaines d’adhérents et que les scrutins qui s’y déroulent sont donc par définition « invérifiables. »

Toujours est-il que la commission de récolement devrait aboutir à un résultat définitif ce mercredi qui servira de base au deuxième tour qui se déroulera le 5 juin prochain. Déjà demandé par Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud avant le premier tour, la question d’un éventuel débat télévisé refait surface ce matin. « Déjà, c’est un bon juge de paix, et puis ça aurait de la gueule et ça pourrait intéresser des adhérents qui sont partis », veut croire Patrick Kanner. Olivier Faure, qui avait refusé avant le premier tour, a confié à l’AFP qu’il « répondrait en temps voulu » à cette proposition du camp Mayer-Rossignol.

Avec Romain David

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