Marseille: The 80th congress of the socialist party
Crédit : Alain ROBERT/SIPA/

Congrès du PS : les militants appelés à départager Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol

Près de 40.000 adhérents PS sont appelés à voter ce jeudi, de 17 heures à 22 heures, pour désigner leur premier secrétaire. Entre Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol, les jeux restent ouverts, même si le premier secrétaire sortant peut profiter du soutien du troisième homme, Boris Vallaud.
François Vignal

Temps de lecture :

6 min

Publié le

Mis à jour le

Jour de vote au PS. C’est ce jeudi, que les adhérents du Parti socialiste sont appelés à élire leur premier secrétaire. Les militants doivent choisir entre le premier secrétaire sortant, Olivier Faure, et son challenger, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol. Un goût de déjà-vu. C’était déjà l’affiche de la finale, lors du précédent congrès de Marseille, où les socialistes se sont déchirés, avec à la clef une victoire d’un cheveu et sur tapis vert pour le député de Seine-et-Marne.

Cette année, les socialistes ont limité les invectives, mais le parti reste largement divisé. Olivier Faure est sorti légèrement en tête du vote sur les TO, les textes d’orientations (les anciennes motions), avec 42,21 % des voix contre 40,38 % pour son adversaire. Un troisième homme a tenté de bousculer ce tête-à-tête : le président du groupe PS de l’Assemblée, Boris Vallaud. Mais avec 17,41 %, il n’a pas réussi son pari d’être un premier secrétaire de rassemblement. Il est plutôt le faiseur de roi qui ne dit pas son nom. Car s’il n’a pas voulu donner de consigne de vote – son courant est partagé, entre ceux qui voteront Faure et ceux qui choisissent Mayer-Rossignol – il a annoncé qu’il votera, à titre personnel, pour Olivier Faure.

« La rivière revient dans son lit », comme nous a dit un sénateur PS. S’il a appelé au changement, Boris Vallaud était en effet aux côtés du premier secrétaire ces dernières années. Ce n’est « ni un chèque en blanc ni une ardoise magique », prévient l’intéressé, qui assure avoir obtenu « des engagements fermes » sur ses demandes, notamment sa volonté de construire un institut de formation interne et un « média » socialiste, le « Nouveau populaire ».

« Ça va être très serré »

L’annonce du vote de Boris Vallaud donne un sérieux coup de pouce à Olivier Faure et renforce la dynamique de celui qui est arrivé en tête. Mais s’il aborde le second tour avec plus de sérénité, rien n’est fait. « Un match se joue de la première à la dernière minute », rappelle un proche du premier secrétaire. « Ce n’est en rien du tout plié », confirme un autre soutien. « Ça reste possible », croit-on chez les supporteurs de Nicolas Mayer-Rossignol, mais « ça va être très serré ».

Tout va dépendre de la mobilisation. Nicolas Mayer-Rossignol et ses amis – Carole Delga, le maire de Saint-Ouen Karim Bouamrane ou Patrick Kanner, président du groupe PS du Sénat – semblaient confiants avant le vote sur les TO. Ils avaient déjà pu faire la fusion avec les contributions générales d’Hélène Geoffroy, la plus critique sur l’accord avec LFI lors de la Nupes et qui s’était présentée lors du congrès de Marseille, et celle des députés Philippe Brun, Jérôme Guedj et la sénatrice Laurence Rossignol. S’ils ne sont pas forcément complètement alignés sur tous les sujets, cet attelage a le mérite du rassemblement. Mais il a surtout pris des allures de tout sauf Faure, même s’ils s’en défendent.

Bougé stratégique

Mais garder la même stratégie que les années passées, appelant à la clarté pour mieux dénoncer le rapprochement avec LFI, n’a semble-t-il pas eu l’effet escompté. Car le camp d’Olivier Faure a opéré un bougé autant stratégique que pragmatique : il a coupé les ponts avec Jean-Luc Mélenchon, puisque Jean-Luc Mélenchon a coupé les ponts avec le PS, partant déjà en solo pour 2027.

En revendiquant représenter la gauche non mélenchoniste, défendant l’union de la gauche de Raphaël Glucksmann à François Ruffin, Olivier Faure a su habilement désamorcer en partie les attaques de son rival. Le maire de Rouen appelle aussi à remettre le parti en marche et dénonce une gestion clanique. Il a plusieurs fois demandé un débat télévisé à Olivier Faure, en vain.

Résultats officiels pas avant vendredi

Le corps électoral pour ce congrès est de 39.815 personnes. Soit un nombre d’adhérents en baisse, par rapport au congrès de Marseille, où ils étaient un peu plus de 41.000 – une autre critique des opposants au premier secrétaire. Lors du premier vote du 27 mai, le PS n’a compté que 24.701 votants. C’est pourquoi le camp de Nicolas Mayer-Rossignol mise sur une meilleure mobilisation pour espérer dépasser les 50 % des voix.

Les urnes – certaines sections votent parfois encore dans des boîtes à chaussures… – sont ouvertes de 17 heures à 22 heures. C’est pourquoi les premiers chiffres ne circuleront que dans la nuit. Mais attention : si le résultat est serré, comme la dernière fois, on ne connaîtra pas le nom du vainqueur le matin. La commission de récolement sera chargée d’étudier les cas litigieux, qui étaient nombreux lors du congrès de Marseille. Même si l’écart est suffisamment clair, il faudra attendre sûrement vendredi dans la journée pour avoir un résultat définitif.

La séquence du congrès, véritable course de haie au PS, ne sera pas pour autant terminée. Car si on connaîtra, sauf surprise, le nom du vainqueur vendredi, les responsables socialistes se retrouveront ensuite à Nancy pour le congrès en lui-même, du vendredi 13 juin au dimanche 15 juin. Un événement qui n’a plus la même importance que par le passé, quand tout se jouait lors de la commission des résolutions. Lors de ce rituel socialiste, se nouaient, de nuit, les alliances majoritaires, prenant souvent la forme de nuit des longs couteaux. Les statuts actuels évitent ce genre de psychodrame. S’il a lieu, ce sera dans les prochaines heures…

Partager cet article

Dans la même thématique

Congrès du PS : les militants appelés à départager Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol
3min

Politique

Santé mentale : « 25% des lycéennes ont déjà pensé à la mort », s’alarme la spécialiste Angèle Malâtre-Lansac

Décrété « Grande cause nationale » en 2025, les troubles de la santé mentale concernent 13 millions de français. Un enjeu de santé publique qui touche fortement la jeunesse. Si la question est au centre du débat public, les solutions tardent à être mises en place et le secteur de la psychiatrie manque de moyens. Cette semaine dans Et la Santé ça va ?, Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Céline Brulin et Angèle Malâtre-Lansac, déléguée générale de l’Alliance pour la Santé mentale pour en débattre.

Le

Congrès du PS : les militants appelés à départager Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol
4min

Politique

Armement : Kaja Kallas appelle la France à « augmenter les cadences de production »

C’est la voix de la diplomatie européenne. Au moment où le cessez le feu connait des ratés à Gaza, et où la guerre s’enlise en Ukraine, quelle place pour les Européens ? Comment peser sur les grands conflits en cours ? Guerre en Ukraine, cessez-le-feu à Gaza, ou encore traité de libre-échange avec les pays du Mercosur, la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité Kaja Kallas défend son action et répond sans détour aux questions de Caroline de Camaret et d’Armen Georgian dans Ici l’Europe.

Le

La sélection de la rédaction

Congrès du PS : les militants appelés à départager Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol
3min

Politique

Congrès du PS : « 60 % des militants ont demandé un changement de cap du parti socialiste », affirme Patrick Kanner

Invité de la matinale de Public Sénat, Patrick Kanner est revenu sur les résultats du congrès du PS. Alors qu’Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol sont au coude-à-coude, Patrick Kanner, soutien de Nicolas Mayer-Rossignol, appelle à un changement de direction du parti et critique la gestion d’Olivier Faure. Le sénateur reproche notamment à Olivier Faure d’avoir fait du PS un « petit parti ».

Le